L'ancien gouverneur de la Banque Centrale, Mustapha Kamel Nabli, est revenu sur ses inquiétudes pour la Tunisie, dans une interview accordée, mercredi 31 août 2016, à Zouheïr El Jiss pour l'émission Al Hadath sur Jawhara FM. Par des exemples chiffrés, M. Nabli a démontré le gap entre ce qu'on présente et la réalité des choses, alors que ces données devraient être publiques. «J'ai demandé la divulgation de l'état des finances publiques», a-t-il affirmé, en estimant que c'est le plus important et le plus grave des sujets à traiter aujourd'hui.
Pour lui, il faut faire un état des lieux des ressources et des dépenses pour 2016, 2017 et 2018, sachant que la Tunisie a plusieurs dettes à rembourser. Il a estimé que les finances publiques ne représentent que la partie visible de l'iceberg, d'autres dépenses n'y figurant pas mais étant financées pas le budget de l'Etat comme par exemple le déficit des caisses sociales, les entreprises publiques déficitaires et en difficulté, etc.
Ainsi, Mustapha Kamel Nabli appelle à lever le voile sur la situation réelle des finances publiques (finances de l'Etat, la retraite, les établissements publics, les salaires, etc.) et des risques que court le pays, tout en prenant en compte tous les engagements de l'Etat. Il a noté que depuis 2010, une loi de finances complémentaire est réalisée, ce qui prouve que soit ce lui qui réalise le budget ne sait pas compter, soit il évite intentionnellement de comptabiliser certaines choses, soit des décisions postérieures de dépenses impliquant de grands budgets lui tombent dessus ultérieurement. Il s‘est interrogé, dans ce cadre, sur le coût des dernières augmentations.
Autre point, M. Nabli souligne que cet état des lieux n'aurait de valeur que s'il est réalisé par une commission d'experts indépendants.