La Chambre des conseillers a tenu, mercredi, une séance plénière pour l'examen du projet de loi habilitant le Président de la République par intérim à promulguer des décrets-lois, conformément aux dispositions de l'article 28 de la Constitution tunisienne. Les conseillers ont été unanimes à mettre en exergue l'importance de la révolution de la jeunesse de Tunisie, la qualifiant de "Révolution pour la liberté et la démocratie", "Révolution pour la dignité" et "Révolution pour la véritable indépendance, les droits de l'Homme et l'éradication de la corruption et des abus". Les intervenants n'ont pas caché leurs craintes de voir la révolution populaire dévier de son chemin et de ses nobles objectifs et principes, évoquant les tentatives des réactionnaires cherchant à terroriser les citoyens et porter atteinte aux acquis du pays et du peuple. Ils ont, en outre, appelé à soutenir l'action du gouvernement provisoire et à accélérer le rythme du développement global et équitable. Ils ont souligné que l'adoption de ce projet de loi servira l'intérêt de la Tunisie, en cette étape délicate. Des conseillers ont, d'autre part, mis l'accent sur l'importance de la solidarité et de l'entraide entre les différentes catégories de la société, ainsi que sur la nécessité de veiller à l'application de la loi et au bon fonctionnement de la justice. D'autres conseillers se sont interrogés sur le devenir du pouvoir législatif, avec son bicaméralisme. Ils ont insisté particulièrement sur sa légitimité juridique, bien qu'il soit considéré comme dissout politiquement. Le dossier de l'information a, pour sa part, fait l'objet de nombreuses interventions qui se résument dans la critique aussi bien de l'information orientée et manipulée des dernières années que celle désordonnée et confuse aujourd'hui. Ils ont insisté sur le caractère délicat de ce secteur qui représente un quatrième et véritable pouvoir qui doit retrouver son équilibre espéré et jouer son véritable rôle dans le cadre de cette révolution populaire. Les conseillers ont expliqué qu'il y a de nombreux dossiers importants qui peuvent être traités sur le plan médiatique, aujourd'hui, notamment ceux de la corruption, et de la gestion dans certaines municipalités, du pillage des sites archéologiques et de l'appropriation des terres domaniales.
Les conseillers ont appelé à conjuguer les efforts de toutes les parties, médias, composantes de la société civile et autres pour se consacrer au travail, en vue de créer des postes d'emploi et de garantir la sécurité en général, et la sécurité alimentaire, en particulier. Plusieurs intervenants au débat ont appelé à accorder davantage d'intérêt aux habitants des régions intérieures, en mettant en place des programmes et des mécanismes à même de leur garantir une vie décente. Plusieurs conseillers ont appelé à la révision du système fiscal, en vue de redonner confiance aux investisseurs, afin qu'ils investissent dans toutes les régions du pays, et à mettre en place de nouvelles incitations en faveur des investisseurs étrangers. La question du choix du responsable régional a été évoquée par un grand nombre de conseillers qui ont appelé à identifier des solutions rapides afin d'établir la confiance du citoyen, particulièrement, en les gouverneurs afin de permettre aux régions de rétablir la sécurité, écouter les préoccupations des habitants et trouver les moyens de résoudre les problèmes. Plusieurs conseillers ont axé leurs interventions sur les difficultés constatées dans les secteurs de l'agriculture, de la pêche, des services, du transport et du tourisme, difficultés qui exigent un surcroît d'effort de la part du gouvernement provisoire pour gérer les affaires courantes et traiter les dossiers urgents. Les questions de l'indépendance de la justice, la transition démocratique et la protection des libertés fondamentales et des droits de l'Homme ont été, également, évoquées par les conseillers qui ont appelé à mettre en place un système politique qui répond aux aspirations du peuple tunisien, toutes composantes politiques et civiles confondues, loin de toute exclusion ou marginalisation. Il convient de noter que la direction de la chambre des conseillers a reçu quatre 4 démissions. Il s'agit de MM. Moncef Chebbi, Chedli Ayari, Mohamed Chendoul et Rachid Sfar. De même, plusieurs conseillers étaient absents de la première séance plénière de la chambre après les événements du 14 janvier 2011, dont MM. Hédi Baccouche et Béji Ben Mémi.