Le président de la République Béji Caïd Essebsi s'est exprimé dans une interview diffusée ce soir, lundi 24 septembre 2018, sur la chaîne El Hiwar Ettounsi. Retrouvez l'essentiel de l'interview menée par Myriam Belkadhi :
La catastrophe de Nabeul Le chef de l'Etat a présenté ses condoléances aux familles des victimes. C'est une catastrophe exceptionnelle. C'est une première. Je comprends que ça fait mal à tous les Tunisiens et on cherche à déterminer les responsables. Il y a une part de vérité, mais ce n'est pas tout. C'est une catastrophe naturelle inévitable. Ça arrive même dans les pays développés. Le gouvernement a fait de son mieux. Le gouvernement doit établir un programme de réaménagement national, pour rétablir la situation. La fin de règne de Bourguiba et la période actuelle ll n'y a aucune comparaison. La situation actuelle est plus difficile, et l'état de santé de Bourguiba était déplorable à cause de ce qu'il a enduré. Cependant il a réalisé des exploits dont la libération de la femme, l'éducation…La différence entre la fin de règne de Bourguiba et la période actuelle est ce que nous avons une constitution et des mécanismes constitutionnels. Je l'assure : les élections auront lieu à la date fixée ! Tant que je suis là, je veillerai au respect de délais. La campagne 2019 et sa candidature à la présidentielle Malheureusement, la campagne a commencé avant l'heure. Cependant, chacun est libre de se présenter et on ne peut pas empêcher quiconque de son droit constitutionnel. Cela dit, rien ne garantit le succès d'un candidat ou d'un autre. J'ai le droit de me représenter, mais ce n'est pas sûr que je le ferai. Chaque chose en son temps. La crise politique à Nidaa et Hafedh Caïd Essebsi Tous les partis politiques sont dans la même situation que Nidaa Tounes. C'est le cas du parti de [Moncef] Marzouki. HCE est mon fils à la maison, dehors c'est un citoyen comme les autres. C'est une injustice de dire que je favorise mon fils. Cela dit je ne suis pas satisfait du rendement de Nidaa. Dans les enfants, il y a le bon grain et il y a l'ivraie. D'ailleurs, qu'est ce qui empêche les nidaïstes de virer Hafedh s'il ne leur convient plus ? Qu'ils se réunissent et s'accordent entre eux ! Cela dit, le congrès de Nidaa se tiendra en janvier 2019 et que le meilleur gagne ! Ceux qui appellent au retrait de Hafedh Caïd Essebsi ne le font pas d'eux-mêmes, mais agissent dans le cadre d'une campagne déterminée. En tout cas, personne ne bénéficie de mon soutien absolu. Je n'ai pas de conseil à donner à HCE, ce n'est pas moi qui l'ai nommé mais le comité des 13.
Hafedh Caïd Essebsi vs Youssef Chahed Si HCE et Youssef Chahed venaient à quitter, le pays n'en souffrirait pas. Si Hafedh Caïd Essebsi partait, je n'en pleurerai pas. Je suis responsable de tout, mais je ne peux pas limoger Youssef Chahed. Je lui donne des conseils, mais je n'ai pas de pouvoir sur lui.
Le gouvernement de Youssef Chahed
Il n'y a plus de gouvernement d'union nationale. Les gens sont divisés à ce sujet. Je n'ai rien contre lui, si c'était le cas j'aurai activé l'article 99, mais c'est moi qui l'ai proposé et je veux qu'il réussisse. Je lui ai conseillé de se rendre au parlement pour obtenir la confiance des députés afin qu'il ait plus de légitimité. Il obtiendra ainsi une légitimité qui fera taire tout le monde. C'est moi qui ai choisi Youssef Chahed et j'estime avoir bien choisi. Il acccomplit son devoir, les choses ne sont pas faciles, mais Youssef Chahed a mal choisi son entourage.
Le président de la République, élu au suffrage universel n'a pas de prérogatives, et le chef du gouvernement désigné par le président de la République, possède toutes les prérogatives. Les relations avec Ennahdha Ma relation avec Ennahdha est interrompue sur initiative d'Ennahdha qui a décidé de changer de camp. J'ai discuté avec Rached Ghannouchi et politiquement, nous ne sommes plus d'accord. J'espère qu'ils réussissent, même si j'en doute. Je l'avais dit à Ghannouchi lors de la rencontre de Paris et je le répète encore aujourd'hui : La patrie avant les partis. Et avec la centrale syndicale Personne ne peut ignorer l'UGTT. C'est une organisation historique et nous devons cohabiter avec elle. Je soutiens l'UGTT dans ses revendications légitimes. La grève générale, on en parle que lorsqu'elle aura lieu. Une sortie par la grande porte Je ne sortirai que par la grande porte parce que j'ai la conscience tranquille, et je n'ai pas d'ambitions personnelles. Quand, je sens que je dois parler aux Tunisiens je le fais. On dit que je suis âgé, celui qui possède mes capacités mentales qu'il se présente. Nous devons modifier la loi électorale et la constitution, mais ce ne sera pas à moi de le faire.