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Marché automobile : Quand le parallèle s'en sort mieux que l'officiel
Publié dans Business News le 30 - 03 - 2015

Quatre ans après la révolution, aucune réforme n'a été faite et tout reste à faire. Des pans entiers de l'économie souffrent de la passivité des autorités qui, grâce à leur silence, ont assis un marché parallèle. Sous le regard horrifié des opérateurs qui essayent tant bien que mal à sortir la tête de l'eau, ce marché fort risque de remplacer le marché officiel. Parmi les secteurs touchés, celui de l'automobile, l'un des rares dans lequel le marché parallèle peut être quantifié et cerné avec exactitude. Autopsie d'un secteur qui a besoin de décisions courageuses pour son salut.

Avant la révolution, le secteur automobile était utilisé par l'ancien président pour partager les richesses selon son bon vouloir, faisant profiter famille et amis. Aujourd'hui, il est en train de perdre une guerre non déclarée par un ennemi rusé qui se cache derrière une législation et des chaînes qui servent ses intérêts : le marché informel.
En effet, en 4 ans le marché parallèle a augmenté de presque 50%, passant d'environ 15.000 ré-immatriculations en 2010 à 27.998 ré-immatriculations en 2014. Il représente aujourd'hui 34,4% de l'ensemble des immatriculations (au total 81.362) et 52% du secteur en montant, selon les chiffres officiels.
Pour les deux premiers mois de 2015, le marché a globalement baissé de 1,2%, l'officiel ayant régressé de 3,8% par rapport à la même période de 2014 au profit du marché parallèle qui enregistre une hausse de 2,3%. En entrant dans le détail des chiffres, le constat est affligeant : le marché parallèle faisant mieux que l'officiel (Isuzu, Nissan et BMW pour 2014) ! Pire, pour certains concessionnaires, le marché parallèle dépasse de loin le marché formel : c'est le cas de Mercedes-Benz, en 2014 le marché informel ayant réalisé presque 4 fois plus que l'importateur officiel, avec 1.825 immatriculations contre 482, ce qui est une aberration en soi.

Dans une déclaration accordée à Business News, Mehdi Mahjoub, directeur général de City Cars, concessionnaire de Kia Motors en Tunisie, et porte-parole de la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles, a souligné que les quotas n'ont plus lieu d'être étant illégaux. Il dit aussi que le secteur devrait être ouvert, pour permettre une concurrence, un meilleur service et un meilleur rapport qualité prix. Pour lui c'est une aberration, d'enchaîner le marché formel et de laisser libre le marché informel, qui est synonyme d'évasion fiscale et de devises. Il a précisé que l'importation des véhicules ne représente que 2,5% de la balance des paiements alors que les entreprises de pièces de rechange du secteur exportent 37% du chiffre à l'export. D'ailleurs, si les autorités craignent pour les réserves en devises, elles devraient imposer des quotas à tous les importateurs et non seulement à ceux du secteur automobile. Il a rappelé, dans ce contexte, que le secteur fournit des dizaines de milliers d'emplois directs et indirects.
Pour lui, l'Etat devrait ouvrir le marché et laisser le consommateur choisir. D'ailleurs, il explique que le ministère du Commerce est convaincu des arguments des concessionnaires d'où son silence alors qu'à fin mars, les opérateurs du secteur n'ont encore aucune visibilité et sont incapables de fixer leurs programmes d'importation.
M. Mahjoub a noté que l'ouverture du marché est synonyme de plus d'impôts et taxes au profit de l'Etat, de nouveaux investissements, de création d'emplois et d'amélioration des services après-vente. En outre, elle permettrait aux importateurs de négocier les tarifs avec les constructeurs et donc de proposer un prix moins cher aux consommateurs. En outre, l'ouverture du marché permettra son autorégulation, grâce aux lois de l'offre et de la demande, comme ça a été le cas pour le marché des camions, qui est ouvert et non pas régi par les quotas depuis 2012.

