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Les politiques à l'ère de Facebook, la démocratie en overdose !
Publié dans Business News le 15 - 09 - 2017

Le réseau social Facebook a bel et bien pris le pas sur les autres supports de médias ! C'est sur cette plateforme que la notion de démocratie participative a pris tout son sens. Les politiques le savent et en ont fait un support de marketing politique où ils interagissent directement avec les citoyens. Une nouvelle stratégie de diffusion des idées où s'entremêlent hyper-narcissisme, impulsivité, phrases chocs, clashs, dénonciation des corrompus mais aussi opportunisme politique. Zoom sur le tempérament des politiques tunisiens sur Facebook.

Rached Ghannouchi et Facebook ! Le leader d'Ennahdha est certainement celui qui use au mieux des réseaux sociaux pour faire la propagande de son parti. Contrairement aux autres politiques, il n'écrit pas personnellement de statuts Facebook puisqu'il dispose de toute une équipe recrutée par le parti à cet effet. A l'internationale, l'image et la communication d'Ennahdha ont été confiées à l'agence américaine Burson-Marsteller. Une agence spécialisée dans la communication de crise qui supervise les relations publiques d'Ennahdha. Sur les réseaux sociaux, le leader islamiste dispose d'une armada d'administrateurs de pages.
A part les 6 pages officielles du parti, d'autres ont pour vocation de redorer le blason du leader islamiste tunisien comme la page « Les amis du cheikh Rached Ghannouchi » où il est montré sous son meilleur jour. Tolérant, moderniste, prônant les libertés individuelles, le civisme, le vivre-ensemble… Rached Ghannouchi y apparait tel un Gandhi des temps modernes. Il n'entre jamais dans les polémiques et même s'il compte le faire c'est par communiqué officiel émanant du bureau de la communication de son parti.

Contrairement à chef d'Ennahdha, Hafedh Caïd Essebsi (HCE), directeur exécutif de Nidaa Tounes use et abuse de Facebook en en faisant une arme de vengeance impulsive, signe d'un nombrilisme décomplexé. Le 15 mai 2017, c'est sa biographie personnelle qu'il avait décidé de publier sur Facebook en titrant « Ce que vous ne savez pas sur Hafedh Caïd Essebsi ». Puis faisant valoir sa conception des sciences politiques avant le remaniement ministériel qui devait être opéré par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, il a publié un pamphlet dénonçant le manque de représentativité de son parti sur la scène politique. Des initiatives qui auraient pu avoir plus de poids si HCE faisait passer ses idées politiques autrement. Lors d'un débat télévisé par exemple. Mais le directeur exécutif de Nidaa n'en ai pas la ! Il préfère plutôt répondre aux accusations de ses détracteurs sur Facebook en les insultant publiquement comme il l'avait fait le 28 août dernier en injuriant publiquement l'ancien Nidaiste, Hassouna Nasfi. « Tu es un coq dans la poubelle de l'histoire… tes facultés mentales sont médiocres et ton état maladif est avancé » avait commenté HCE sous le statut Facebook de Hassouna Nafsi. Une attitude surprenante pour un homme du rang de HCE, fils du président de la République Tunisienne.

Cependant la palme de l'usage maladif de Facebook revient à l'ancien président de la République provisoire, Moncef Marzouki. Accro à la vindicte, motivé par l'ambition de diviser le peuple tunisien et à de salir se adversaires sur les chaînes de télévisions étrangères, Moncef Marzouki continue à usurper les vérités historiques par des posts Facebook ou par la voie de son député préféré, Imed Daïmi. Son mépris vis-à-vis d'une grande frange de Tunisiens, notamment les journalistes, a pris une telle ampleur que c'est l'UGTT elle-même, via son bureau du syndicat général de l'information, qui a appelé tous les médias et journalistes tunisiens à le boycotter puisque ce dernier refuse de façon continue et intentionnelle d'accorder des déclarations aux médias tunisiens. Il ne lui reste donc plus que Facebook pour cracher son venin et prétendre que la vérité politique tunisienne est ailleurs.

L'ancien ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières du temps de la Troïka, Slim Ben Hamidène utilise quant à lui son Facebook pour régler ses comptes avec ses détracteurs, dont Business News qu'il insulte régulièrement. Soupçonné de détournements de fonds, Slim Ben Hamidène joue la provoc sur son compte Facebook en narguant les autorités et les juges. Suspecté dans des affaires d'escroqueries le liant à Samir El Wafi, Slim Ben Hamidène, qui a endetté l'Etat tunisien à hauteur de 1.000 milliards de dinars selon le secrétaire d'Etat chargé des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, Mabrouk Korchid, demeure encore aujourd'hui impuni. Pire encore, ses statuts Facebook s'internationalisent et il y dénonce cette fois ci l'implication des services secrets français dans l'affaire des assassinats de Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd.

