Rien ne va plus entre la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles et le gouvernement tunisien. En effet, le ministère du Commerce est revenu sur des engagements faits à la chambre et n'a pas voulu leur accorder les autorisations d'importation. Une situation qui a causé le blocage de leurs véhicules commandés à l'étranger les obligeant à payer des frais de stockage supplémentaires. Dans une interview accordée à Business News, Mehdi Mahjoub, porte-parole de la et directeur général de City Cars, concessionnaire de Kia Motors en Tunisie, est revenue sur les détails de l'affaire. En effet, M. Mahjoub a précisé que la chambre s'est réunie fin septembre avec une délégation d'un quinzaine de personnes du ministère du Commerce présidée par Zied Laâdheri et en présence notamment des directeurs du commerce extérieur, du commerce intérieur et du chef du cabinet. "Lors de cette réunion, le ministre a promis que tous les engagements antérieurs à sa prise de fonction seront respectés", a-t-il dit.
Par la suite une autre réunion s'est tenue avec le directeur général du commerce extérieur, Lazhar Bennour, et deux représentants du cabinet, pour décider la redistribution des volumes non-utilisés à la lumière des résultats réalisés. "Après quoi, un PV a été signé le 10 octobre", a-t-il indiqué. Et d'ajouter que, "quatre jours après, le ministère a donné son feu vert. A la lumière de cette décision, les concessionnaires concernés ont lancé un programme de production et ouvert des lettres de crédit, pour des arrivages en décembre", a-t-il noté. "Le hic, c'est qu'à l'arrivée des véhicules, le ministère a refusé de signer jusqu'à la date d'aujourd'hui, les autorisations d'importation, malgré ses promesses et ses divers interventions médiatiques rassurantes", nous confie Mehdi Mahjoub. Il ajoute que "les concessionnaires naviguent à vue, des bateaux transportant les marchandises ont dû faire demi-tour et des véhicules sont bloqués sur d'autres ports étrangers notamment à Malte".
Le porte-parole souligne que, "par ces agissements, le ministère est en train de porter atteinte à sa crédibilité auprès des opérateurs, entravant sérieusement la coopération entre les deux parties". Il a estimé que "ceci renvoie un signal négatif aux constructeurs automobiles, qui malgré la crise et malgré leurs intérêts divergents ont réussi, chaque fois, à s'entendre, notamment, pour le partage des quotas". M. Mahjoub a rappelé que le marché de l'automobile est libre à l'importation, selon les accords signés entre la Tunisie et l'OMC. La chambre estime qu'à travers ces décisions, "le ministère prouve qu'il n'y a pas de transparence, que la Tunisie n'est pas un Etat de droit et que le pays ne veut pas encourager l'officiel pour limiter le parallèle".
La chambre s'est dite "choquée par les agissements et l'absence d'arguments du ministère du Commerce". Elle ne comprend pas où réside le dysfonctionnement, car ministre et directeurs continuent d'affirmer qu'aucun accord n'a été rompu. Elle ne comprend pas pourquoi seul le secteur automobile est visé par ces restrictions alors que ses importations ne représentent que 1,5% des importations de la Tunisie, pourquoi le marché parallèle est libre alors qu'il ne paye pas d'impôt et pourquoi les accords ont été respectés l'année dernière et pas cette année? La chambre estime qu'il faut laisser le Tunisien choisir et qu'il faut libéraliser le marché. Elle souligne que la libéralisation du marché des camions en 2012 a prouvé que les craintes du gouvernement sont infondées et qu'il n'y a pas de sur-importation. Au contraire, les importations ont baissé et le marché s'est auto régulé prouvant que le système actuel pousse à l'importation. Elle compte défendre ses intérêts par tous les moyens dont elle dispose, et s'il le faut en recourir à la justice.
Concernant la voiture populaire, les résultats enregistrés prouvent quelque part son échec. En effet la décision a été prise tardivement fin février et début mars, l'activité a commencé en septembre. En plus, avec la baisse du pouvoir d'achat, ceux qui payent un impôt de 5.000 dinars par an sont incapables d'acheter un véhicule. Une loi est actuellement en préparation pour la révision de ce plafond à 8.000 dinars.