« Nous avons proposé que Youssef Chahed finisse son mandat sous condition de ne pas se porter candidat en 2019. Nous estimons qu'il s'agit d'une solution de juste milieu. Maintenant si des parties veulent et tiennent à son départ immédiat avec tous les impacts que cela puisse avoir sur la stabilité du pays, qu'elles se dirigent vers un vote au parlement mais sans compter sur le soutien d'Ennahdha » a déclaré, ce mardi 11 septembre 2018, le membre du parti Abdelhamid Jelassi sur Shems FM. Abdelhamid Jelassi a souligné qu'Ennahdha appelle à une position consensuelle malgré son poids « plus important que les autres partis à l'ARP». Il ajoute : « Youssef Chahed travaille pour son propre agenda, il a toujours été du côté de nos adversaires, il n'est malheureusement pas des nôtres et tout cela ne nous dérange pas car pour nous tout ceci est une question de principe ni plus ni moins. En 2016 le limogeage de Habib Essid était une erreur, car sous le prétexte de bilan faible, certes plutôt justifié, se cachait l'échec de Nidaa et ses problèmes internes qui ont eu un impact non négligeable sur la situation. Essid ne refusait jamais de se présenter pour qu'on évalue régulièrement son bilan, mais Nidaa était trop occupé à gérer ses querelles et le gouvernent n'a pas pu bénéficier du soutien des partis de la coalition comme il le fallait et Habib Essid a été sacrifié pour qu'on n'ait à assumer aucune responsabilité. Maintenant rebelote, on veut faire la même chose, à chaque fois on va amener quelqu'un le trainer dans la boue et le démettre sans régler le vrai problème. Ennahdha a marché une fois pour préserver l'union mais cette fois nous disons stop! ».
Par ailleurs, Abdelhamid Jelassi a déclaré au sujet de la centrale syndicale : « L'UGTT est une organisation séculaire mais nous ne sommes pas dans la logique du véto. Si on entre dans les enjeux partisans qu'elle constitue un parti pour avoir un bloc au sein du parlement et faire part de ses positions. Les partis sont fragiles et c'est ce qui a donné de la marge à l'UGTT. Pour ce qui est du président de la République, il ne faut pas oublier qu'il est le président de la deuxième République et que la Constitution de 2014 lui attribue des prérogatives bien particulières. En ce qui concerne notre partenaire Nidaa Tounes, je pense que depuis 2015, ils n'ont pas compris le message des électeurs et ce message les a transformés. Nidaa Tounes était un parti de contrepoids contre Ennahdha. Après les élections de 2014, Nidaa est passé du célibataire qui proteste et qui fait ce qu'il veut à un marié qui a des responsabilités et ils n'ont pas endossé ce rôle. Malheureusement ils n'ont cessé de se chamailler depuis trois ou quatre ans et n'ont rien compris. La crise a pris de l'ampleur lors des législatives en Allemagne. Là Nidaa a perdu alors que son rival n'a même pas présenté de candidat et a fait porter la responsabilité de sa défaite à Ennahdha » a-t-il ajouté.
« Pour clore le tout, Nidaa commence à tirer sur un chef du gouvernement issu du parti et proposé par le parti. Après on dit nous l'avons mis là, nous pouvons le démettre, eh ben non ! Quand il est devenu chef du gouvernement, il est devenu le chef du gouvernement de tous les Tunisiens », a aussi affirmé Abdelhamid Jelassi.
« Le président de la République, de part son expérience, son charisme et sa position peut rétablir l'équilibre de la scène politique mais on devrait cesser de le mêler aux querelles qui ne sont pas de son rang. On parle même de reporter les élections de 2019 et cela ne nous l'accepterons jamais! Nous nous attendons à ce que Youssef Chahed soit notre rival en 2019, ce n'est pas écarté, il est jeune, il a des ambitions et c'est normal, de notre part nous n'avons pas encore étudié la question de la candidature de Rached Ghannouchi mais sommes persuadés qu'il a la capacité d'occuper avec succès chaque poste clé de l'Etat », a-t-il ajouté.