Nidaa Tounes semble plus que jamais décidé à en découdre avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui se cramponne toujours à son douillet fauteuil même après avoir perdu le soutien de son propre camp. Dans un communiqué publié dans la soirée du lundi, la formation dont est issu le locataire du palais de la Kasbah a annoncé que «les ministres de Nidaa Tounes ont donné à la direction du parti le soin de prendre toutes les décisions politiques idoines concernant la question gouvernementale». Le même communiqué, publié par Nidaa Tounes fait suite à une réunion entre les ministres du vainqueur des législatives d'octobre 2014 (avant qu'il ne soit relégué au rang de second groupe parlementaire après celui du mouvement Ennahdha, en raison de multiples scissions, Ndlr) et le directeur exécutif du parti, Hafedh Caïd Essebsi. Il affirme que les ministres ont également exprimé leur «rassemblement inconditionnel autour du Président de la République, Béji Caïd Essebsi, qui constitue le principal garant de la stabilité de l'Etat». Etaient présents à cette réunion la ministre du Tourisme Salma Elloumi Rekik, la ministre de la Jeunesse et des Sports Majdouline Cherni, le ministre de l'Industrie et des PME Slim Feriani, le ministre de l'Education, Hatem Ben Salem, ainsi que trois secrétaires d'Etat. Le président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, Sofiene Toubel, le conseiller auprès du président de la République Noureddine Ben Ticha, le dirigeant revenant Ridha Belhaj et le coordinateur du parti à l'étranger, Raouf Khamassi, ont également pris part à cette réunion. Un départ en bloc n'est pas exclu Selon le chargé des affaires politiques du parti, Borhen Bessaies, les ministres qui étaient absents pour des raisons professionnelles auraient également confié leur avenir au sein du gouvernement à la direction du parti. Il s'agit du ministre du Transport, Radhouane Ayara, du ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, du ministre de l'Economie et des Finances Ridha Chalghoum, et du ministre des Affaires cultures, Mohamed Zinelabidine. «Tous les ministres doivent se conformer aux décisions prises par leur parti respectif. C'est en fait la règle dans un régime parlementaire, puisqu'un ministre ne peut accéder à un tel poste qu'à travers son parti», a souligné Borhen Bessaies sur les ondes de Shems FM. Le chargé des affaires politiques de Nidaa Tounes a également fait savoir qu'un départ en bloc des ministres de Nidaa Tounes n'est pas exclu. «Le parti se maintient aux 64 points du pacte de Carthage 2 », a-t-il dit. Le 64ème point du pacte de Carthage 2 énonce un remaniement global incluant le chef du gouvernement et constitue la principale pomme de discorde entre les principaux signataires de ce pacte censé fournir le programme du gouvernement d'union nationale. Nidaa Tounes et l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) s'attachent mordicus au départ de Youssef Chahed, tandis que le mouvement Ennahdha est favorable à son maintien. Ennahdha change de position? Le mouvement Ennahdha semble cependant avoir changé son fusil d'épaule après la rencontre tenue dans la matinée du lundi au Palais de Carthage entre Béji Caid Essebsi et Rached Ghannouchi. A l'issue de ce tête-à-tête entre les deux vieux briscards de la scène politique tunisienne, le président du mouvement islamiste, Rached Ghannouchi, a déclaré avoir tenté d'obtenir une nouvelle chance pour relancer le processus de consensus avec le président de la République, insistant sur l'application des divers points du pacte de Carthage. Certains analystes ont cru déceler dans ces propos un retrait du soutien de la part du parti islamiste au chef du gouvernement. Dans ce cadre, une rencontre entre le président de la République et le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, s'est tenue hier à Carthage. A l'issue de cette rencontre, le numéro un de la puissante centrale syndicale a notamment exhorté toutes les parties à «assumer leur entière responsabilité historique devant le peuple», face à «une situation, aujourd'hui, intenable». Les tensions entre le chef du gouvernement et l'UGTT ont atteint leur paroxysme, après la décision du locataire de la Kasbah de limoger le ministre de l'Energie et de dissoudre ce ministère sur fond d'une affaire de corruption très controversée. Commentant ce limogeage, l'organisation syndicale écrit sur sa page officielle que «le temps est venu pour que cessent l'incapacité, l'improvisation et le complot». Selon certains observateurs, les jours de Youssef Chahed au palais de la Kasbah sont désormais comptés…