Le chef du gouvernement chargé des affaires courantes, Youssef Chahed a accordé, ce soir du mercredi 18 décembre 2019, une interview spéciale, diffusée simultanément sur la chaîne Al Wataniya 1 et Attessia pour revenir sur plusieurs points faisant le point de l'actualité. Le chef du gouvernement Youssef Chahed a assuré que pour juger le bilan de son gouvernement, il est nécessaire de rappeler le contexte dans lequel il a pris le pouvoir. « Le gouvernement a été mis en place dans une conjoncture difficile, tenant compte de la situation sécuritaire critique. Il y avait des priorités, et à l'époque, il fallait les mettre en place. Il ne pouvait y avoir d'investissement, ni de croissance dans cette situation. Aujourd'hui, la situation sécuritaire est maitrisée ». Youssef Chahed a affirmé que les finances publiques se sont améliorées et les tendances sont positives.
Youssef Chahed a affirmé que les finances publiques se sont améliorées et les tendances sont positives. « Toutefois, nous avons dû prendre des mesures difficiles, notamment, sur le plan fiscal. Mais, nous commençons à voir des résultats. Nous devons réduire le déficit budgétaire, mais cela à augmenter l'inflation. Nous avons, également, pris plusieurs mesures sociales en faveur des familles démunies ». Revenant sur la lutte contre l'évasion, Youssef Chahed a estimé que le gouvernement a déployé plusieurs efforts dans ce sens. « Mais que voulez-vous que nous fassions lorsque des évadés fiscaux ont le droit de se présenter aux élections? Nous n'avons pas eu le soutien politique nécessaire ». Il a ajouté: « il ne faut pas confondre le Loi de Finances et le Code de l'Investissement. On ne peut tout inclure dans la LF. Il y a d'autres champs pour le faire ». Youssef Chahed a souligné que « la production du phosphate enregistrée en 2019 fait partie des meilleurs résultats depuis des années. Quant aux établissements publics, nous n'avons eu aucun appui politique pour pouvoir intervenir. Nous ne sommes pas dans notre tour d'ivoire et nous sommes conscients qu'il y a des choses que ne se sont pas améliorées. Aujourd'hui, le défi du prochain gouvernement, est de faire parvenir aux citoyens l'amélioration des indicateurs macroéconomiques ». Le chef du gouvernement a indiqué qu'il a rencontré Habib Jamli. « Je lui ai fait part de mon expérience, notamment la nécessité d'avoir un réel soutien politique ». Toujours dans le même contexte, il a indiqué : « le président défunt, Béji Caïd Essebsi est l'artisan du consensus avec le mouvement Ennahdha. Cela a apaisé le pays. Mais, il ne faut pas continuer dans un faux consensus. A l'époque, j'ai même proposé à Béji Caïd Essebsi de démissionner mais, il a refusé. Le mouvement Ennahdha ne s'est pas servi de moi pour isoler Béji Caïd Essebsi ». D'autre part, il a indiqué : « Certains n'ont pas tiré les leçons des dernières élections. L'élection de Kaïs Saïed doit être enseignée dans les plus grandes écoles ». Il poursuit : « Béji Caïd Essebsi a été le garant de l'équilibre avec Ennahdha. Les dernières déclarations du mouvement Ennahdha ne pouvaient avoir lieu si Béji Caïd Essebsi était là ». Au sujet de sa candidature à la présidentielle et la création de Tahya Tounes, il a considéré : « J'ai certainement fait des erreurs. Je suis jeune et ambitieux et je me suis lancé sur plusieurs fronts. J'ai défendu les objectifs de révolution, notamment le népotisme et le pouvoir de la famille, une des principales causes de la révolution. Si c'était à refaire, je le ferai ». Revenant sur les dernières nominations au sein de l'administration, le chef du gouvernement a indiqué qu'il n'y a pas de nominations de dernière minute. « Il y a ce qu'on appelle la continuité de l'Etat. Nous ne pouvons laisser des postes vacants en attendant la mise en place du prochain gouvernement ». Quant à sa relation avec le président de la République, Kaïs Saïed, il a indiqué qu'il a ressenti la sincérité du nouveau président estimant qu'il est tout à fait naturel qu'il y ait de bonnes relations entre les deux têtes de l'exécutif. Toutefois, il a tenu à assurer qu'il n'est pas candidat au poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jamli.
Et à Youssef Chahed de conclure, en estimant que toute la classe politique se doit de reconsidérer sa politique, mettant un terme à la fuite en avant et tirer les leçons des résultats des dernières élections en plaçant les jeunes au cœur de leur centre d'intérêts.