Le discours prononcé par le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, est venu nourrir les craintes de voir le gouvernement de transition échouer dans le traitement des diverses questions et dossiers nationaux. Les dirigeants des partis politiques ayant boycotté ce meeting, ont, à cet égard, dénoncé la non-association de l'ensemble des partis politiques à la définition des contours de la Tunisie et le mutisme du gouvernement face à l'argent politique qui risque de menacer l'opération électorale, en plus de la dégradation de la situation sécuritaire et sociale. « Les deux points sur lesquels le mouvement Baâth a émis des réserves sont la violence perpétrée contre les participants, lors du sit-in de la Kasbah III et la distinction entre les partis amis et les partis non souhaitables. Ces réserves ont été confirmées après le discours de Béji Caïd Essebssi qui n'a même pas pris la peine d'évoquer ou de faire allusion à ces deux points », a précisé Othmane Belhadj Amor, secrétaire général du mouvement. Il a, à cet égard, estimé que « l'ignorance de la question de l'argent politique est sciemment voulue», dénonçant, à ce propos, le mode de traitement par le gouvernement de plusieurs questions et dossiers qu'il a qualifié d'«inefficace et d'incohérent ». Pour Amor Mèjri, coordinateur général du Front populaire Unioniste, le discours de M. Caïd Essebsi est venu confirmer les appréhensions du Front concernant les préparatifs des élections du 23 octobre, dénonçant, à ce propos, l'association de certains partis au détriment de plusieurs autres dans ces préparatifs et le silence sur le dossier de l'argent politique qui, a-t-il dit, «n'a été évoquée ni de près ni de loin». Il a fait remarquer que «le boycottage du meeting ne signifie point une rupture avec le gouvernement de transition». Quant au secrétaire général du parti du Congrès pour la République (CPR) Samir Ben Amor, il a indiqué à l'agence TAP que «le discours du Premier ministre a brisé les espoirs», estimant que les dirigeants du pays «sont incapables de faire des pas concrets pour réaliser les objectifs de la révolution». Il a, également, dénoncé l'échec du gouvernement à contenir la dérive sécuritaire et la poursuite de la répression des manifestations pacifiques, concluant que «le gouvernement a échoué dans la réalisation des objectifs de la Révolution». M. Lotfi El Mraihi, président de l'Union populaire républicaine (UPR) a précisé que la décision de boycotter la réunion du Premier ministre du gouvernement de transition intervient à la suite des défaillances de la politique sécuritaire et du mode de gestion des affaires politiques et du laxisme dans le jugement des symboles de l'ancien régime. Ces questions, a-t-il indiqué, n'ont pas été évoquées dans le discours du Premier ministre et demeurent encore en suspens. Le gouvernement de Béji Caïd Essebsi n'est autre qu'un prolongement du «gouvernement Ghannouchi III, dès lors qu'il englobe des figures de l'ancien régime qui dirigent encore le pays derrière les coulisses», a-t-il reproché. « La décision de boycotter la réunion du jeudi vient d'être confirmée à posteriori. Le discours n'a pas apporté de nouveaux éléments, ni évoqué la situation qui prévaut actuellement dans le pays. Le gouvernement de transition œuvre dans un cadre restreint et en concertation avec certains partis à l'exclusion d'autres, rappelant les pratiques de l'ancien régime », a précisé le secrétaire général du parti du progrès, Fathi Touzri. «Le faible rendement du gouvernement dans la gestion du dialogue a nourri le scepticisme et donné lieu à un déficit de confiance chez les tunisiens, notamment chez les jeunes générations», a-t-il expliqué.