En marge d'une conférence de presse organisée mardi 11 octobre 2011 par le Parti démocrate progressiste, Investir en Tunisie s'est entretenu avec Dr. Ahmed Bouazzi, membre du comité exécutif du PDP. Le PDP s'oppose à la construction d'une centrale nucléaire en Tunisie : « On est contre l'implantation d'une centrale nucléaire quelque soit l'investisseur. Je milite pour l'annulation de l'accord signé avec la France puisqu'il n'est pas de l'intérêt de la Tunisie. Je dois le dire franchement, l'accord signé avec la France n'a été qu'un pot de vin pour ne pas évoquer l'absence de droits de l'homme en Tunisie». Sous l'ancien régime, l'Etat a prévu, la construction d'une centrale nucléaire d'une puissance de 900 MW pour la production de l'électricité à l'horizon 2020. Ce projet devrait couvrir 20 % des besoins des Tunisiens en électricité. Un accord d'énergie nucléaire civile a été signé en 2008, à l'occasion de la visite de Sarkozy. « Nous avons une autosuffisance énergétique sur le plan du gaz que ce soit au niveau national ou au niveau de la partie qui nous vient du transit du gaz algérien vers l'Europe. Nous pouvons l'acheter au même prix que celui de la frontière de Feriana et Kasserine et ça coûtera moins cher que celui d'El Haouaria. Nous souhaitons utiliser cet avantage là afin de garantir la satisfaction de nos besoins en énergie pour les années à venir. On doit s'orienter vers les énergies renouvelables et abandonner le nucléaire. La centrale nucléaire coûtera pour la Tunisie 4 milliards de dollars. C'est une somme colossale et en dehors de nos possibilités. Pire ! Avec ce montant on peut construire de 20 à 30 usines d'énergie solaire et faire travailler des milliers de Tunisiens. On peut aussi construire des centrales thermiques solaires dans des endroits désertiques comme le Sud. Avec cette démarche, la Tunisie garantira la consommation en énergie pour les 30 années à venir sur le marché européen qui oblige les pays membres à avoir au moins 20% de la consommation étrangère à partir des énergies renouvelables ». Le coût élevé de la centrale nucléaire n'est pas la seule raison pour renoncer à ce projet. Le risque d'une catastrophe nucléaire telle qu'elle a été déclenchée au Japon oblige la Tunisie de revoir cet accord avec la France :« Le pays n'a pas les moyens d'affronter ce genre de catastrophes, d'où l'obligation d'annuler ce projet. L'Allemagne a fermé toutes les centrales existant sur son territoire : « Je sais que les intérêts français sont forts en Tunisie mais ceux des Tunisiens sont plus forts. Notre pays a déjà accepté la construction d'une centrale thermique sur son sol pour l'unique consommation italienne seulement parce que ce pays n'a pas le droit de construire une centrale dans son territoire. La loi européenne oblige le Etats membres à utiliser obligatoirement 20% de l'énergie à partir des énergies renouvelables. Depuis lors, la Tunisie assume la pollution qui en découle. Cependant ceci a été déjà engagé. Nous ne voulons pas détruire ça mais au contraire préserver les acquis sans nuire à la santé du pays. Nous voulons faire de la Tunisie l'un des plus grands exportateurs d'énergie électrique au monde et arriver, entre autres, à maintenir la technologie des centrales solaires ». Khadija Taboubi