On y est. Les dés sont jetés et il ne reste plus maintenant qu'aux partis politiques d'entrer en jeu. Le jeu de qui va gagner le plus de sièges et s'imposer face à une rude concurrence et des rivaux prêts à toutes les entourloupes pour décrocher le jackpot. L'opération d'inscription sur les listes électorales pour les municipales s'est achevée hier. Plus de 5 millions d'électeurs sont attendus pour cette nouvelle étape qui consolidera la démarche démocratique entamée depuis 6 ans par la Tunisie. Du 19 au 26 septembre 2017, les candidats sont attendus pour déposer leur dossier. Entre temps, un travail conséquent attend les partis politiques et une organisation sans faille. C'est que la loi régissant les municipales impose une parité horizontale et verticale en plus d'une représentativité de 30% de jeunes sur les listes. De plus, s'ils veulent s'imposer à l'échelle nationale, les partis sont tenus de présenter des candidats au niveau des 350 municipalités existantes.
L'échéance fixée au 17 décembre 2017 est finalement maintenue, en dépit des entraves rencontrées par l'Instance supérieure indépendante pour les élections. Une annonce qui ne semble ne pas réjouir tout le monde, certains partis traversant des crises et ne pouvant à juste titre être prêts pour participer comme il se doit à ces élections. A quatre mois des municipales, l'ISIE se retrouve sans président et deux autres membres nécessaires à son bon fonctionnement, après une démission surprise. Le président sortant, accusant des parties de pressions qui touchent aux principes et aux valeurs démocratiques. Il n'en fallait pas plus pour alimenter la polémique, l'opinion publique accusant des partis d'œuvrer à faire pencher les élections en faveur d'un camp au détriment d'un autre. Reporté à une date indéfinie par l'Assemblée des représentants du peuple, le vote pour combler les postes vacants n'avait pas abouti. La raison : une guerre ouverte entre les députés qui ambitionnent de placer, coûte que coûte, leur candidat, quitte à bloquer tout le processus. C'est le cas notamment des élus Nidaa qui ont passé outre le consensus établi entre les députés et fait échouer le vote. Pourquoi ? Personne n'ignore la crise que traverse le parti. Pour s'en sortir, il fallait agir notamment en tentant de garder une carte en main en plaçant un pion au sein de l'instance qui organise les élections. Nabil Baffoun, membre de l'ISIE, tirait aujourd'hui la sonnette d'alarme en annonçant que si les postes vacants ne sont pas comblés avant le 19 septembre, le travail de l'Instance pourrait être perturbé. A qui profiterait cette désorganisation ?
Les échéances municipales et locales sont importantes. D'abord parce que ces premières élections depuis la révolution, devront amorcer les politiques de décentralisation, mais surtout améliorer le quotidien des citoyens confrontés à la détérioration des infrastructures dans les quartiers ou à l'amoncellement des déchets et autres ordures, pour ne citer que ces deux exemples. Les Tunisiens devront choisir les candidats qui seront à même de changer ce quotidien. C'est aussi sur un plan purement politique que ça se joue. Les enjeux sont de taille pour nos partis qui veulent se repositionner sur l'échiquier, ou tout simplement se maintenir au pouvoir. Il faut dire que ces élections municipales sont organisées à mi-mandat des législatives et de la présidentielle de 2019. Quels que soient les partis ou leur actuelle position, les résultats du vote de 2017 délivreront une idée sur le véritable poids électoral des uns et des autres. La guerre pour le pouvoir risque d'être d'autant plus exacerbée et les enjeux déterminent pour la suite des événements. Rien ne va plus, les jeux sont faits !