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Abdelkrim Zbidi, il vient de commencer qu'il a déjà peur
Publié dans Business News le 28 - 08 - 2019

En politique, tout est une question de perception, c'est une règle. Alors que la campagne électorale vient de commencer, le candidat à la présidentielle Abdelkrim Zbidi donne l'image d'avoir peur. Vraie ou fausse, c'est la perception qu'il vient de donner après avoir refusé de se présenter sur le plateau de « Saken Carthage », l'émission politique de Boubaker Ben Akecha sur la chaîne Attessia.

Les plateaux télévisés consacrés à la politique ne sont pas nombreux. Devant l'absence affligeante d'une émission digne de ce nom sur les deux chaînes publiques, les privés s'en sont donné à cœur joie. Et contrairement au service public, les chaînes privées ont une vision et une ligne éditoriale qui leur est propre. Une ligne qui n'est pas et n'a pas à être neutre, mais se doit cependant d'être objective et équilibrée. En la matière, deux émissions se distinguent du lot, dans le paysage télévisé, celle de Boubaker Ben Akecha, sur Attessia (réalisée en partenariat avec Business News et l'Institut arabe des chefs d'entreprise) et « Tounes el yawm » que présente l'inégalable Myriam Belkadhi sur El Hiwar Ettounsi.
Le concept des deux émissions est quasiment le même que celui observé dans les grands médias des pays occidentaux. On invite un candidat et on le presse de questions afin de connaitre son programme et ses limites et faire ressortir ses qualités et ses défauts. Si les questions de l'interview se doivent d'être pertinentes, objectivité oblige, leur virulence varie selon la tête de l'invité et la ligne du média. Une chaîne à orientation islamiste comme Zitouna TV ménagera inévitablement un candidat islamiste ou « révolutionniste » et s'approchera du mieux qu'elle peut de la propagande avec des candidats comme Moncef Marzouki, Kaïs Saïed ou Seïfeddine Makhlouf. Elle fera l'impasse sur les mensonges du premier ou l'évasion fiscale du dernier. Sur des chaînes à tendance progressiste et laïque comme El Hiwar ou Attessia, on s'arrêtera sur toutes les « petites bêtes » face à de tels candidats et on cherchera toute incohérence dans leurs propos ou leurs programmes.
Ce concept de ligne éditoriale et la différenciation que l'on fait entre un média public, obligé d'être à équidistance entre tous les candidats, et un média privé, a du mal à être accepté par un pan du public et des candidats qui appellent à la neutralité ! Sauf qu'il est impossible d'être neutre face à un populiste comme Bahri Jelassi et une chaîne privée n'est pas une boîte aux lettres destinée à transmettre le message propagandiste d'un candidat.

