Je gèle mon adhésion au parti, je gèle mon adhésion au bloc parlementaire, je démissionne du parti mais je reste dans le bloc, je démissionne du bloc mais je reste dans le parti, je démissionne du bloc et du parti mais je reste à l'assemblée, je démissionne du parti mais je reste ministre… On aura tout entendu de la part des différents représentants du parti NidaaTounes. Des demi-décisions, des affirmations qui disent tout et son contraire – avec mention spéciale à BoujemâaRemili-, des gesticulations qui montrent, sans laisser le moindre doute, que nous n'avons pas de politiciens « chevronnés », et encore moins ceux de NidaaTounes…
Ils font leurs divas sans avoir le courage de claquer la porte et quitter définitivement le parti. Une bonne fois pour toutes. Pourquoi ? Par allégeance à Béji Caïd Essebsi, fondateur du même parti. Mais pourquoi respecter cette allégeance alors que Béji Caïd Essebsi lui-même a tourné le dos au parti et ne fais rien pour mettre un terme aux agissements de son fils ? Ils ressemblent à des petites vierges effarouchées qui se la jouent offensées de ce que fait et dit le caïd du quartier alors qu'elles rêvent secrètement d'être avec lui. Ils s'accrochent à un parti moribond, qui n'a plus aucune consistance, aucune ligne ni aucune idéologie, par nostalgie ou par naïveté. Ils s'y accrochent en multipliant les menaces tout en espérant un petit regard, un petit mot du caïd en chef, le président de la République. Ils étaient aux anges et tellement fiers quand BCE les avaient convoqués pour les empêcher de démissionner…
Pendant ce temps-là, en Tunisie, la situation est extrêmement préoccupante. Non pas à cause de la crise du pays et de ses difficultés qui persistent depuis cinq ans, mais parce qu'il n'y a pas de personnes capables d'y faire face. Le président de la République semble complètement déconnecté et se fait un plaisir d'intervenir à côté de la plaque. Pour lui, c'est la faute aux médias, reprenant ainsi les arguments désuets de son prédécesseur. Le chef du gouvernement, quant à lui, semble empêtré dans la volonté de faire plaisir à tout le monde, ce qui lui a valu d'être comparé à un simple fonctionnaire de Carthage. On remarquera que lui aussi a eu un petit mot concernant les médias. Pour l'exécutif tunisien, quand on est moche c'est la faute du miroir…
Résultat des courses, Ennahdha est redevenu la première force politique du pays avec la plus grande représentation au parlement. Toutefois, il n'y a pas de grands bouleversements à craindre, ou à espérer, ça dépend d'où l'on se place. Le pacte signé entre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi a scellé le sort de la Tunisie, qui devra se coltiner un chef du gouvernement « consensuel ». Par sa discipline, par son sérieux et par l'intelligence de son chef, Ennahdha a réussi à garder le cap et à devenir leur parti « régulier » de Tunisie. Mais attention, il ne faut pas s'inquiéter, « Béji Caïd Essebsiest un renard de politique et il fait aujourd'hui des choses que l'on ne comprendra que plus tard ». C'est ce que disaient le fan club de BCE quand il préparait son alliance avec Ennahdha.
Le vote a été utile, mais ça dépend pour qui. Il a été utile à Rached Ghannouchi, à Béji Caïd Essebsi et à son fils. Par contre, il n'a pas été utile à la Tunisie et nous continuerons à patauger dans ce marasme politique, économique et social. Mais attention, il ne faut pas en dire beaucoup, parce que sinon, les présidents diront que les médias « exagèrent » et qu'ils « vivent sur un autre continent »…