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Lettre à Ghannouchi Ennahdha sur le fil du rasoir
Publié dans Business News le 03 - 10 - 2018

Alors qu'Ennahdha est sous les projecteurs après la publication de documents l'incriminant dans les assassinats politiques, voilà qu'une lettre, signée par des dirigeants islamistes et adressée au cheikh en chef, fait son apparition dans les médias. Une correspondance qui a titillé la curiosité des Tunisiens férus de connaitre les dessous d'un mouvement qui cultive le secret quant à ses affaires internes.

Une fois n'est pas coutume, une lettre à l'adresse de Rached Ghannouchi signée par ses plus proches frères du mouvement, fuite dans les médias. Une lettre qui aurait été rédigée à l'initiative du conseiller politique du Cheikh, on nommera Lotfi Zitoun. Une missive où les dirigeants du parti islamiste s'expriment ouvertement à propos de la position d'Ennahdha vis-à-vis du conflit qui oppose Carthage à la Kasbah. Le mécontentement de la politique menée par le président du mouvement est évident. Dans l'impossibilité de joindre Lotfi Zitoun afin qu'il nous donne sa version, Abdelfattah Mourou est venu, aujourd'hui, confirmer l'existence de cette correspondance et les dissidences au sein du parti.

Entre Carthage et la Kasbah, un conflit dangereux
Le constat est clair : La Tunisie passe par une crise politique, qui se résume en « un conflit ouvert et dangereux » entre les deux têtes de l'exécutif. On installe le décor. Les critiques envers les choix de Rached Ghannouchi, face à ce conflit, seront exposées point par point.

Au cours du 10ème congrès d'Ennahdha, les participants ont abordé justement ce point et ont anticipé cette crise, comme l'indique d'ailleurs un extrait du manifeste politique issu du dernier congrès. C'est ainsi que les congressistes avaient estimé que la répartition des prérogatives entre le président de la République et le chef du gouvernement, constitue un facteur de complication sur la scène politique. Et c'est ainsi aussi que le rôle de la Cour constitutionnelle entre en jeu afin de régler les éventuels litiges. Un rôle « dangereux et influent », selon eux, tenant compte de l'actuel système politique, dans la mesure où la Cour constitutionnelle sera le seul organe compétent qui interprétera les dispositions de la constitution relatives aux prérogatives de chacun.
Les signataires de la lettre, dont les noms n'ont pas encore été divulgués, se désolent du fait que cette prise de conscience n'ait pas été traduite par l'élection des membres de la Cour, aujourd'hui en suspens.
Ce qu'ils reprochent à Rached Ghannouchi, c'est qu'il ne se soit pas attelé à préserver l'équilibre entre les deux pôles de l'exécutif, « alors qu'il était en charge de gérer la politique de consensus avec les institutions de l'Etat et à sa tête la présidence de la République ».

Les Nahdhaouis estiment que Rached Ghannouchi a impulsé le changement de la position politique du parti, en se basant sur deux considérations. La première étant de juger le maintien du gouvernement Chahed comme seul moyen d'assurer la stabilité politique. La deuxième étant que de la division, entre le Nidaa de Hafedh Caïd Essebsi et le Nidaa de Chahed, le dernier en sortira gagnant, d'où la nécessité de changer le consensus au profit du clan Chahed.
« Vous nous aviez affirmé que le président de la République était neutre dans ce conflit, qu'il ne voulait pas évincer le chef du gouvernement et qu'il était en rupture, sur ce point, avec son fils. Il s'est avéré après que le président tenait au départ de Chahed. On s'est rendu compte qu'il était en position de faiblesse, qu'il ne savait pas quoi faire et que la conjoncture internationale était contre ses aspirations ».

