Le 19 février 2016, une frappe aérienne américaine visait un camp d'entrainement de Daech près de Sabrata en Libye, faisant des dizaines de morts parmi les terroristes et probablement deux otages serbes dont les conditions de décès n'ont pas encore été déterminées. La cible de cette frappe est un terroriste tunisien qui serait lié aux attentats du Bardo et de Sousse perpétrés l'an dernier, dénommé Noureddine Chouchane. D'après une source sécuritaire tunisienne, Noureddine Chouchane était activement recherché en Tunisie pour des actes terroristes. Il était, en effet, en charge d'apporter le soutien matériel et logistique lors de l'attentat de Sousse qui a visé un hôtel et fait des dizaines de victimes parmi les touristes. Il est également soupçonné d'avoir tiré sur un policier dans la région de Sousse et serait également impliqué dans des opérations terroristes dans la zone de Sidi Bouzid. Il a réussi à quitter le territoire tunisien et à se réfugier en Libye dans la zone de Sabrata, contrôlée par la coalition des milices de Fajr Libya. Avant la révolution, Noureddine Chouchane était impliqué dans des affaires de vol et de vente de drogues. Il a ensuite rejoint l'organisation Ansar Chariâa et était déjà classé comme un salafiste violent.
Le porte-parole du Pentagone, Pater Cook, a précisé, que des avions de combat américains ont visé un site de Daech à l'ouest de la Libye, tout en précisant que le chef d'un groupe, ainsi que d'autres terroristes planifiaient des attaques contre des intérêts des Etats-Unis et d'autres pays occidentaux. Il a précise que les Etats-Unis ont « procédé à ces frappes contre Noureddine Chouchane et le camp d'entraînement après des informations avérées, selon lesquelles il préparait, avec des combattants de Daech des attaques contre des cibles américaines et d'autres pays occidentaux dans la région ». Le porte-parole US a tenu à affirmer que ces frappes en Libye ne seront pas les dernières et que son pays portera des coups à Daech là où il pourrait se trouver. Donnant quelques détails techniques sur l'opération, Peter Cook a indiqué que les forces américaines ont utilisé, lors de ce bombardement, deux avions US F15, qui auraient décollé de Grande-Bretagne ainsi que des drones qui avaient décollé d'une base militaire en Italie, en coordination avec les autorités libyennes. Le porte-parole indique encore que les informations à sa disposition confirment que 60 combattants du mouvement de Daech se trouvaient sur les lieux au moment du raid.
Le chef du service des investigations du bureau du procureur général relevant des autorités de Tripoli, Seddik Essour, a révélé, au lendemain de l'attaque que le groupe visé à Sabrata est exclusivement composé de Tunisiens qui se préparaient à commettre des attentats en Tunisie.
Il a précisé que « le groupe était uniquement composé de Tunisiens qui s'entraînaient pour commettre des attentats terroristes en Tunisie », selon les premiers aveux d'un membre du groupe, blessé et interrogé par les enquêteurs. Le blessé aurait avoué aux enquêteurs que le groupe visé fait partie de l'organisation autoproclamée Etat Islamique. Seddik Essour a, par ailleurs, indiqué que cinq blessés dans le raid seront transportés aujourd'hui vers un hôpital de Tripoli, ajoutant qu'ils seront livrés à la Tunisie en coordination avec les autorités tunisiennes. Les blessés ont pu être identifiés par leurs documents d'identité et leurs aveux préliminaires, a indiqué le responsable, ajoutant qu'une analyse ADN sera effectuée pour vérification.
Le directeur de l'Information au ministère des Affaires étrangères, Naoufel Lâabidi, a confirmé, de son côté, que selon les données collectées auprès des autorités libyennes présentes en Tunisie, le raid aérien américain a fait 40 morts entre Tunisiens et Algériens et 6 blessés tunisiens. Le ministère a précisé qu'il suit de près le dossier et coordonne avec les autorités libyennes représentées en Tunisie, pour déterminer les circonstances de cette attaque.
Selon un article paru dans le New York Times le jour du raid, les efforts pour construire un gouvernement d'union en Libye ont fait peu de progrès. Le secrétaire d'Etat, John Kerry, a souligné qu'il existe des processus politiques en place et que des progrès sont possibles mais reconnaît que ces processus restent fragiles. Les responsables américains estiment qu'avec un afflux d'hommes d'Irak, de Syrie et de Tunisie, les forces de l'Etat islamique en Libye ont atteint 6.500 combattants, permettant au groupe de s'établir dans un tronçon de près de 250 km de la côte au cours de l'année écoulée. Daech a monté des attaques contre les installations pétrolières pour s'accaparer les richesses du pays.
Des responsables occidentaux américains et alliés ont, au vu de ces informations, planifié, des semaines durant, de possibles attaques aériennes contre l'Etat islamique en Libye, en particulier autour de son siège à Syrte. Ainsi, des responsables libyens ont signalé aux médias, la présence des forces spéciales américaines, françaises, britanniques et italiennes dans le pays au cours des dernières semaines, officiellement pour des missions de reconnaissance et pour assurer la liaison avec les milices locales.
Néanmoins, selon la même source, les responsables américains ont souligné que le raid de vendredi ne marque pas le début des interventions en Libye. L'objectif de cette opération était la poursuite des frappes ciblées qui visent à empêcher l'Etat islamique d'utiliser la Libye comme un tremplin pour des attaques dans la région ou en Europe. Ce raid ne serait pas, pour autant, le dernier ont indiqué des responsables du département de la Défense américain à NBC news. Cette attaque, a bien évidemment, fait la une des journaux tunisiens car si la situation dans le pays voisin est préoccupante elle l'est d'autant plus qu'elle impacte directement la Tunisie. Une intervention militaire internationale est une option que le gouvernement tunisien ne soutient pas. Les échecs à trouver des solutions politiques pour éradiquer ces organisations ont amené l'occident à envisager une intervention sur le sol libyen. Prétexte de circonstance, aider la Libye à lutter contre le terrorisme et déloger Daech. Pour la Tunisie frontalière, l'inquiétude est de mise et est bien réelle. Les répercussions d'une telle entreprise impacteront directement le pays qui a besoin de tout sauf d'une guerre à ses portes et de terroristes parmi les réfugiés qui viendront y frapper.