Autre point, la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles évalue la taille du marché à 60.000 véhicules par an et sur cette base elle a demandé l'augmentation des quotas jusqu'à ce niveau, tout en s'engageant à distribuer les quotas entre les différents opérateurs. Concernant l'ouverture progressive du marché automobile, en commençant par les utilitaires et les petites cylindrées de 1 à 1,3 litre, l'idée a été finalement abandonnée car le ministère voulait déduire le quota dédié à ce genre de véhicules de l'ensemble des quotas accordés, chose que les concessionnaires ont refusé.
Ainsi les concessionnaires réclament, selon lui, une solution équitable et transparente dans le cadre d'une concurrence loyale entre les différents opérateurs.
Evoquant les performances de City Cars, M. Mahjoub a noté que, généralement, Kia reste 1ère du marché des véhicules particuliers pour les 4 premiers mois, ce qui est le cas pour les deux premiers mois de l'année 2015. Elle est obligée, en revanche, d'entraver son activité vers la fin de l'année et d'arrêter son élan à cause des quotas. En effet, elle ne peut plus importer malgré la demande).

Pour sa part, Ibrahim Dabbeche, président directeur général d'Ennakl, concessionnaire officiel des marques Volkswagen, Volkswagen utilitaires, Audi, Seat, Porsche et Skoda, a indiqué à Business News que la situation du secteur est préoccupante. En effet, depuis 2011, les gouvernements qui se sont succédé n'ont pas cessé de diminuer, chacun à sa manière, les quotas attribués aux concessionnaires. Ainsi, le nombre global de véhicules accordés aux concessionnaires est passé de 60.000 à 45.000. A partir de 2012, les autorités ont limité en plus la valeur des importions par concessionnaire, estimée en dinar alors que les importations se font en devise face à une monnaie nationale qui n'a pas cessé de se déprécier.
Autre constat affligeant, alors que les autorités faisaient tout pour entraver le marché officiel, ces décisions étaient en faveur du circuit informel : l'âge des véhicules est passé de 3 à 5 ans pour le régime FCR ce qui a fait augmenter les importations à environ 9.000 véhicules. Par ailleurs, alors que le concessionnaire doit accomplir 20 formalités pour pouvoir importer, ceux qui profitent du régime FCR ne doivent remplir que 3 étapes dans des délais beaucoup plus courts.
Ainsi, le marché parallèle a remplacé l'officiel pour combler la pénurie et il avait les mains libres pour importer 25.000 véhicules en 2014. En même temps, on demandait aux importateurs, le 8 septembre dernier, de stopper leurs approvisionnements et de les reporter à 2015, chose que les concessionnaires ont refusé. D'ailleurs, l'Union européenne a saisi les autorités, pour protester face à cette décision injuste envers les concessionnaires et les fabricants.
Autre conflit d'intérêt, alors qu'on demandait à certains d'arrêter net leurs importations, d'autres dont l'Etat demeure actionnaire, ont reçu des rallonges sur leurs quotas.

M. Dabbeche a souligné que l'ouverture du marché est dans l'intérêt du consommateur et du pays car avec ce qui se passe actuellement, on est en train de pousser le consommateur vers le marché parallèle, avec tous les risques : véhicules volés et maquillés, compteurs trafiqués, vices cachés, etc. Il a appelé dans ce contexte à l'allégement des droits et taxes pour les petites cylindrées (représentant 90% du marché), pour que les Tunisiens puissent avoir accès à des véhicules neufs.
Il a rappelé que la balance commerciale du secteur automobile est excédentaire (4 à 5 fois plus) et que ce dernier est le deuxième secteur exportateur du pays.
Autre point évoqué par le PDG d'Ennakl, les quotas accordés aux nouveaux concessionnaires : 200 licences. Un quota dérisoire qui ne peut pas encourager les nouveaux venus à investir dans un réseau. Pour lui, il faudra leur accorder au moins entre 500 et 1.000 licences.

