Les enjeux et les défis de l'économie tunisienne sont multiples : développement régional, promotion de l'exportation et lutte contre le chômage. Ce sont les trois piliers du développement et de la croissance économique. La promotion de l'investissement passe aussi et obligatoirement par ces défis. Deux études ont été présentées jeudi, 30 juin 2011, à l'institut arabe des chefs d'entreprises (IACE). Il s'agit de débattre sur certaines problématiques afin de trouver des réponses claires. « Quelles perspectives pour la politique industrielle en Tunisie face aux nouveaux défis ? », tel a été le thème d'une première étude avancée par l'universitaire Tarek Akari. Selon lui, la Tunisie est amenée à relever le défi de la compétitivité, tout en appelant à l'innovation technologique, le gain de productivité et de croissance : « Etant donné la déficience du marché, la politique industrielle s'impose comme une nécessité ». Cependant, cette dernière doit être impérativement centrée sur la construction d'avantages compétitifs des régions déshéritées sans, pour autant, bloquer le processus de restructuration industrielle Cette politique industrielle pourra ainsi participer réellement à l'édification d'un projet sociétal fondé sur la cohésion et l'harmonie sociale. L'encouragement des processus d'innovation, la résorption des disparités régionales, le renforcement de la compétitivité du tissu industriel local sont les axes majeurs de cette politique industrielle qui appelle également à la consolidation de l'attractivité de l'économie tunisienne. La deuxième étude a porté sur « l'évaluation des incitations à l'investissement privé local : cas du Code d'incitation à l'investissement, CII ». Il s'agit de voir dans quelles mesures les incitations à l'investissement privé accordées par la Tunisie permettent d'entraîner des effets réels en termes de création de richesse, de promotion des exportations, d'équilibre régional et de lutte contre le chômage. Présentée par M. Kamal Ghazouani, maître de conférences à l'université de Carthage, l'étude montre qu'en moyenne, sur la période 1994-2007, les incitations totales ont représenté 2,14 % de la richesse nationale, soit environ 10,76 % des recettes de l'Etat et 9,05% de ses dépenses de gestion et de développement. Les incitations accordées dans le cadre du CII sont généreuses comparativement à celles octroyées dans le cadre des codes précédents. Elles sont également plus avantageuses que les incitations accordées à l'investissement dans d'autres pays. Elles comportent aussi des coûts budgétaires élevés et des complexités administratives, estimées à environ 950 millions de dinars (MDT) en 2007. Le coût total des incitations fiscales et financières du code de l'investissement s'est élevé à quelque 28 % de l'investissement des sociétés non financières, environ 2,5 % du PIB. L'étude a montré que l'investissement privé demeure fortement attiré vers les activités naturellement abritées (les biens non échangeables) ainsi que vers les activités qui ne sont pas encore concernées de manière précise par les accords internationaux, comme l'agriculture. Les nouvelles activités qui attirent l'investissement privé sont plutôt tournées vers le marché local et non vers l'exportation. Le système d'incitation a probablement, lui aussi, une certaine responsabilité dans la réorientation de l'investissement privé, en particulier vers l'agriculture. Les incitations sont conçues initialement en vue d'agir sur l'investissement privé, qui lui-même agira sur la croissance économique et sur l'emploi. Or, durant ces dernières années, le CII n'a pas contribué, d'une manière efficace, à la croissance économique du pays. D'où la nécessité de le renouveler. D'ailleurs, certaines de ces mesures revêtent un caractère général, d'autres un caractère spécifique aux secteurs de l'industrie, de l'agriculture et du tourisme.