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Journée de l'Entreprise - La transformation digitale : Non ce n'est pas l'informatisation !
Publié dans Business News le 11 - 12 - 2016

Les journées de l'entreprise organisées par l'IACE, se sont tenues le 9 et 10 décembre à Sousse. Très attendues et très suivies par la scène économique nationale, cette année ces journées ont abordé un thème dont l'actualité remonte à près de deux décennies mais qui demeure plus que jamais dans l'air du temps, à savoir « la transformation digitale ».
La Tunisie, qui ne semble pas encore être dans le mouvement de cette transformation majeure, qualifiée même de 4ème révolution, en est encore à débattre de l'importance du digital dans la survie, l'efficacité et la performance de ses entreprises.
Les débats qui ont eu lieu lors des différents panels, ont parfois réduit le sujet à une informatisation des activités des entreprises quand ils n'ont pas laissé de côté le problème pour faire le tour des difficultés économiques et de la crise que traverse le pays. Crise, qui serait pourtant largement absorbée par les emplois et les activités qui émergeraient d'une transformation digitale si elle était encouragée, préparée et facilitée.
Dans ce papier nous avons donc choisi de nous concentrer sur le cœur du sujet, et brièvement présenter cette révolution qui trace une nouvelle carte économique du monde et qui ne finira pas de si tôt de faire parler d'elle.

Les enjeux et les opportunités de la transformation digitale :

Présent aux journées de l'entreprise, l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, Taoufik Jelassi, a fait, dans une présentation saluée par l'audience, un tour de la question de la transformation digitale, de ses enjeux et des opportunités qu'elle offre.
Axant son allocution sur trois axes qui sont : pourquoi, comment et où commencer la transformation de l'entreprise, Taoufik Jelassi a commencé par rappeler la citation de Pierre Nanterme, PDG d'Accenture, lors du Forum de Davos 2016 et qui a dit : « à cause du digital, un peu plus de la moitié des sociétés de Fortunes 500 ont disparu depuis le début de l'an 2000 et pourtant, nous ne sommes qu'au début de la perturbation digitale».
« Depuis 15 ans l'effet s'est vu, sur des sociétés comme KODAK qui ont disparu pour avoir sous-estimé le tourbillon digital. Ceci nous met devant un fait établi, cette transformation soit on essaye de la comprendre, de l'appréhender et de composer avec, soit on est menacés de disparaitre » a souligné M. Jelassi.
« Il y a un fossé entre ce que peuvent faire les technologies et ce que les entreprises font avec ces technologies, ce fossé crée des opportunités pour certains, notamment les start-up. C'est une révolution sans conteste qui offre des opportunités à tout le monde et la question est comment faire avec tout ceci ? » a-t-il estimé.
L'ancien ministre a précisé que la transformation digitale est un changement organisationnel et non, comme certains ont tendance à le penser, un simple projet informatique.
« C'est un changement qui est du à l'utilisation de ces technologies et surtout à des modèles de business innovants rendus possibles par ces technologies et dont l'objectif est d'améliorer la création de valeur et in fine la performance de l'entreprise. Ce changement touche toute l'entreprise, dans se vision, dans sa stratégie, dans ses fondements dans sa façon d'exister et sa raison d'être » a-t-il affirmé.
Taoufik Jelassi a ensuite fait un tour d'horizon des industries qui ont beaucoup souffert de l'émergence de la transformation digitale et qui sont : la presse papier, la musique, la banque et aussi l'industrie automobile précisant que « la voiture de demain ne sera pas une voiture informatisée ce sera un ordinateur motorisé ».
« Ces nouvelles sociétés qui apparaissent et qui perturbent l'ordre établi, sont ce qu'on appelle les Asset light compagnies, c'est-à-dire des entreprises sans passif, au capital léger et aux valorisations qui atteignent des sommes chiffrées en milliards de dollars et qui se résument à une plateforme digitale » a-t-il expliqué.
Des entreprises, pour la plupart crées par des jeunes dans un garage, à l'instar de Airbnb qui concurrence aujourd'hui des grands noms de l'hôtellerie, cumulant 70 millions de réservations et autant d'utilisateurs sans disposer elle-même d'aucune chambre ni d'aucun lit.
C'est le cas aussi de Facebook qui engrange 1,7 milliard d'utilisateurs quotidiens, qui est une énorme société de média et qui pourtant ne crée aucun contenu et n'emploie aucun journaliste. C'est aussi UBER qui gère des dizaines de milliers de véhicules sans posséder aucun taxi.
« La donne a changé et si on regarde la valorisation boursière, le changement qui s'est opéré entre 2001 et 2016 est édifiant ! Des géants comme General Electric, Shell, Total, City Bank, Wallmart, ont cédé la place à des sociétés technologiques comme Amazaon ou Apple, et demain nous verrons surement des boites comme Airbnb trôner dans le classement des sociétés les mieux cotées » a déclaré Taoufik Jelassi .
« Les nouveaux perturbateurs numérique ont 12 et 13 ans, ils sont la génération digitale et ils ont en plus de l'avantage de l'âge celui de n'avoir rien à perdre et le temps d'apprendre de leurs échecs. Ils commencent dans le garage de leurs parents et n'ont pour objectif que de mettre à genoux des grands noms comme IBM. Est ce que vous êtes conscients que l'innovation sort de ces talents, qui, aidés par le capital créent un tourbillon digital ? Au cœur de ce tourbillon se trouvent l'industrie technologique, les médias, le divertissement, puis viennent les industries moyennement affectées comme les télécoms, l'éducation en ligne, l'hôtellerie, la manufacture et puis les moins touchées à ce jour à savoir la santé, le pétrole/gaz et l'industrie pharmaceutique » a t il développé.
L'ancien ministre a indiqué que 40% des entreprises leader dans des secteurs industriels variés ont déjà été déplacés et ont perdu des parts substantielles du marché, que 25% seulement des entreprises ont une stratégie de transformation digitale active et que pour les autres on adopte la technique du « wait and see » sans être suffisamment conscient de l'enjeu.
« Les forces des entreprises actuelles c'est les ressources, le nom et les clients, sauf que souvent ces entreprises ne prennent pas trop de risques et n'ont pas cette agilité propre aux start-up. Aussi si une entreprise n'est pas suffisamment agile elle ne peut pas réussir une transformation digitale ou alors aussi rapidement qu'il ne le faudrait. En quoi consiste cette agilité ? D'abord par la Hyper awarness (être hyper conscient de ce qui se passe), quand on prend des décisions utiliser les capacités analytiques, les algorithmes intelligents qui préparent les scénarios d'action et enfin la qualité d'exécution en fin de compte. Pour mettre en place une transformation digitale cela se fait autour de trois axes, la stratégie digitale (valeur crée qui n existait pas et capitaliser sur le network effect), l'engagement digital et les facilitateurs du digital » a-t-il souligné.
« Le monde autour de vous change, êtes vous en train de changer ? » a lancé Taoufik Jelassi pour finir.