De son côté, Mohamed Ben Jemâa, directeur général de la Société Ben Jemâa Motors, concessionnaire officiel des marques BMW et MINI en Tunisie, a indiqué que le marché parallèle a surpassé le marché organisé dans le secteur automobile. Une donnée alarmante pour un secteur connu pour être très réglementé (autorisations, agréments, homologations,…) qui touche la sécurité, la balance de paiement, la balance commerciale, le réseau routier, etc. L'importation de véhicules nécessite une vingtaine de mesures administratives pour les importateurs officiels alors que ceux du marché parallèle ne sont soumis qu'à 3 ou 4 mesures.
Ainsi et malgré la particularité du marché de l'automobile, le marché informel est en train de prendre le dessus sur le formel, ce qui a engendré la frustration et le désarroi de tous les opérateurs, précise M. Ben Jemâa. Le pire, c'est que ce qui était le mal de certains secteurs est devenu celui de toute l'économie tunisienne. Et ce qui désole encore plus les opérateurs et provoque leur incompréhension, c'est que l'Etat est incapable de réagir alors qu'ils ont proposé, il y a un an, des mesures concrètes, pratiques et faisables. Ces propositions sont restées lettre morte, malgré le fait que plusieurs responsables sont convaincus par leurs arguments Ceci prouve, selon ses dires, qu'il n'y a pas une continuité de l'Etat et de l'administration.
«Nous avons démontré que l'avantage FCR a été détourné de sa fonction et nous avons émis une proposition pour ceux qui y bénéficient réellement et ceux veulent tirer un profit pécuniaire, de telle sorte qu'il soit intégré dans le tissu économique bénéficiant à tous. L'une des solutions proposées pour mettre fin au marché informel est de réduire droits et taxes et de libéraliser le marché. Le système des quotas a créé une rareté et un monopole, le marché parallèle fournit des produits rares et des marchandises à des prix moins onéreux», explique-t-il.
Les quotas ont été utilisé par l'ancien président Ben Ali, sous couvert de protéger l'économie tunisienne, pour distribuer les richesses selon son bon vouloir, indique-t-il, ajoutant que depuis la révolution, la situation ne s'est pas améliorée, les volumes accordés aux importateurs officiels ont baissé au profit du marché parallèle. Avec ces quotas réduits, les concessionnaires essaient de se les répartir chaque année tant bien que mal, mais sans trouver une solution équitable et juste qui satisfait tout le monde. Le plus aberrant dans cette histoire c'est que les lois tunisiennes et internationales interdisent le système des quotas et qu'il n'y ait aucune raison pour adopter une démarche protectionniste puisque l'automobile n'est pas produite localement. Ainsi, tous les pays ont libéralisé leur marché et seule la Tunisie demeure attachée à ce régime archaïque, note-t-il.
M. Ben Jemâa estime, donc, que la libération du marché aura des répercussions positives sur toutes les parties prenantes : le consommateur (abondance et concurrence), le tissu économique (les opérateurs, annonceurs, assureurs, les garagistes, etc.), l'Etat (collecte des droits et taxes).
Tous le monde sait qu'il ya de la devise dans le pays (hors activités criminelles, frauduleuses ou de blanchiment), il suffit de la canaliser dans les circuits formels, notamment en encourageant les Tunisiens résidents à l'étranger à rapatrier de la devise en leur accordant des avantages dans le taux de change, sur le placement de leur argent en Tunisie,... . Par ailleurs, les bénéficiaires du régime FCR pourraient acheter leurs véhicules en devise en Tunisie et payer les droits de douanes en devises.
M. Ben Jemâa souligne que l'objectif n'est pas d'éliminer les opérateurs du marché parallèle mais de les intégrer dans le tissu économique, dans une perspective win-win où tout le monde soit gagnant paye ses impôts et en garantissant la traçabilité des produits.

Amer, Mohamed Ben Jemâa explique «Face à nous un silence absolu : on nous entend, on nous comprend, on nous donne raison, mais personne n'est capable de prendre une décision, le courage politique de prendre les décisions qui feront changer le cours des choses, douloureuses pour certains mais qui profitent à tous, le prix pour réformer les secteurs», poursuivant «le secteur de l'automobile est une vitrine de tous les secteurs économiques en Tunisie où on n'a pas le courage de réformer et de prendre les décisions nécessaires pour aller de l'avant. La menace qui pèse sur le secteur organisé ne touche pas que les opérateurs mais aussi les consommateurs et l'Etat».
M. Ben Jemâa a rappelé que le moindre des opérateurs emploie environ 200 cadres avec pas moins de 10 ou 12 ingénieurs et une quarantaine de diplômés du supérieur. Le secteur automobile a aussi des répercussions sur d'autres secteurs : les médias, les agences de leasing et d'assurances, les fournisseurs d'outillages, etc. Or, la régression des parts de marché conduit inévitablement à un désinvestissement des opérateurs et à l'arrêt d'embauche outre le non remplacement des départs à la retraite.
Ainsi, les opérateurs du secteur réclament sa libéralisation effective (dans les lois et la réglementation tunisienne, il est déjà libre), la baisse des droits et taxes pour élargir l'assiette afin de combattre le marché informel, ce qui se fera au bénéfice de l'Etat. En contre partie, le marché se régulera, les prix baisseront et l'emploi augmentera.
«Nous demandons que les autorités aient le courage politique et une réelle volonté politique de prendre des décisions en ce sens. Bien que nous comprenons que nous ne sommes pas, pour le moment, une priorité face à la sécurité et aux finances publiques, nous aimerions avoir au moins une projection, une vision, un plan pour pouvoir travailler. Aujourd'hui, il est inadmissible et c'est une honte que les opérateurs tunisiens soient incapables en contactant leurs constructeurs et leurs partenaires étrangers de donner une vision sur 3 mois», a-t-il martelé.
Mohamed Ben Jemâa refuse catégoriquement, par principe, le système de quotas. Pour lui, aucun compromis n'est tolérable. Toute sa vie, on lui a appris la rigueur, explique-t-il, il ne peut donc accepter un système basé sur une injustice, une iniquité, une non-transparence, des barrières à l'entrée et une prise en otage des consommateurs les obligeant à acheter ce qui est disponible et non pas ce qui qu'ils veulent. Il s'interroge, dans ce cadre, comment des opérateurs économiques aux intérêts divergents peuvent se mettre d'accord sur la répartition des richesses.
Autre point, vu l'état des infrastructures de transport public, il estime que la voiture n'est plus un produit de luxe mais un bien de consommation courante.