C'est avec l'ancien ministre et député du Kef d'Ennahdha, Abdellatif Mekki que l'égocentrisme décomplexé est le plus prononcé. C'est de façon compulsive qu'il utilise Facebook comme suite aux incendies ravageurs subis par la Tunisie durant la période estivale. Le député avait alors décidé de se déplacer dans les zones sinistrées pour surfer sur la vague de l'émotion et montrer son engagement et l'étendue de ses qualités empathique. Il était bien sur accompagné d'un photographe chargé de le prendre sous son meilleur angle pour ensuite alimenter soigneusement sa page Facebook. Une « peopolisation » de la politique Tunisienne qui trouve en Facebook un support d'une grande aide.

Un autre type de narcissisme parfaitement assumé est celui du leader du courant Al Mahaba, Hechmi Hamdi. Sa philanthropie intéressée repose sur une stratégie de conquête du pouvoir assez drôle. Le 9 juillet 2017, il avait exprimé, dans un statut publié sur sa page Facebook, son ambition de payer la dette du journaliste emprisonné pour une affaire de racket, Samir El Wafi. Poursuivant son rôle de mécène riche comme crésus, Hechmi Hamdi continue encore aujourd'hui à jouer les âmes charitables mais, malheureusement pour lui, ses actions populistes demeurent sans impact.

L'ancien ministre du Transport, Anis Ghedira n'a pas non plus failli à l'appel de Facebook mais cette fois-ci, c'est motivé par une ambition de manipulation flagrante. Lui, qui durant son mandat a souvent été invisible au point d'être largement critiqué par une frange importante de la société tunisienne, est apparu sur une photo postée sur la page Facebook du ministère. Il apparaissait tel un citoyen lambda dans un métro pratiquement vide alors que l'on connait l'état de saturation des transports en commun en Tunisie. Vérifications faite, il s'est révélé que la photo était ancienne et qu'au moment où elle a été postée Anis Ghedira était à l'étranger.

D'autres illustres politiciens ont également montré leur capacité à se mettre en scène sous leur meilleur jour sur Facebook. Le président de l'Union patriotique libre (UPL) et président du Club Africain, Sim Riahi a ainsi pris beaucoup de peine pour montrer sa piété le jour de l'Aid El Idha. Une vidéo le montrant en train d'égorger un mouton a fait le tour de Facebook. On le voit d'ailleurs en bon père de famille serein et flegmatique malgré les graves tracasseries que lui cause la justice tunisienne. Par ailleurs, c'est encore via une vidéo publiée sur Facebook que les membres de son parti et notamment son porte-parole, Samira Chaouachi avaient tenté de prendre le peuple tunisien a partie lorsqu'une saisie avait été effectuée dans les bureaux de Slim Riahi.

Le président d'Afek Tounes, Yassine Brahim, a également étonné dans une vidéo publiée sur sa page officielle où on le voit se baigner dans une mer agitée dans sa région natale, Mahdia. Il est en forme et il tient à ce qu'on le sache ! Exposant son côté naturel et spontané, Yassine Brahim a démontré à travers ses plongeons répétitifs que l'heure est à la discipline du corps, à la rigueur physique, politique et économique tout comme Nicolas Sarkozy et ses habitudes de jogger. Par ailleurs, lorsque Yassine Brahim décide d'intervenir dans des posts Facebook c'est généralement pour faire sonner le glas de ses vérités, comme dans le cas du dossier Lazard.
C'est d'ailleurs dans la même lignée, que le directeur du bureau politique d'Afek Tounes, Karim Hellali, avait dénoncé le 16 août dernier d'importants soupçons de corruption pesant sur la société à laquelle la municipalité de Tunisie avait accordé un appel d'offre portant sur la collecte des ordures à Bab Bhar et à El Menzah. En lanceur d'alerte, Karim Hellali avait révélé que ces dépassements ne devaient pas rester impunis. Accusations que la municipalité de Tunis avait formellement démenties.
Quant au président d'Al Badil Ettounsi, Mehdi Jomaâ, c'est avec ironie et amertume qu'il est intervenu sur sa page Facebook, le 6 septembre dernier, pour commenter le remaniement ministériel, en citant Albert Einstein et sa définition de la folie.

