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Le jeu d'équilibriste d'Ennahdha
Publié dans Business News le 17 - 07 - 2018

Peu de réactions officielles ont été communiquées après la réunion déterminante tenue sous la houlette du président de la République. Toutefois, le bureau politique d'Ennahdha fait partie des institutions qui ont émis un communiqué à propos de la situation politique compliquée que connait le pays. Ennahdha fait part d'une position qui lui permet de neutraliser les principaux intervenants, tout en se tenant éloigné de toute implication directe.

Le 16 juillet 2018, le bureau politique d'Ennahdha, sous la présidence de Noureddine Arbaoui, a rendu public un communiqué décrivant la position officielle du parti suite à la réunion qui a eu lieu le jour même au palais de Carthage. Quelques heures seulement après la fin de ladite réunion, Ennahdha prend les devants et donne ses conditions. Ainsi, le parti de Rached Ghannouchi, après avoir valorisé le fameux consensus et flatté la politique du dialogue, appelle au maintien de Youssef Chahed à son poste et à opérer au plus vite un remaniement ministériel. On parle également de vacance de postes mais le plus important dans ce communiqué est la demande faite à Youssef Chahed de s'engager à ne pas se présenter en 2019. Son rôle se limiterait à mettre en application les réformes et les politiques décidées de manière consensuelle au cours des travaux de préparation de l'accord de Carthage II.

Pour les observateurs attentifs de la scène politique tunisienne, l'exigence d'Ennahdha de mettre Youssef Chahed de côté dans la course de 2019 n'est pas nouvelle. Rached Ghannouchi l'avait exprimé il y a près d'un an, le 1er août 2017, quand il avait asséné que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, ne devait pas se présenter en 2019. C'est dire que pour Ennahdha, Youssef Chahed est depuis longtemps une menace dans l'optique des prochaines élections, d'où cette volonté de le cantonner à un rôle d'exécutant à la Kasbah. Pour Ennahdha, Youssef Chahed ne doit pas bénéficier ou investir dans son propre bilan.
Par rapport au chef du gouvernement, Ennahdha souhaite rester dans une position conciliatrice qui lui donne une marge de manœuvre plus importante vis-à-vis des autres intervenants. Grosso modo, pour Ennahdha, Youssef Chahed doit rester chef u gouvernement mais ne doit pas avoir d'avenir politique immédiat. Il doit redresser le pays en appliquant les réformes décidées auparavant mais ne doit pas pouvoir en récolter des fruits politiques. Donc, une position de soutien masqué au chef du gouvernement qui rompt avec les positions arrêtées et désormais inflexibles comme celles du Nidaa de Hafedh Caïd Essebsi ou de l'UGTT, tous deux déterminés à faire virer Youssef Chahed dans les plus brefs délais. De son côté, Youssef Chahed se trouve dans une position où il ne peut, pour l'instant, faire l'économie du soutien affiché par Ennahdha, même si ce dernier est conditionné.

De l'autre côté, la position affichée par Ennahdha lui permet de ne pas se distancier des autres intervenants et donc de ne pas s'isoler. Pour simplifier, chacun des présents autour de la table peut se retrouver quelque part dans les propositions ou les conditions exprimées par Ennahdha. Ainsi, l'égo de Hafedh Caïd Essebsi peut être préservé avec la promesse que Youssef Chahed ne se présentera pas aux élections de 2019 et le fait qu'il y ait un large remaniement. Une demande que partage également l'UGTT qui souhaite voir un remaniement profond et qui pourrait également tolérer que Youssef Chahed reste à la tête du gouvernement. L'Utica est intéressée par les profils qui seront nommés à la tête des ministères économiques, donc l'option d'un remaniement assez large lui permet de mettre son grain de sel. Donc de quoi contenter tout le monde et de quoi reprendre l'initiative sur la scène politique tunisienne. Ceci permettrait à Ennahdha de voler la vedette au président de la République, garant et instigateur du dialogue.

Ceci nous amène vers la plus grande inconnue de cette équation politique : la position du président de la République. Au départ, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, devait seulement offrir le cadre propice au dialogue en vue de l'élaboration de l'accord de Carthage II. Il présentait le palais de Carthage comme le refuge de tous en cas de problème et comme un cadre neutre pour dialoguer librement. Encore fallait-il que ce cadre soit réellement neutre, ce qui ne semble pas être le cas. La tendresse paternelle a, visiblement, fini par prendre le dessus sur le réalisme politique. En invitant le chef du gouvernement à démissionner ou à reconquérir la confiance du parlement, Béji Caïd Essebsi n'est plus au dessus de la mêlée et prend clairement position. Au lieu de faire bénéficier Youssef Chahed d'une certaine immunité, venant du fait qu'il l'a lui-même choisi pour occuper ce poste, le président de la République se range du côté de son fils et ajoute à la complexité de la situation. Après avoir vanté, pendant de longs mois, les réalisations du gouvernement Chahed et lui a voir témoigné un soutien sans faille, le président de la République remet en question son poulain.
Au-delà de l'avis que l'on peut formuler concernant la volte face du président de la République, le principal effet de ce changement est de redonner à Ennahdha l'initiative. Comme dans une partie d'échecs, les blancs de Béji Caïd Essebsi ont perdu leur coup d'avance devant les noirs d'Ennahdha qui se trouve en position de dicter ses conditions, ce qu'il n'a pas manqué de faire.

Les hésitations, les cafouillages et les volte faces commis par les différents intervenants politiques dans ce dialogue de Carthage ont pavé la route à Ennahdha qui s'est contenté de maintenir son discours et de jouer la montre. Le seul parti assez organisé et assez solidaire pour résister à la pression de la situation politique est Ennahdha : pour les autres, les récentes défections au sein de Nidaa ont ajouté à l'empressement de Hafedh Caïd Essebsi, son père a fini par prendre position, l'UGTT souligne l'existence de la crise et est de plus pressée de virer Chahed, l'Utica tente de maintenir une position équilibrée. Au final, c'est Ennahdha qui donne le tempo et les prochaines discussions et tractions se feront sur la base de ses conditions, ce qui est déjà une victoire pour le parti de Rached Ghannouchi.


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