Ghannouchi a impliqué Ennahdha dans la lutte interne de Nidaa
Les signataires décortiquent la stratégie de Rached Ghannouchi qui, selon eux, pensait que le moment était venu pour Ennahdha de changer les règles du consensus en s'adossant sur sa victoire écrasante aux dernières municipales. Une démarche également renforcée par le fait que les partenaires étrangers soutiennent désormais la position d'Ennahdha, ne s'opposant pas à ce qu'il prenne le pouvoir, voire même qu'il présente un candidat à l'élection présidentielle.
« Au fil du temps, on est passé d'une position politique à un plan stratégique, qui nous semble contredire la politique de consensus que nous avions choisi et cela sans se référer aux structures du parti ».
C'est dans ce sens que les leaders d'Ennahdha reprochent à Rached Ghannouchi d'avoir impliqué le mouvement dans la lutte interne que traverse Nidaa Tounes et d'avoir choisi le camp de Chahed. Ils ne mâchent pas d'ailleurs leurs mots à l'encontre du clan du chef du gouvernement « qui a montré ses ambitions, son autoritarisme, l'exploitation de son influence et des rouages de l'Etat pour rallier des partisans, notamment en formant un bloc parlementaire n'ayant aucune légitimité ».
Ce positionnement d'Ennahdha a provoqué, d'après la lettre, l'une des plus grandes crises en Tunisie, en plus d'avoir généré un blocage au niveau du parlement. Le conflit au sein de Nidaa Tounes est considéré comme plus complexe qu'il n'y parait, des intérêts régionaux, politiques, financiers et même externes entrant en collusion.

Se méfier de Youssef Chahed
Pour les signataires, le Nidaa de 2013, que Youssef Chahed a évoqué, est en train de se recomposer afin de former une ceinture autour du chef du gouvernement, et tous les indicateurs montrent la possibilité d'un retour à la polarisation et aux conflits ayant caractérisé cette période. Ce qui les inquiète, c'est qu'il ne soit pas exclu qu'une majorité parlementaire (109 sièges) se forme, en excluant de fait la politique du consensus.
Très critiques envers Rached Ghannouchi, les signataires concluent que le nouveau choix politique, « contraire aux principes du 10ème congrès d'Ennahdha qui soutient le consensus dans sa première forme », met Ennahdha dans une situation embarrassante.
« D'un côté, si nous votons contre le gouvernement, Ennahdha sera associé à l'image d'un parti qui fait primer son intérêt sur celui de la nation. De l'autre, si nous donnons la confiance au gouvernement, nous aurons rompu tous les canaux avec le président de la République et ouvert la voie à une nouvelle phase de tensions ».

Le ton monte, les choix de Ghannouchi nuisent au mouvement
L'inquiétude des dirigeants islamistes est réelle, en l'occurrence quand ils évoquent la possibilité d'une situation explosive où l'Armée interviendrait pour empêcher l'effondrement des institutions de l'Etat si la crise entre Carthage et la Kasbah venait à s'aggraver.
« Le fait que vous entrainiez le parti, sans consultation, sans vision claire de l'avenir et sans garanties, amènera à l'échec de la transition démocratique en Tunisie, une transition que nous considérons comme notre priorité ».
A Rached Ghannouchi, on fait porter la responsabilité des périls qui menacent le parti et la patrie. Le ton de la lettre est assez tendu d'ailleurs quand les leaders d'Ennahdha l'appellent à un retour immédiat au consensus et à rétablir la relation avec Béji Caïd Essebsi. « La solution à la crise actuelle est de maintenir l'équilibre entre les institutions de l'Etat sur la base du consensus. Cela nécessite que le mouvement cesse de s'engager dans le conflit entre les deux têtes de l'exécutif en prenant partie pour un camp au détriment de l'autre. Vous ne pouvez omettre que le président de la République est le symbole de l'Etat. Porter atteinte à ce consensus ne peut être considéré que comme un reniement des conclusions du 10ème congrès ».

Voilà qui est dit. Il est rare de voir Ennahdha étaler son linge sale au vu et au su de tous, plus rare encore de voir les dirigeants islamistes adresser des critiques frontales à leur chef. La crise politique entre Carthage et la Kasbah a fait éclater au grand jour les dissidences au sein du parti réputé le plus solide de la place. Ennahdha est certainement dans une position délicate, le consensus sur lequel s'articule sa stratégie volant en éclats.


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