Pour sa part, Moncef Klibi, directeur général chez Groupe Alpha, concessionnaire des marques Jaguar, Land Rover, Ford et Hyundai, a affirmé que le secteur parallèle est en train de grignoter les parts du marché du circuit officiel et les statistiques des immatriculations le montrent aisément. Quand on voit que plus de 28.000 voitures en été importées via le marché parallèle en 2014, soit à peut près 53% des véhicules importés par le circuit officiel, on se pose des questions quant à l'avenir des concessionnaires automobiles en Tunisie.
Il estime que le marché parallèle ne doit plus exister, étant donné qu'il est un privilège accordé aux gens non résidents en Tunisie et ne doit en aucun cas faire l'objet d'un outil de commerce. Concernant les marques qu'ils représentent, la marque la plus lésée est Land Rover avec des ventes du marché parallèle égales à celles effectuées sur le marché officiel, ce qui représente un énorme potentiel gâché.
Interrogé sur le système des quotas, M. Klibi pense que c'est un système illégal, représentant une sorte de distribution de la richesse. Pour lui, il n'y a pas de solutions temporaires, il ne faut pas faire dans la demi-mesure : il faut impérativement ouvrir le marché. Le marché saura s'autoréguler et trouver son équilibre entre offre et demande.
Concernant l'argument du déficit de la balance économique, il estime que c'est un faux problème car le déficit est dû à un manque flagrant de production, donc il faut produire plus pour rééquilibrer la balance.
En effet, pour lui, la non-réactivité du gouvernement face aux problèmes des concessionnaires, leur obstination à ne pas leur proposer une solution et leur incapacité à mettre en place une politique d'importation, leur causent du tort. Ils se retrouvent, en effet, incapables de mettre en place leur propre programme d'importation, n'ayant pas de visibilité par rapport à leurs fournisseurs.
«Cette situation ne nous donne pas la possibilité de planifier nos commandes et de faire un lissage qui va nous permettre d'optimiser nos frais financiers et notre stock et de bien négocier nos prix», explique-t-il.
Pour lui, les autorités de tutelle doivent prendre des décisions même si elles sont douloureuses, estimant que «le manque de courge pour former des nouvelles réformes coûte plus cher que les réformes elles-mêmes».

Les données chiffrées sont claires. La restriction des quotas profite au marché parallèle au détriment d'un marché formel suffoquant et de consommateurs lésés obligés d'acheter se qu'ils trouvent à des prix exorbitant. L'Etat, quant à lui, se retrouve privé d'importants droits et taxes qui lui sont vitaux en cette période difficile où chaque millime compte. L'ouverture du marché permettra non seulement une concurrence loyale entre les opérateurs mais aussi la baisse des prix des véhicules (notamment grâce à une meilleure négociation avec les constructeurs) et des services après-vente, de meilleurs services à la clientèle ainsi que de nouveaux outre des droits et taxes qui profiteront à l'Etat. Le gouvernement fait face à de nombreuses réformes douloureuses mais nécessaires qui doivent se faire au plus vite pour préserver une économie tunisienne déjà mal en point.


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