Des dirigeants de la chaîne télévisée Attessia ont affirmé au syndicat national des journalistes tunisiens avoir subi des pressions pour que l'interview de Moncef Marzouki ne soit pas diffusée, comme prévu, mercredi 14 septembre 2016. Le journaliste de la chaîne Borhen Bsaïes a, pour sa part, affirmé que cette censure pourrait faire tomber politiquement des têtes puisque des faits graves auraient eu lieu pour que l'interview ne soit pas diffusée.
Pendant ce temps-là, l'équipe de Moncef Marzouki crie au scandale sur tous les toits. Cette même équipe accuse, sans les nommer, Noureddine Ben Ticha et Moez Sinaoui (présidence de la République), Mofdi Mseddi (présidence du gouvernement) et Iyed Dahmani (ministre et porte-parole officiel du gouvernement) d'être à l'origine de cette censure. Très probablement, les informations données par l'équipe de Marzouki proviennent du journaliste Mekki Hlel (celui qui a réalisé l'interview) ou de membres dirigeants d'Attessia.
Tout cela n'augure rien de bon quant au respect de la liberté d'expression et le SNJT a raison de tirer la sonnette d'alarme. Que la chaîne ait accepté de subir cette pression et de censurer l'interview qu'elle a elle-même réalisé dénote d'une grosse faiblesse managériale et d'un grand manque de respect pour la liberté d'expression. La pression était tellement forte qu'elle est devenue insupportable pour la chaîne, peut-on croire de prime abord. Il y a cependant une question évidente : si cette pression était tellement forte que la chaîne ait cédé, comment se fait-il que deux de ses journalistes vedettes (et tous les deux très proches de la direction) l'aient rendue publique ? Une évidence, quand on n'est pas assez fort pour résister à une pression, on ne peut pas devenir fort et courageux 24 heures plus tard pour dénoncer cette même pression ! Que se passe-t-il alors autour de cette polémique de la censure de l'interview ? L'ancien SG du SNJT, Mongi Khadhraoui, n'écarte pas l'idée que cette affaire soit montée de toutes pièces par la chaîne Attessia pour faire le buzz autour de l'interview et pousser un maximum de téléspectateurs à la regarder. C'est une pratique déjà opérée par un des dirigeants de la chaîne et il n'est pas exclu que l'on ne fait que servir de nouveau une vieille recette qui marche !