Monsieur le ministre, Vous avez inauguré samedi dernier la foire du livre de la ville de Tunis et qui se poursuit jusqu'au 6 janvier. C'est une excellente initiative en raison de l'importance du livre pour la culture.Vous avezsignalé que ce rendez-vous organisé annuellement par la délégation régionale de affaires culturelles de Tunis s'inscrit également dans le cadre du programme pour la prochaine saison culturelle « Tunisie, cités des lettres et du livre » ainsi que de la célébration de grandes sommités en matière de littérature et de pensée qui ont contribué à faire connaitre la littérature tunisienne à l'échelle régionale et internationale.
L'intention est certes louable mais il fallait qu'elle soit suivie dans les faits par une réelle sélection des ouvrages proposés pour contribuer à cet éveil culturel tant attendu. Des publications tunisiennes sont certes présentes dans cette foire mais beaucoup de publications étrangères dont on aurait pu allègrement se passer ; du moins pour certaines comme cet ouvrage présent sur les étals et qui est pourtant loin de s'inscrire dans cet objectif affiché. C'est à se demander s'il y a un comité de sélection.
Comment peut-on en effet expliquer la présence sur les étals de cette foire un ouvrage intitulé «''ترويض الزوجات على طريقة أنبياء الله ورسله'' de l'Egyptien Faouzi Chaabane, ouvrage qui a été contesté par les femmes en Egypte à sa sortie et qui trouve curieusement sa place aujourd'hui à cette foire en Tunisie, pays dont la constitution consacre pourtant l'égalité entre les femmes et les hommes. On connait le dressage des animaux mais celui des épouses dénote d'une conception rétrograde et moyenâgeuse qui porte atteinte à la dignité des femmes et s'inscrit dans une vision en totale opposition avec les objectifs affichés par l'état tunisien. Le ministère assume pleinement la sélection présentée en tant qu'organisateur, et nous dénonçons ce que nous voulons croire une négligence qui inscrit le ministère en porte à faux par rapport à la constitution et lois du pays en« participant » à la diffusion de ce type d'ouvrage. Nous sommes en droit d'attendre une réaction immédiate de votre part et plus de vigilance à l'avenir. Veuillez agréer, Monsieur le ministre, l'expression de notre considération.