Dans d'autres situations, Facebook dont les méandres sont infinis, peut devenir une arme de destruction massive de l'avenir des politiques. Facebook, plateforme de diffamations où les rumeurs se répandent à la vitesse de la lumière, le député d'Ennahdha, Habib Khedher en a fait les frais le 22 août dernier!. Accusé d'avoir transporté illégalement 220 pilules de Viagra durant un de ses voyages, Habib Khedher, a eu beau démentir l'intox, elle a quand même fait le tour des réseaux sociaux créant une nébuleuse humoristique qui n'a pas dû le faire beaucoup rire.

Sur Facebook on trouve aussi des profils de phénomènes de société qui commencent à avoir de plus en plus de succès. Rabye Bouden en est un exemple parlant. Avec près de 170 mille fans, ce citoyen tuniso-allemand jouit d'une notoriété grandissante à un tel point que récemment un nombre important de tunisiens de tous bords l'ont sollicité pour qu'il se présente aux législatives de la circonscription d'Allemagne. Le poste devenu vacant suite à la nomination de Hatem Ferjani au secrétariat d'Etat en charge de la diplomatie économique est devenu l'objet de toutes les convoitises et HCE a clairement exprimé sa volonté de le remplacer.
Autres profils Facebook énigmatiques et très politisés, celui de Mohamed Ali Louzir qui publie régulièrement des statuts politiques sur des vérités qui n'ont pas encore éclatées. C'est lui qui avait devancé tout le monde en annonçant l'arrestation de l'homme d'affaires, Chafik Jarraya ou encore l'inculpation de Samir El Wafi.

Il parait évident qu'en Tunisie, Facebook est une plateforme incontournable où la liberté d'expression règne en maitre après des décennies où la parole était muselée. En 2011, le réseau social avait été érigé comme une des armes de la révolution tunisienne pour contrer la censure et la répression policière mais aujourd'hui, Facebook n'a plus la même portée qu'en 2011. Des reconfigurations politiques ont eu lieu et ce qu'on relève c'est que la tendance est à l'incrimination de la liberté d'expression sur Facebook. Désormais, un statut Facebook est plus dangereux qu'un terroriste et c'est ce qui a valu des peines d'emprisonnements aux deux syndicalistes sécuritaires, Walid Zarrouk et Issam Dardouri. Incarcérés sous le régime de la loi antiterroriste l'un des deux hommes est encore aujourd'hui sous les verrous. C'est dans cette même lignée tendant à la répression que le bloggeur Nabil Rabhi a été arrêté le 21 juillet 2017. Accusé d'avoir lourdement insulté des personnalités politiques dont le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi il a été condamné à 6 mois de prison et 1200 dinars d'amende. Même traitement pour l'activiste politique, Sahbi Amri, arrêté le 30 août dernier pour avoir publié sur son compte Facebook des insultes avérées et répétées à l'encontre de personnalités publique et BCE.

Plusieurs autres personnalités politiques semblent être au-dessus de la mêlée et refusent d'utiliser Facebook à des fins de propagande. On citera essentiellement l'ancien ministre des Finances, Fadhel Abdelkefi qui a fait l'objet d'une campagne de dénigrement absurde mais qui a préféré se défendre à l'ARP plutôt que sur Facebook et Zied Lâadhari, le ministre de l'Investissement et de la Coopération internationale qui, d'un naturel réservé, ne fait pas de vagues sur Facebook.
Autre faits marquants, les femmes politiques tunisiennes semblent utiliser leur compte Facebook de façon plus positive, loin des combats de coqs. On citera l'avocate, militante des droits de l'Homme et députée du bloc national, Bochra Belhaj Hmida qui intervient régulièrement sur Facebook en tant que lanceuse d'alertes ou pour donner des éclairages juridiques sur des faits sociaux marquants. On retrouve également l'élue Leila Chettaoui, qui poste régulièrement des photos sur son profil Facebook notamment lorsqu'elle s'était envolée pour la Syrie, le 4 août dernier. Et la porte-parole de la présidence de la République, Saïda Garrache, qui intervient également sur son compte Facebook pour donner personnellement des précisions sur la politique menée par le chef de l'Etat. L'élue Nidaa Tounes, Ons Hattab, avait quant à elle fait un tout autre usage de Facebook en publiant une photo d'elle en train de faire le Osben de l'Aid, ce qui lui avait valu d'être traitée d' « adolescente ».

Même si Mark Zuckerberg refuse de définir Facebook comme un média international à part entière, il apparait pourtant que son réseau social en ait réellement un. Plus encore, Facebook est devenu à lui seul un site d'informations où les politiques font leur propre propagande comme dans une agora virtuelle. A la fois faiseur de politiques et espace de liberté d'expression, Facebook a incontestablement alimenté le débat démocratique entre les citoyens tunisiens connectés et leur a permis d'avoir un éclairage sur la personnalité des politiques qui nous gouvernent.


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