La présidente de l'Association tunisienne des Femmes démocrates, (ATFD), Yosra Frawes a indiqué lors d'une conférence de presse tenue ce samedi 11 août 2018, que l'association réitère son attachement aux libertés individuelles et à l'égalité, soutenant ainsi le rapport, tant décrié par les conservateurs, de la Colibe. Yosra Frawes a fait un plaidoyer en faveur des libertés individuelles et des droits humains notamment, en ce qui concerne l'égalité de l'héritage, la dépénalisation de l'homosexualité, l'abolition de la peine de mort ou la liberté de conscience. « Pas de combat pour la démocratie sans l'égalité et les libertés individuelles. Aborder ces questions montre qui est réellement démocrate dans notre classe politique. Depuis la parution du rapport de la Colibe, nous avons constaté une campagne de dénigrement mise en place par tout un appareil politique. Des parties brandissent le référendum à chaque fois que la cause des libertés des femmes est évoquée. Des parties veulent imposer un consensus politique sur la question des libertés individuelles ! ».
La présidente de l'ATFD s'est insurgée contre la non-application des principes inscrits dans la constitution de 2014 : « A chaque fois qu'on ouvre le débat sur l'égalité, des parties nous ressortent l'histoire de l'identité et de la spécificité tunisienne, menant des campagnes soutenues par des forces étrangères. Jusqu'à quand ! Aujourd'hui, on demande au Tunisien s'il est d'accord ou non qu'on porte atteinte à son intégrité physique ou s'il veut être traité dignement. Est-ce un sujet qui nécessite un référendum ? Est-ce qu'on demande aux Tunisiens s'ils veulent ou non, recevoir des soins ? ».
Yosra Frawes a déclaré que la société civile tunisienne progressiste est habituée à ce genre de campagnes, qu'elle a tenu bon et qu'elle a réalisé des victoires, telle que l'adoption de la loi contre les violences faites aux femmes. Elle a ainsi condamné la surenchère politique autour de la question des libertés individuelles motivée par l'approche des élections de 2019. « Les fatwas et les menaces ne nous font pas peur et nous continueront à militer ! Toutefois, l'initiateur de la Colibe ne peut garder le silence contre les campagnes d'apostasie menées dans les mosquées contre les femmes et à leur tête Bochra Belhaj Hmida, parce qu'il n'y a pas lieu de garder la neutralité dans ce cas ! ».
Par ailleurs, la présidente de l'ATFD a appelé à réviser le Code du statut personnel dans sa totalité « un code qui faisait l'exception en 1959, mais qui constitue aujourd'hui un obstacle. Ils ont intérêt à ce que la Tunisienne soit soumise au sein de la famille au système patriarcal. Ils ont intérêt à ce que la Tunisienne n'hérite pas comme ses frères. Ils veulent préserver la batterie d'articles patriarcaux du CSP. Ils veulent continuer à régir nos vies à travers un code éculé qui, après plus de 60 ans, a fait son temps ! ».