La stratégie de régulation régionale devrait être organisée selon des impératifs, c'est ce qui ressort d'après une étude présentée hier par l'universitaire, M. Moncef Ben Slama. Elaborée en collaboration avec le Centre tunisien des études économiques (CTEE), l'étude a été présentée lundi, 06 juin 2011 au siège de l'Institut arabe des chefs d'entreprises (IACE). Plusieurs responsables et chefs d'entreprises ont pris part à cette rencontre. Selon M. Ben Slama, le développement régional repose sur 4 principaux piliers à savoir, l'amélioration des instruments de connaissance des données régionales, remédier au « déficit de gouvernance locale » et donner la priorité aux actions de structuration. Bien encore, une focalisation particulière sur certaines activités motrices semble être primordiale. Selon lui, l'action régionale doit répondre au souci d'éliminer les obstacles spécifiques à la région pour l'exploitation optimale des potentialités et des avantages propres. De ceci émane l'exigence d'une politique régionale « plus équilibrée » et soucieuse du relèvement des régions pauvres. L'étude montre également que le développement régional n'étant plus axé sur la « lutte contre la pauvreté mais sur le développement des capacités. A cet égard, « on doit relever que l'insertion des femmes dans les circuits d'activités économiques compétitives, requiert une initiative privée dynamique des créations d'emplois «économiquement justifiés», selon une logique qui exclut celle des «emplois budgétaires». L'étude a indiqué, entre autres, que l'acuité du problème de l'emploi est devenue la principale préoccupation dans les régions défavorisées. Il faut relever à cet égard que, pour les jeunes de15 à 29 ans, le taux de chômage atteint 40% au gouvernorat du Kef et dépasse sensiblement ce seuil au gouvernorat de Gafsa, contre 30% à l'échelle nationale. A noter aussi que sur l'ensemble des chômeurs de ces régions défavorisées, près des deux tiers d'entre eux sont des jeunes de 15 à 29 ans, et, si on ajoute à ceux là les jeunes inactifs de la tranche d'âge 30 - 35 ans, on atteint les trois quarts des chômeurs. Plus spécifiquement, selon les données disponibles à fin mai 2011, le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur a atteint 48% dans le gouvernorat de Sidi Bou Zid, 46% dans le gouvernorat de Gafsa, 44% dans le gouvernorat de Jendouba, 44% dans le gouvernorat de Tataouine, 41% dans le gouvernorat de Kasserine et 40% dans le gouvernorat du Kef, alors que le taux de chômage national est de 29%. Pour les filles, il faut relever, à titre d'exemple, que ces taux dépassent 50% à Gafsa, et bien au-delà de 40% au Kef. A noter aussi, d'après l'étude, que le taux d'urbanisation de ces régions est assez faible : 40% pour le gouvernorat de Kasserine, 32% pour le gouvernorat de Kairouan et 25% pour le gouvernorat de Sidi Bou Zid. Il s'agit donc de régions à dominante rurale, et d'habitat dispersé. Le chômage des jeunes augmente certes avec le niveau d'éducation, mais il reste assez élevé pour les jeunes des régions défavorisées qui ont quitté le système scolaire en cours de cycle, sachant, par ailleurs, que ceux, parmi ces derniers, qui échappent au chômage, sont souvent employés dans le secteur informel, où leurs conditions de travail sont bien déplorables. En effet, sur l'ensemble des chômeurs de tout âge, les diplômés du supérieur ne constituent qu'une petite minorité. « Aussi est-il nécessaire de se préoccuper, par ailleurs, de la situation inquiétante des chômeurs « faiblement éduqués », dont l'état de précarité, et de détresse, constitue un stimulant irrésistible pour l'émigration clandestine », a-t-il ajouté.