Un programme de coopération sur 3 ans a été mis en place entre le Haut Comité du Contrôle Administratif et Financier (HCCAF) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), grâce auquel l'instance tunisienne bénéficiera de l'appui technique de l'organisation internationale, et qui sera financé par un don du Royaume-Uni de 4,5 millions de livres sterling, soit environ 15 millions de dinars tunisien. Une cérémonie s'est tenue, donc, ce jeudi 3 août 2017 à l'hôtel Sheraton, pour la signature d'un protocole d'entente entre les trois parties, et qui ont été représentées par le président du HCCAF Kamel Ayadi, le ministre britannique pour le Moyen-Orient et l'Afrique, Alistair Burt, et le directeur de la gouvernance publique à l'OCDE, Rolf Alter. Le programme vise à renforcer le volet prévention contre la corruption à travers la mise en place de mécanismes et de gades-fou. Le protocole comprend 5 volets d'actions : renforcer le rôle de suivi du haut comité et des autres structures de contrôle ; introduire des normes internationales ; développer la qualité du contrôle et inspection ; introduire des techniques modernes dans le contrôle, comme l'Audit by risks ou la Value for money ; et perfectionner le volet reporting.
A cette occasion, Alistair Burt a exprimé la volonté du Royaume-Uni de développer davantage la coopération entre les deux pays, notamment économique et dans les domaines des réformes et de lutte contre la corruption : «Le Royaume-Uni veut soutenir à long terme les efforts de la Tunisie notamment en matière de lutte contre la corruption», a-t-il expliqué. Il a évoqué, dans ce cadre, un appui de 10 millions de livres sterling qui seront mis à la disposition de la Tunisie au cours de cette année pour deux s chantiers, l'éducation et la bonne gouvernance. S'agissant du protocole d'entente, il a affirmé : «Nous sommes tout à fait confiants que M. Ayadi s'engagera pleinement à la réussite de cette tâche».
Kamel Ayadi a expliqué, pour sa part, que l'accord vise la mise en place d'une stratégie de lutte contre la corruption, en l'occurrence, la prévention. «L'objectif est de mettre en place un système qui s'auto prémunit de la corruption : le chainon manquant dans l'actuelle stratégie», a-t-il indiqué, en précisant que sans une politique de prévention contre la corruption, la justice sera inondée de cas de corruption. «Les Britanniques ont bien compris que la lutte contre la corruption passe d'abord par la prévention et la mise en place d'un système adéquat aux normes internationales, pour ce prémunir de ce fléau, qui touche tous les pays. Ils ont choisi le haut comité pour sa vision en la matière, son leadership et leur confiance en l'institution et ses capacités», note-t-il. Il a tenu, dans ce cadre, à valoriser ce qui a été fait par le gouvernement en matière de lutte contre la corruption et qui représente un signal fort qu'il n'y aura plus d'impunité et qu'il y aura une tolérance zéro face aux corrompus, soulignant le timing de cet accord qui intervient dans cette période importante, où le gouvernement a lancé sa campagne. «Notre travail complète celui du gouvernement par la mise en place de mécanismes adéquats pour la prévention contre ce fléau», a-t-il insisté. En réponse à une question de Business News, M. Ayadi a soutenu : « Je suis conscient du chantier qui m'attend et je n'ai jamais eu peur de relever un défi. Je travaille sur ce sujet, sous différentes casquettes (expert et autres), depuis 2002. J'essaye de mettre le doigt sur les vraies causes de ce fléau et d'administrer en conséquence les solutions qui peuvent donner des résultats. C'est une thérapie, il faut faire le bon diagnostic pour administrer le bon remède».
Rolf Alter a, quant à lui, précisé que l'OCDE partage non seulement les objectifs de cet accord, mais partagera surtout les pratiques et expériences, bonnes et mauvaises, des pays membres. «Nous avons un plan sur 3 ans. Il y a, outre le volet participation des citoyens, un volet sur l'achat public, où il y a toujours un risque de corruption. Mais, il est possible de se prémunir de la corruption, avec un système efficace et transparent. Ça serait une situation win-win où tout le monde trouvera son compte sauf les corrompus», a-t-il affirmé.
Le ministre britannique pour le Moyen-Orient et l'Afrique, Alistair Burt, est actuellement en Tunisie, dans le cadre d'une visite de travail de 2 jours, les 2 et 3 août 2017, où il a une série de rencontres avec des représentants du gouvernement tunisien. M. Burt a été donc reçu, ce jeudi, par le ministre des Affaires étrangères, Khemaïes Jhinaoui, qui a exprimé son soulagement suite à la décision des autorités britanniques de lever les restrictions de voyage contre la Tunisie. Il a précisé que cette décision intervient suite aux réussites sécuritaires et aux efforts consentis pour sécuriser les sites et les routes touristiques et garantir la sécurité de ses visiteurs. Les deux hommes ont, également, évoqué la situation sécuritaire de la région MENA et les efforts pour trouver une solution politique au conflit libyen.