Désormais sur la sellette, Habib Essid demeure un chef de gouvernement très critiqué. On lui reproche une certaine mollesse, notamment dans le traitement du dossier sécuritaire, suite aux nombreux attentats vécus par la Tunisie depuis qu'il est au pouvoir. La crise économique, sociale mais, aussi, politique, n'arrangeant rien, Habib Essid serait sur le départ…et l'échéance semblerait plus proche que ce que l'on croit. Il s'agit pour l'instant de bruits de couloir, mais l'information circule depuis un moment déjà. Le départ de Habib Essid se précise ces derniers jours et l'échéance semble proche. En effet, selon des échos recueillis par Business News, de sources bien informées, le chef du gouvernement pourrait quitter le palais de la Kasbah avant la fin du mois de mai. Information confirmée aujourd'hui, mardi 17 mai 2016, par un éditorial du directeur de la publication au journal Le Maghreb, Zyed Krichen.
En 15 mois d'activité, Habib Essid s'est retrouvé au cœur d'une crise économique majeure et d'une situation délicate du pays marquée par une recrudescence du terrorisme. Inutile de dire que sa tâche a été des plus ardues et que son activité a été placée sous le feu des critiques. On reproche à l'actuel chef du gouvernement son manque d'audace et d'initiative, mais aussi des lacunes en matière de communication gouvernementale. Au lendemain des plus sanglantes attaques terroristes dont a été victime le pays, récemment, Habib Essid a répliqué par des mesures jugées « insuffisantes » et assimilées à de la simple « poudre aux yeux » par de nombreux observateurs de la scène politique.
Habib Essid, qui fêtera ses 67 ans dans une quinzaine de jours, est connu pour être un homme modeste à la vision plutôt étriquée. Avec une réputation de « has-been », il ne semble pas à la hauteur du poste qu'il occupe, de l'avis de ses détracteurs. Ses « mesurettes », prises généralement trop tard, et ses décisions pas assez audacieuses lui ont valu les critiques de nombre d'acteurs de la scène politique. En matière d'économie, on accuse Habib Essid de « naviguer à vue », comme du temps de la très controversée Troïka.
Dans un sondage Sigma, sur les 100 premiers jours du gouvernement, la majorité (58,7%) des Tunisiens a jugé « négatif » le rendement du gouvernement Essid contre seulement 39,6% qui estiment qu'il est « bon ».
Mais Habib Essid reste dans le déni. Le bilan qu'il dresse de cette première année à la tête du gouvernement reste « relativement bon ». « Tout n'est pas de ma faute », semble-t-il dire à demi-mots dans les interviews accordées à la presse. Ceci est sans doute vrai, mais force est de reconnaitre que la gestion de Habib Essid du gouvernement, laisse à désirer. Son programme, déposé depuis février 2015, devant le Parlement, n'a pas été aussi bien tenu que promis. Si son départ a été, maintes fois, écourté, afin de maintenir une certaine stabilité dans le pays, secoué d'attaques terroristes et de crises au sommet du pouvoir, il est aujourd'hui plus que jamais à l'ordre du jour.
Au-delà de son accomplissement, assez critiquable, Habib Essid semble avoir perdu ses soutiens politiques qui ont fait qu'il est là où il est aujourd'hui. En effet, la crise au sein de Nidaa Tounes serait pour beaucoup dans la situation fragile de l'actuel locataire de la Kasbah. La scène politique n'est plus celle qui a permis l'ascension de Habib Essid. Le pouvoir au sein de Nidaa Tounes est totalement chamboulé, crise et luttes intestines obligent. Son principal allié au sein de Nidaa, Ridha Belhaj, n'est plus président du comité politique de Nidaa et ne jouit, donc, plus des pouvoirs et de l'influence qui vont avec. Par ailleurs, la réorganisation des forces au sein du Parlement a fragilisé la cote de popularité d'Essid. Ajouter à cela, le futur congrès d'Ennahdha qui se tiendra à partir du 20 mai courant et qui s'annonce plein de rebondissements. Autant dire, que dans la nouvelle scène politique prévues pour les mois à venir, Habib Essid ne semble plus avoir sa place.
Pour l'heure, aucune source officielle n'est venue confirmer cette information. Mais cela ne saurait tarder. Pour ce faire, il suffira que Habib Essid, poussé vers la sortie, présente de lui-même sa lettre de démission à Béji Caïd Essebsi. Un autre cas de figure se présente, également, celui d'une motion de censure votée à la majorité des élus du Parlement afin de destituer le chef du gouvernement.
On ignore le nom de celui qui devra succéder à Habib Essid à la Kasbah. Selon nos sources, seuls les deux hommes forts du pays seraient au courant de l'identité du prochain chef du gouvernement. Il s'agit, évidemment, de Béji Caïd Essebsi et de Rached Ghannouchi.