Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le Sud tunisien durant le weekend dernier, ont été au cœur de l'actualité, ces deux derniers jours. Des dommages matériels et humains ont fait remonter à la surface la fragilité des infrastructures, notamment dans les régions défavorisées. Outre les dégâts enregistrés, plusieurs voix se sont élevées pour demander où en était la préparation du gouvernement face à ce qui s'est passé. Retour sur une véritable situation de crise. Mareth 221 mm, Médenine 191 mm, Toujane 219 mm, Zarzis 195 mm et Djerba 166 mm, voilà les quantités de pluies enregistrées dans certaines régions du Sud tunisien. Des quantités record, que même les citoyens affirment ne pas en avoir observées depuis des dizaines d'années.
Ces averses ont, donc, engendré la crue de plusieurs Oueds. Les eaux ont, donc emporté plusieurs citoyens, infiltré les demeures et les commerces, et endommageant les véhicules. Suite à quoi, des habitants ont été portés disparus. Mais, l'événement qui a fait couler le plus d'encre fût l'accident de voiture transportant le délégué de Matmata, Mohsen Benâassi, le chef du poste de la Garde nationale, Mehdi Haddad, et l'adjudant Mounir Saâdaoui. Si l'adjudant Mounir Saâdaoui a réussi à sauter du véhicule, le chef du poste de la Garde nationale Mehdi Haddad a été retrouvé mort, alors que le délégué de Matmata Mohsen Benâassi n'a toujours pas été retrouvé à l'heure actuelle. La liste des pertes humaines de rallonge avec la mort de deux autres citoyens retrouvés à Mareth et qui ne sont, toujours, pas identifiés.
Hier, Réagissant à la disparition du délégué Mohsen Benâassi, des tensions ont éclaté à Zanouch (Gouvernorat de Gafsa), ville dont il est originaire et des citoyens ont brûlé des pneus et bloqué la route nationale 14 reliant Gafsa à Sfax, au niveau de Zanouch. Les protestataires ont reproché aux autorités « leur manque de sérieux » dans le traitement de cette affaire et leur « désintérêt du sort des citoyens » mais aussi le fait que BCE était, selon eux, « plus préoccupé de savoir si la Tunisie allait se qualifier ou non à la coupe du monde Russie 2018 » que de la sitation dans le Sud.
Toutefois, les pertes matérielles ne sont pas moindres, plusieurs routes ont été coupées dans, pratiquement, toute la région. Les maisons ont été inondées et l'eau potable a été, également, coupée dans le gouvernorat de Gabès. Une situation désastreuse dont les photos témoignent de la gravité et de l'ampleur des dégâts. Face à ce sinistre, l'Etat a été mobilisé. Les unités de la protection civile sont intervenues, en collaboration avec les autorités locales, pour venir en aide aux citoyens. L'armée nationale, a également, déployé ses moyens humains et matériels pour contribuer aux opérations de sauvetage. C'est dire que les routes ont été, débloquées au bout de 48h. La commission nationale de lutte contre les catastrophes naturelles s'est aussi réunie, afin de se pencher sur la situation dans le Sud et les moyens à mettre en œuvre pour assurer la sécurité des citoyens et des biens dans les villes touchées.
Cette situation qui s'élève au rang d'une catastrophe naturelle a fait que le chef du gouvernement Youssef Chahed décide de se rendre directement à Gabès, alors qu'il effectuait une visite de deux jours au Caire, afin de s'enquérir de la situation dans le Sud. Il a, donc, pris part à la réunion de la commission régionale de lutte contre les catastrophes naturelles afin de trouver des solutions urgentes à la situation dans le gouvernorat de Gabès, notamment à Mareth et Matmata. D'ailleurs, ce fût le sujet de sa rencontre aujourd'hui avec le président de la République, Béji Caïd Essebsi qui a porté sur les mesures prises pour traiter les conséquences des pluies torrentielles qui se sont abattues cette fin de semaine sur les gouvernorats de Gabès, Kèbili, Médenine et Tataouine. Lors de l'entrevue, le chef de l'Etat a insisté sur l'impératif d'aider les citoyens, de retrouver les citoyens disparus et de réparer les dégâts causés par le sinistre tout en préparant l'arrivée de la vague de froid d'hiver à venir.
Toujours dans le même contexte, la centrale syndicale a fait part de son inquiétude face à la situation. Le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi a assuré le suivi avec les secrétaires généraux régionaux. Il a, également, contacté le président de la République pour inciter les parties concernées à redoubler les efforts et fournir les aides nécessaires aux victimes.
Cependant, et malgré le drame vécu ce weekend, le secrétaire d'Etat aux ressources hydrauliques et à la Pêche, Abdallah Rebhi, a fourni une note positive : « Ces pluies diluviennes ont engendré des crues exceptionnelles qui vont faire que l'an prochain, nous auront une production agricole exceptionnelle dans la région ». Il a aussi révélé qu'il a été décidé de démarrer la construction de plusieurs ouvrages pour retenir l'eau, dont un barrage.
En tout état de cause, il s'agit d'une véritable crise qui dénote de la fragilité des infrastructures dans plusieurs régions. Certes qu'il ne s'agit pas d'une première en Tunisie, surtout avec l'avènement de la vague de froid et de la saison hivernale. On enregistre des situations de crises similaires dans la zone du Nord-Ouest, et sur les hauteurs. Toujours est-il, même la capitale n'est pas épargnée, d'ailleurs, c'est la ville qui se retrouve le plus submergée par les eaux. Il reste indispensable de concevoir une stratégie de lutte contre les catastrophe naturelle, et définir un plan d'action dans les cas d'urgence, et ce, dans l'objectif de pouvoir intervenir d'une manière aussi rapide qu'efficace.