L'expert économique, Ezzeddine Saidane, a publié un post, dimanche 2 avril 2017, pour alerter quant au volume de refinancement des banques par la Banque Centrale de Tunisie, en soulignant l'effet que de tels agissements peuvent avoir sur l'inflation et sur les équilibres économiques. Ainsi, d'après le site de la BCT, le volume de refinancement atteint le vendredi 31 mars est de 9,03 milliards de dinars. « Il s'agit de dinars créés par la BCT ex-nihilo, c'est à dire à partir de rien. Une création monétaire qui ne correspond pas à une activité économique, qui ne correspond à aucune création de richesses. C'est la planche à billets qui fonctionne à fond, qui s'emballe et qui détériore tous les grands équilibres économiques et financiers de la Tunisie. C'est là la source de l'inflation structurelle, de la détérioration du pouvoir d'achat du citoyen et de la baisse continue de la valeur du dinar » explique l'expert.
M. Saidane poursuit l'explication de son cri d'alarme en plusieurs points : « 1- En 2010 le système bancaire tunisien avait un excédent de liquidités qui s'élevait à environ 1 milliard de dinars. Cet excédent a disparu et il a été remplacé par un besoin de liquidités injectées par la BCT. Ce besoin a augmenté de manière continue jusqu'à atteindre le niveau enregistré vendredi dernier. 2-La loi interdit à la BCT de financer directement le budget de l'Etat, ou de souscrire aux bons de trésor émis par l'Etat. Cette interdiction vise une gestion rationnelle et prudente des finances publiques. Mais la loi a été détournée. En effet, les banques financent le budget de l'Etat en souscrivant aux bons de trésor émis par l'Etat et elles se font refinancer par la BCT. 3- La BCT pousse les banques à souscrire aux bons de trésor en les obligeant à lui présenter des bons de trésor (dans une large proportion) à titre de garantie pour le refinancement demandé. La BCT finance de ce fait le budget de l'Etat 4- Les salaires payés par l'Etat proviennent (en partie au moins) de cette création monétaire ex-nihilo. Jusqu'où ce système peut-il continuer? 5- Un mot pour l'UGTT: les augmentations de salaires que vous défendez avec acharnement se traduisent automatiquement par plus d'inflation. Ces augmentations de salaires sont plus qu'annulées par les augmentations de prix, et donc par la baisse du pouvoir d'achat et de la valeur du dinar. 6- Résultat de tout cela: en empruntant massivement aux banques, l'Etat évince les opérateurs économiques qui ne trouvent plus le financement nécessaire à leurs activités économiques. En outre, les banques (certaines banques au moins) se transforment en rentiers purs. En effet, elles prêtent à l'Etat en gagnant en moyenne 2%, sans frais de gestion et sans provisions !!! »
Ezzeddine Saidane conclut en soulignant la nécessité de sauver l'économique tunisienne et le pays. Il ajoute que des solutions existent à la situation actuelle et qu'elles ont été proposées.