Naoufel Amira, vice-président du Syndicat des propriétaires de pharmacies privées, est revenu sur leurs démêlés avec la Cnam. Il a ainsi estimé que depuis la fin de la convention le 20 octobre dernier, la caisse était en train de se faire des économies sur le dos des malades, ses adhérents, en refusant de les rembourser alors qu'elle continue à percevoir leurs cotisations. Selon lui, l'organisme pouvait trouver un système transitoire pendant les 2 à 3 mois de négociation, mais il a préféré rester dans cet état d'illégalité. M. Amira a expliqué, ce lundi 3 décembre 2018 au micro de Hamza Belloumi dans l'émission La Matinale sur Shems Fm, que le syndicat a envoyé un courrier à la Cnam depuis le 29 février 2018 pour renouveler la convention, or les autorités de tutelle n'ont réagi que le 8 octobre alors que la convention finissait le 20 octobre. Il a rencontré Mohamed Trabelsi à cette date et depuis aucun contact. Le vice-président du Syndicat des propriétaires de pharmacies privées a martelé que la Cnam n'a jamais respecté au cours des 10 dernières années, ni au niveau technique ni au niveau financier, l'accord passé avec les pharmaciens. Et de rappeler qu'il s'agit la 3ème crise avec la Cnam (2014, 2016 et 2018) et qui concerne toujours le même sujet : la non-application de la convention. «Pour évaluer la Cnam, c'est un organisme public bénéfique à l'ensemble du pays, qui permet aux citoyens le remboursement d'une partie des frais de soin qui sont relativement chers. Aujourd'hui, le problème est légal et non pas humanitaire. La Cnam n'est pas prête aujourd'hui à entrer dans un système légal clair avec les prestataires de services de santé, notamment les pharmaciens qui sont les seuls à engager un capital dans cette affaire. Elle est incapable d'effectuer un règlement en 90 jours, n'ayant pas les fonds nécessaires : la CNRPS la payant mensuellement et la CNSS trimestriellement», a indiqué Naoufel Amira. Et d'ajouter : «70% des pharmaciens sont en crise à cause de ces retards de payement : on ne va pas recommencer une expérience qui a échoué. Il faut tester d'autres solutions. Nous avons proposé le prolongement des délais de payement des pharmaciens envers la Pharmacie centrale, sachant que les pharmaciens, s'ils veulent bénéficier de prix préférentiels, doivent payer au comptant sinon dans un délai compris entre 40 et 60 jours. Dans tous les cas les délais sont inférieurs à celui du remboursement de la Cnam : les pharmaciens réclament 90 jours pour être au même diapason. Nous avons également proposé une amnistie pour les pharmaciens sur les pénalités de retards pour les déclarations fiscales et sociales car il n'est pas normal que l'Etat, à travers ses structures, ne nous paye pas puis nous pénalise alors qu'en contrepartie, nous n'avons pas le droit d'appliquer des pénalités de retards. Nous avons enfin proposé d'accorder un avantage fiscal aux pharmaciens qui sont situés dans des zones intérieures défavorisées. Malgré le fait que ces revendications ne sont pas difficiles et n'ont aucune répercussion financière pour l'Etat, elles n'ont pas été retenues. Les autorités ne veulent pas dialoguer, elles veulent imposer leur dictat !» M. Amira a précisé que l'Ordre national des pharmaciens a déjà exprimé son refus des conventions individuelles et que le ministère veut diviser les professionnels. Il considère que tout ceci est une aberration sachant que le ministère décide du dispatching géographique des pharmacies, que les conventions individuelles de tous genres sont interdites et que les prix sont fixés par le ministère du Commerce : ils sont homologués et la concurrence est interdite.