Vous avez annoncé le 13 mars courant une batterie de mesures sanitaires pour parer au Coronavirus. Nul ne les a contestées et vous avez, dans ce registre, le soutien de tous et notamment des opérateurs du tourisme au sens large malgré les terribles conséquences qu'ils vont avoir sur leurs activités. Cependant, votre intervention a laissé sur sa faim le tissu économique pour lequel vous n'avez pas eu le moindre petit mot, ne serait-ce que pour lui donner une lueur d'espoir, une note de soutien, fut-il moral.
Vous qui avez été proche des sphères touristiques, vous connaissez mieux que quiconque la situation de fragilité dans laquelle se trouvent les entreprises qui agissent directement ou indirectement dans ce secteur.
En prenant vos décisions, vous avez certainement anticipé le fait que des centaines d'hôtels, petits et grands, vont probablement fermer dès la semaine prochaine faute de clients et d'activité. Vous n'ignorez pas que le millier d'agences de voyages que compte le pays, toutes spécialités confondues (transport touristique, tourisme local, MICE, Omra, billetterie aérienne…) est quasiment en arrêt de productivité. Vous savez pertinemment aussi que des centaines, si ce n'est des milliers de PME, qui sont rattachées à l'activité tourisme et événementiel, sont à l'arrêt complet.
Sauf que ces entreprises ne sont pas des multinationales avec un cash-flow suffisant pour surmonter les crises. Elles sont loin de disposer de la trésorerie suffisante pour survivre à une interruption d'activité d'un, deux ou trois mois dans le meilleur des cas. Première décision douloureuse qu'elles vont devoir prendre dès le début d'avril : se délester d'une partie de leur personnel avec les conséquences que je vous laisse imaginer.
Ces PME, M. Fakhfakh, ne demandent pas de l'aide directe de l'Etat, connaissant parfaitement la situation des finances publiques. Elles demandent à survivre quelques mois, avec l'espoir de voir la courbe de la pandémie s'inverser. Et pour survivre, elles ont besoin de liquidités pour continuer d'abord et avant tout à payer leurs salariés. Ensuite pour s'acquitter de leur dus essentiels tels que loyers, échéances de crédits et autres.
Sauf qu'en bons contribuables, l'échéance du 25 mars pour le paiement de la 4e tranche d'impôts correspondant à l'exercice 2019 va gravement affecter leurs trésoreries en l'absence de nouvelles entrées d'argent. Ce que ces petites et moyennes entreprises demandent, ce n'est qu'un report d'échéances de 6 mois par exemple. Echéances fiscales, et pourquoi pas aussi sociales avec la CNSS. Et pourquoi pas aussi avec les banques qui pourraient supprimer les pénalités de découvert par exemple. Que STEG et SONEDE lèvent le pied à l'égard de leurs grands comptes quelques mois.
Vous nous répondrez que l'Etat n'a pas les moyens de se priver de ces ressources fiscales essentielles à cette période de l'année ? Alors dans ce cas, ces entreprises s'acquitteront de leur devoir fiscal, probablement pour la dernière fois, car faute de leur avoir accordé un répit, beaucoup d'entre-elles n'y survivront pas et ne seront plus là sur le très court-terme, victimes collatérales du Coronavirus.
Vous aurez alors sur la conscience la mort de milliers de PME et start-up qui contribuaient à l'investissement, à l'emploi et aux finances de l'Etat, modestement, mais avec conviction et patriotisme.
Hédi HAMDI journaliste spécialisé dans le tourisme et le transport aérien, éditeur, dirigeant de PME