Ce monde des médias est totalement inconnu pour le candidat Abdelkrim Zbidi. Médecin, haut cadre de l'Etat, ministre de la Défense, la communication et lui ça fait deux. Cela s'est vu et bien vu dans l'unique prestation télévisée de M. Zbidi jeudi 22 août chez Myriam Belkadhi. Les personnes averties qui ne cherchent que le fond verront dans cette prestation un excellent candidat capable de devenir président de la République et de bien diriger le pays. Le regard des néophytes, soit l'écrasante majorité de la population (et c'est comme cela partout dans le monde), n'ont vu dans cette prestation qu'un candidat hésitant, qui a du mal à articuler ses réponses, à trouver la répartie et rassembler ses idées. En termes de perception et de communication pure, la prestation de Abdelkrim Zbidi peut être considérée comme une catastrophe.
Son équipe de campagne devait rétablir la situation et trouver une solution. Elle n'a qu'une seule alternative : soit jouer à la « Chirac » et ne rien faire pour maintenir sa position confortable dans les sondages. Avec le risque de maintenir le doute autour des véritables compétences du poulain puisque les observateurs s'accordent tous à avouer ne pas connaitre grand-chose sur lui. Soit prendre le risque d'affronter les journalistes, aussi partisans soient-ils, et transmettre les messages adéquats aux électeurs. En résumé, pour cette deuxième option, il s'agit de faire sa campagne d'une manière classique et de n'avoir peur de rien.
L'autre option, très moderne, de faire sa campagne exclusivement sur les réseaux sociaux avec un quasi-boycott et un dénigrement à outrance des médias traditionnels (comme l'ont fait avec succès Donald Trump et Giuseppe Conte) n'est retenue par aucun des favoris. Seuls ceux classés au bas de l'échelle, et pour des raisons de limites budgétaires, ont privilégié les réseaux sociaux.
Abdelkrim Zbidi a donc choisi la première option dans un premier temps et a accepté le jeu de l'interview. Au lendemain de son émission chez Myriam Belkadhi, le doute est insufflé, mais il n'a pas encore changé de bord.
Vendredi dernier, il rencontre le journaliste Boubaker Ben Akecha et convient avec lui d'une émission le jeudi 29 août. Elle passera, comme toutes les autres, en direct et viendra deux jours après celle consacrée à Youssef Chahed.
Les deux candidats puisant dans le même vivier électoral, il y a un gros avantage pour celui qui passe après l'autre à l'émission. Devenu érudit de la communication grâce à trois années passées à la présidence du gouvernement et son conseiller hors-pair Mofdi Mseddi, Youssef Chahed voit le coup venir et se débrouille (on ne sait trop comment d'ailleurs) pour faire reculer son rendez-vous à vendredi. Soit au lendemain de l'interview planifiée de Abdekrim Zbidi. C'était suffisant pour semer le doute sur l'impartialité de l'émission. Le candidat rebondit sur l'occasion pour changer de tactique et choisir la première option « à la Chirac ». On ne dira pas de lui qu'il a peur, on dira juste qu'il refuse d'aller à une émission où les dés seraient pipés.
Dans un post Facebook publié mardi soir, il nie carrément avoir planifié un rendez-vous avec Boubaker Ben Akecha, assurant qu'il ne sera pas l'invité d'un journaliste « réputé pour son service de l'agenda d'un certain candidat à la présidentielle ». Tout étant une question de perception, on comprend que l'interview n'a pas du tout été programmée et que Boubaker Ben Akecha a tout inventé. Dans les commentaires, on dévoile le « certain candidat », à savoir Youssef Chahed et on prend pour preuve le fait qu'il ait accepté de lui faire décaler son interview à vendredi au lieu du mardi.
N'étant pas né de la dernière pluie, le journaliste réagit au quart de tour pour démentir catégoriquement et préciser qu'il a bel et bien convenu d'une interview, jeudi 29 avec M. Zbidi. Il se permet même une dose de cynisme en donnant le lieu et la date de leur rendez-vous durant lequel ils ont convenu de la date de l'interview et qui s'est passé devant plusieurs témoins, dont l'attaché de presse du ministère de la Défense. Et de s'interroger sur la légalité de la présence d'un fonctionnaire de la Défense aux côtés d'un candidat à la présidentielle. Il renouvelle, en conclusion, l'invitation et lui laisse le choix de la date (sous-entendu, vous pouvez passer après Youssef Chahed) tout en lui garantissant l'impartialité de la rencontre ! Que peut demander de plus un candidat d'un journaliste qui tient, avec ce démenti, à préserver son honneur bafoué.

Quelle perception peut-on tirer de tout cela, puisqu'en politique tout est une question de perception ? Que Abdelkrim Zbidi a peur ! Voilà le message qui se dégage de cette dérobade justifiée par des arguments irrecevables. Car quand bien même Boubaker Ben Akacha ne serait pas un journaliste respectueux de l'éthique (cela se saurait !), Abdelkrim Zbidi aurait dû y aller quand même s'il voulait donner l'image d'un candidat sûr de lui et capable d'affronter n'importe qui, y compris ses ennemis, surtout ses ennemis ! Si un candidat est incapable d'affronter un journaliste hostile (et un journaliste qui se respecte se doit obligatoirement d'être hostile, incisif et offensif), comment demain peut-il affronter tous ceux qu'il doit croiser au palais de Carthage ?
Même si cela est faux, même si Abdelkrim Zbidi n'a pas peur et est capable d'affronter quiconque, la perception de son refus est juste et vraie, car on ne peut pas commander et juger la perception de son auditoire. Et dans cet épisode avec Boubaker Ben Akecha, Abdelkrim Zbidi sort doublement perdant, alors qu'il n'est sorti que perdant après son interview chez Myriam Belkadhi.
Sans aucun doute, Abdelkrim Zbidi pense aux chiffres de ses sondages et estime que sa stratégie de ne rien faire est le meilleur moyen de ne pas se tromper et de préserver sa longueur d'avance. Sauf qu'il y a un gros souci, c'est que tout le monde ne connait pas Abdelkrim Zbidi et ses positions par rapport aux différents sujets. Gagner une élection en s'abstenant de faire campagne, parce qu'on n'est pas suffisamment communicateur et charismatique à la télé, cela ne s'est jamais vu.

Abdelkrim Zbidi a, certes, un gros problème de communication et il se doit de le résoudre plutôt que de jouer à l'autruche. Il a sans aucun doute plein de choses à dire et il réussit à convaincre les personnes avisées, celles de son entourage et ceux de son âge. Mais dans une élection, on se doit de brasser plus large, bien plus large et il n'y a que les médias, les grands médias, pour ce faire !


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