Introduire la transformation comme un virus digital au sein de l'entreprise

Le président de la Fédération nationale des technologies de l'information et de la communication, relevant de l'Utica, Kais Sellami, a estimé que la Tunisie a pris beaucoup de retard dans la transformation digitale. « Il faut que l'entreprise prenne le taureau par les cornes et y aille même si l'écosystème n'est pas encore encourageant » a précisé M. Sellami.
« Nous ne parlons pas ici d'informatisation mais de transformation. Introduire la culture digitale au sein de toute l'entreprise, une sorte de virus digital, pour lequel il faudra préparer un référentiel de compétences techniques et compléter les compétences des managers » a-t-il expliqué.
Kais Sellami a aussi souligné que ce changement doit toucher tous les employés afin d'enraciner une culture digitale au sein de l'entreprise. « Nous avons lancé un programme avec le soutien de la banque mondiale nommé « digital talent » car nous avons remarqué que si on continue à ce rythme, nous aurons, en 2020, 120.000 diplômés dont seulement 24.000 seront employables par les entreprises. Les entreprises auront pourtant besoin de 58.000 diplômés et ne les trouvent pas. Nous réfléchissons à la façon de combler ce gap car aujourd'hui il ne s'agit plus de former des diplômés mais des professionnels de métiers » a-t-il assuré.
Et d'ajouter : « l'écosystème global doit forcément suivre dans la transformation digitale et nous avons tenu au fait que le conseil stratégique soit présidé par le chef du gouvernement en personne, qui doit lui-même, prendre conscience de l'importance de l'enjeu ».

Propos appuyés par le ministre de l'Enseignement supérieur Slim Khalbous qui a souligné la nécessité de repenser la nature, le contenu et les méthodes d'apprentissage à cause d'une innovation permanente et d'apprendre désormais aux étudiants à apprendre.
« Pour une transformation digitale il faut des compétences technologiques, personnelles et managériales » a souligné le ministre.

La transformation digitale, souvent à tort, confondue avec l'informatisation, est un concept, une révolution, une manière de penser, de voir les choses, qui devient incontournable de nos jours. Cette nouvelle manière d'appréhender le business se base sur la technologie et aussi sur une toute autre vision du client, qui devient souvent lui-même partie prenante du projet.
En Tunisie la législation est souvent décriée comme étant impropre à cette transformation. Oui, confirme le ministre des Technologies, Anouar Mâarouf, mais ce n'est pas une raison pour s'arrêter. « La transformation digitale est basée sur l'innovation, ce sont les nouvelles start-up qui se frayeront un chemin entre ces freins et qui vont faire pression pour changer la législation. Il faut aller de l'avant, si on ne fait rien, rien ne changera et si des start-up tunisiennes ont réussi c'est que cela est possible » a-t-il souligné.
La transformation digitale concerne toutes les entreprises, tous les secteurs d'activité, et si en 15 ans nous avons pu observer les effets du tourbillon digital, nous sommes sans doute encore bien loin d'en avoir encore cerné l'impact réel.


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