Dans cette Tunisie en pleine effervescence politique, alors que les concertations s'intensifient mais s'éternisent pour la mise en place d'un gouvernement d'union nationale, la situation économique dans le pays s'en ressent et pas en bien ! En ce deuxième trimestre 2016, l'institut national des statistiques (INS) dévoile les chiffres de la période, avec une nouveauté : l'indice du secteur immobilier. Fruit d'une enquête approfondie, il permettra aux décideurs et professionnels d'avoir les chiffres pour une meilleure visibilité. Ce nouvel indice qui couvre : terrains nus viabilisés, appartements, maisons (villa et maison traditionnelle) se base sur les flux des biens enregistrés sur le registre foncier du ministère des Finances.
Ces quinze dernières années l'indice des prix des biens immobiliers est passé par deux phases distinctes. La première s'étend sur la période qui va des années 2000 à 2010, et durant laquelle la valeur des biens a évolué généralement de 7,3%. La seconde qui va de 2012 à 2015, enregistre une augmentation de l'indice de 10,6%, avec un prix des maisons et appartements qui a augmenté de près de 12% en seulement trois ans. Cette flambé des prix de l'immobilier initié au lendemain du désordre de 2011, trouve son origine dans la cherté du prix des matières premières et dans le manque de main d'œuvre essentiellement.
Des biens qui deviennent de plus en plus inaccessibles pour le Tunisien qui voit en parallèle son pouvoir d'achat diminuer cédant du terrain face à une inflation grandissante et un chômage qui promet de ne pas baisser. 15,6%, c'est le taux de chômage communiqué hier, mercredi 18 aout 2016, par l'INS durant la conférence de presse. Après qu'il ait baissé de 19 à 15,2% entre 2011 et 2014, cet indice reprend aujourd'hui son évolution. L'enquête nationale dénombre donc, 629,6 mille chômeurs parmi lesquels 236,8 mille sont titulaires de diplômes universitaires. En Tunisie, le chômage touche deux fois plus les femmes. En effet selon le résultat de l'enquête, 23,5% de femmes sont au chômage contre 12,4% d'hommes. Inéquitablement distribué selon les régions, on met peu de temps à comprendre qu'entre les villes côtières et celles des régions de l'intérieur, cet indice se voit dans certains cas multiplié par cinq.
En dépit des multiples indicateurs négatifs, le deuxième trimestre 2016 a enregistré une augmentation de 1,4% du PIB par rapport à la même période 2015. Les indices qui on contribué à ce résultat positif sont : le secteur des services qui a évolué de 3,7% et celui des produits industriels manufacturés dans le vert avec 3,1%. Une mauvaise année pour l'agriculture tunisienne en revanche, qui a chuté de 3,6%. Le rapport de l'INS relève qu'à eux deux, les secteurs des services et celui de l'industrie, emploient plus de ¾ de la population active du pays soit 4 millions de personnes à peu près.
Le secteur minier contribue, lui aussi par des résultats en forte baisse, à cette décélération de la croissance. La production du pétrole brut est passée de 51,5 mille barils journaliers au premier trimestre à 46,9 mille barils pour le deuxième. La production de gaz naturel recule également et passe de 6,8 millions de m3 à 5,9 millions de m3. Cette période a été caractérisée aussi par une reprise partielle de la production du phosphate dans le Sud qui est passée de 600 mille tonnes à 942 mille tonne pour avril, mai et juin. Le dernier indice a fait en sorte de faire réduire la tendance baissière de l'export qui se base à hauteur de 86,8% sur le phosphate et ses dérivés. Le déficit commercial a été par conséquent réduit de plus de 86 millions de dinars.
Nous remarquerons que l'étude comparative pour les sept premiers mois de l'année 2016 et la même période de 2015, révèle que les exportations vers l'Inde ont augmenté de 125,5%, celles vers la Turquie de 95,5% et celles vers la Russie et l'Algérie respectivement de 20 et de 30%. Celles faites vers l'Espagne en revanche, ont chuté de plus de 40%.
Selon une étude réalisée par la Chambre Tuniso-Allemande de l'Industrie et du Commerce, la première mesure à prendre pour sauver la situation serait de reconvertir les diplômés chômeurs.Des diplômés qui se comptent aujourd'hui par centaine de milliers et qui sont victimes de la saturation de leur domaine d'études, attendent parfois plus de 36 mois avant d'obtenir un poste. Responsable de la régulation du marché du travail, l'Etat tunisien lourd de ses 600 mille fonctionnaires reste dans l'inaction, conséquence d'une instabilité politique qui a trop duré et qui risque sérieusement aujourd'hui d'endommager de manière irréversible le cycle de la croissance.