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C'est notre poubelle, mais c'est aux autres de la gérer
Publié dans Business News le 09 - 01 - 2017

Une de nos vieilles traditions veut que le ménage, chez nous, se fasse souvent à grande eau. La chose s'observe notamment dans les maisons des vieilles villes (médinas), les stations de lavage de voiture, les cafés et restos... L'eau sale est ensuite évacuée par la porte principale de la maison (ou la porte de derrière du resto) directement dans la rue. Peu importe qu'il y ait ou pas des réseaux publics d'évacuation, peu importe que l'on salisse le trottoir ou la chaussée avec cette eau sale évacuée de son chez soi, l'essentiel est que ce chez soi devienne propre. Le résultat s'observe à l'œil nu, les trottoirs et chaussées des arrière-boutiques des restaurants sont souvent noires de saleté. Idem pour la plupart des ruelles des médinas. La saleté de ces rues fait que les « chez-soi » redeviennent sales dans les 24 heures. Et rebelote.
Cette vieille tradition est devenue une véritable culture (de saleté) de l'esprit et s'est transformée au fil du temps en réflexe. Quand on a une saleté, on cherchera systématiquement à l'évacuer loin des yeux. On lave à grande eau, on jette sa poubelle devant chez le voisin, on lance son mégot par le bout de l'index le plus loin possible, on ouvre la vitre de sa voiture pour jeter son trognon de pomme sur le bord de la route… Le recyclage, le traitement des déchets, l'utilisation de moyens de lavage plus modernes, un petit sachet-poubelle dans sa voiture, ne nous sied pas, ça nous fatigue !

Quelques centaines de personnes sont sorties hier dimanche, malgré le froid de canard, pour manifester contre le retour des terroristes tunisiens. L'argument principal est que ces terroristes ont juré loyauté pour « l'Etat islamique » et qu'ils ne sont donc plus des Tunisiens. La chute de cette organisation terroriste (qui n'a rien d'un Etat) n'a aucune valeur aux yeux de nos chers manifestants du dimanche, pourtant essentiellement modernistes, laïcs, imbibés de belles valeurs occidentales et universelles.
Les conventions internationales soulignent clairement que l'on ne peut pas rendre une personne apatride. Que ce soit avec la constitution de 2014 ou celles qui l'ont précédée, aucun Tunisien ne peut être déchu de sa nationalité. Aucun ! Quel qu'il soit, quoiqu'il ait fait ! Partant de ce point immuable et indiscutable, aucun argument ne saurait être audible pour justifier l'opposition au retour de nos terroristes. Ce sont des Tunisiens, ils doivent rentrer, aussi terroristes soient-ils. C'est notre « merde » et c'est à nous de la gérer. On ne peut pas évacuer notre saleté, loin de nos yeux, comme quand on lave son « chez-soi » à grande eau.
Qu'on le veuille ou pas, notre saleté va revenir chez nous d'une manière ou d'une autre et ce après avoir sali les voisins.

Alors imaginez ce « terroriste » à qui on cherche à refuser l'accès à son pays, à sa ville, à son village, à sa famille parce qu'il est allé rejoindre « Daech ». Que va-t-il faire ? « Qu'il se débrouille, ce n'est pas notre affaire », dit-on. C'est un peu la réponse de la ménagère qui vous dit « je n'ai rien à foutre du devenir de la saleté que j'ai évacuée de chez moi, l'essentiel est que ma maison soit propre ».
Sans aller jusqu'à m'apitoyer sur le sort de quiconque, il est bon de rappeler que beaucoup de ces « terroristes » sont des gamins de 20-30 ans qui ont été manipulés par des mafias ou/et des hommes politiques en leur faisant miroiter quelques milliers de dollars. La manipulation n'a duré qu'un temps, car une fois là-bas (en Syrie ou en Irak), certains ou beaucoup de ces « terroristes » se sont rendu compte de leur bêtise. Ils se sont surtout rendu compte qu'ils sont piégés et qu'ils ne peuvent plus revenir en arrière. La chute de « Daech » a été salvatrice pour un nombre d'entre eux. Je prends à titre d'exemple le cas d'Anouar Bayoudh, qui a rapidement regretté son départ (avec sa copine) avec Daech. Il a collaboré avec les services de sécurité tunisiens et a cherché, avec succès, à rentrer au pays. Il se trouve que ce gamin de 26 ans doit beaucoup à son statut social et au concours de circonstances qui a accompagné son retour. Enfant d'un quartier huppé de la capitale, bien diplômé, il est le fils du défunt colonel-major Fathi Bayoudh, mort à l'aéroport d'Istanbul dans l'attentat terroriste du 28 juin 2016, alors qu'il cherchait à sauver son fils des griffes de Daech.
Comme Anouar Bayoudh, ils sont des milliers, à la différence qu'ils ne sont pas des fils de colonels et qu'ils ne sont pas issus de quartiers huppés.
Mais comme Anouar Bayoudh, ils ont été manipulés d'une manière ou d'une autre. Et, comme Anouar Bayoudh, ils ont des familles bel et bien tunisiennes que vous ne pourrez pas déchoir de leur nationalité.


A préciser que les terroristes sanguinaires, les vrais Daechiens, ne vont jamais chercher à rentrer au pays. Ce sont des mercenaires qui vont aller chercher le sang là où leurs maîtres vont leur dire d'aller. Ceux qui veulent rentrer ne sont que les seconds couteaux, les imbéciles et les idiots qu'on achète pour quelques dollars et qu'on peut retourner pour quelques dollars de plus.
Nous avons une constitution et nous avons des lois. Quoiqu'il se passe, il faut les respecter, d'autant plus que ces lois prévoient ce type de cas. Ce n'est qu'à partir de ce point qu'on peut commencer à discuter. Nous avons des saletés et nous nous devons de les traiter nous-mêmes et non de les évacuer loin de nos yeux.
A partir de là, les méthodes sont nombreuses. Pour les déchets, il y a l'incinération ou l'enterrement. Mais il y aussi le traitement et le recyclage. C'est certes plus coûteux, mais c'est du développement durable, c'est plus écologique, c'est plus sain, c'est plus propre.
Nos terroristes ne sont pas tous à mettre dans le même sac. Ce n'est pas parce qu'à un moment ou un autre de leur vie, ils ont juré bêtement et naïvement leur loyauté à Daech, qu'ils sont forcément des assassins et sanguinaires.
La loi anti-terroriste considère leur départ en Syrie et en Irak comme étant un acte terroriste, alors qu'ils rentrent en Tunisie, qu'ils soient traduits devant la justice et qu'ils soient condamnés sur leurs actes. Dire que nous n'avons pas les moyens de les juger, que nous n'avons pas l'argent nécessaire pour leur séjour en prison et que nous ne savons pas comment les « recycler » pour un retour à la vie normale n'est pas recevable. C'est comme la ménagère qui refuse de laver sa maison d'une autre manière que la grande eau. Apprenons-lui à laver avec des moyens plus écologiques et moins coûteux.
Apprenons à « recycler » nos terroristes et à faire de telle sorte que leurs séjours en prison ne leur apprennent pas la radicalisation. Nous n'avons pas les moyens et nous ne savons pas faire, certes, mais nous avons les moyens d'apprendre, d'autant plus que nous ne sommes pas seuls.
Ce problème du retour des terroristes touche plusieurs autres pays, à commencer par la France ou la Belgique qui ont, aussi, leur lot de terroristes voulant rentrer au bercail. Ils planchent actuellement sur les meilleurs moyens de les recycler, nous n'avons qu'à nous joindre à eux pour une réflexion commune sur cet épineux problème. Une chose est sûre, c'est que la solution ne viendra pas de la déchéance de la nationalité et encore moins en sortant crier un dimanche matin par le froid.


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