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«Ennahdha notre ennemi juré? C'est trop dire!»
Le jeu de la Vérité… Avec Ahmed Néjib Chebbi, président du PDP
Publié dans Le Temps le 25 - 06 - 2011

«J'ai toujours défendu l'action politique légale, pourquoi dois-je la refuser à des citoyens de l'ancien RCD ?»- Néjib Chebbi, leader du Parti démocratique progressiste (PDP), se livre à nous dans un entretien qui se veut un tant soit peu récapitulatif de la somme d'un parcours politique … non sans remous.
Le temps : Le PDP est déjà parti pour une campagne de communication politique avant l'heure. Soit. Est-ce que le PDP se vend bien ? Encore est-il, qu'il ne faut pas utiliser des méthodes nouvelles à part les affiches, une technique ayant fait son temps ?
Néjib Chebbi : Si vous me dites que la campagne est classique c'est une chose et si vous la contestez, c'en est une autre. Ce que fait le PDP est tout ce que fait chaque parti pour mobiliser les électeurs. Nous opérons sur deux axes, d'un côté il y a les médias, les chaînes de tv, mais d'une manière limitée d'un autre les réseaux sociaux. On fait une campagne d'information dans les circonscriptions pour faire connaître le parti et nos candidats. Car selon une étude qu'on a menée on a appris que les gens connaissent Maya Jribi et moi-même mais n'ont pas encore assimilé le nom du parti pour l'associer à ses leaders. Côté nouveauté, je peux vous dire qu'à cette étape de la stratégie de communication le visuel est d'une importance primordiale pour rendre plus visibles les candidats aux yeux des électeurs qui vont se présenter dans les différents bureaux. . Cela se fait dans toutes les démocraties du monde où on est submergé par un nombre fulgurant d'affiches. Par ailleurs il y aura d'autres techniques de communication qu'on utilisera prochainement. Le PDP, jusque-là est bien positionné dans le paysage politique. Nous nous sommes décuplés en passant de 25 sections à la veille de la Révolution à pratiquement 200 sections. Nous sommes parvenus à avoir parmi nous beaucoup de cadres du secteur public et privé. Nous continuons à faire du terrain pour aller à la rencontre des gens là où ils sont et prendre contact avec les populations. Au cours de la semaine écoulée j'ai été à Tataouine et à Kairouan. Le 25 on avait programmé un meeting à Fériana qui a été reporté parce que c'est le jour du résultat du bac. On a fait quasiment tout le pays, on était dans de petites localités et on va le refaire.

Aujourd'hui les partis se tirent dessus à boulets rouges et il paraît presqu'évident qu'Ennahdha est devenu votre ennemi juré alors qu'en 2005 vous étiez ensemble dans « le comité du 18 octobre ». Que s'est-il passé entre temps ?

Ennemi juré, c'est trop dit. Nous ne sommes pas en conflit mais en concurrence loyale. Par contre il y a une suite logique d'évènements qui a fait que tous les partis toutes idéologies confondues, soient réunis pour défendre des libertés qui ont été réalisés par la Révolution. En 2006 les islamistes ont été élargis et depuis le comité a cessé de fonctionner réellement pour que chacun suive sa ligne à proprement parler. La campagne que le PDP a menée contre le 6ème mandat de Ben Ali a carrément approfondi le fossé entre notre parti et celui des islamistes. La base de notre alliance est donc dépassée par le temps ce qui exempt le projet de société qui la supporte. Notre projet de société est libéral, moderne, tolérant et ouvert sur le monde extérieur. Je crois que le religieux en tant que programme idéologique à la tête d'un pays risque de brouiller notre image à l'extérieur.

Avant le 14 janvier quand les islamistes n'avaient pas leur visa vous avez fait en sorte qu'ils soient de votre partie. Après le 14 janvier vous n'étiez pas contre l'adhésion des anciens Rcédistes à votre parti. Est-ce que tous les moyens sont bons pour drainer le maximum de citoyens ?

Avant la Révolution tout le monde était face à un système répressif pour défendre les libertés d'expression et l'élargissement des prisonniers politiques, etc. Personnellement, j'ai défendu le droit de tout un chacun à l'existence légale, y compris les islamistes. Par ailleurs, je me suis opposé au RCD qui a cautionné le pouvoir absolu d'un chef et ses pratiques répressives, et non pas à l'Etat RCD qui a contribué à l'élaboration d'un projet de société pour notre pays. J'ai toujours défendu l'action politique légale pourquoi dois-je la refuser à des citoyens de l'ancien RCD. Je ne suis pas pour l'exclusion des citoyens mais pour leur inclusion dans la vie politique. Les anciens Rcédistes qui n'ont rien à se reprocher du point de vue de la loi sont les bienvenus. C'est la justice, et au regard de la loi, qui va demander des comptes, en toute sérénité, aux Rcédistes rendus responsables ou impliqués dans des crimes contre le peuple tunisien. Cela ne relève pas des prérogatives de la rue ou du pouvoir public. Ceux qui ne sont pas rendus coupables ou responsables d'actes répréhensibles aux citoyens doivent trouver leur place dans la vie démocratique. Nul n'a le droit de priver un citoyen de jouir de la plénitude de ses droits, entre autres, celui de se présenter au verdict des urnes. Je crois en l'égalité des chances qui doit être garantie à tous les acteurs politiques.

Pourquoi refusez-vous les alliances avec d'autres partis notamment ceux qui sont de la rive gauche du spectre politique, à l'exemple du pôle démocratique moderniste?

Nous serons toujours favorables à l'alliance démocratique. Je crois que chacun doit aller aux urnes en comptant sur ses propres forces et que nous devons réunir nos forces plus tard au sein de l'assemblée comme c'est le cas du PC et PS en France dont l'union n'a jamais donné lieu à une liste commune. Cela ne veut pas dire qu'on est contre toutes forces démocratiques qui le souhaitent de fusionner.

Pour la Haute instance, quelle est votre position par rapport à l'inclusion de l'article sur la non normalisation avec l'Etat hébreu et celui du financement des partis ?

Je suis contre la normalisation avec l'Etat hébreu mais je ne suis pas pour l'inclusion de cette position dans une déclaration de principe sur les droits. Je crois que c'est un artifice de lutte contre Ennahdha, sans effets. Pour moi une déclaration de partis qui se méfient les uns des autres n'a aucun sens. C'est une fausse bataille. Je crois qu'une déclaration des droits du citoyen et de l'Homme en Tunisie doit être votée par le peuple à travers des urnes et sur la base d'un texte référentiel pour apporter tous les amendements nécessaires à la prochaine Constitution. Celle –ci obligera les pouvoirs publics à commencer par la magistrature.
Pour le financement des partis, il faut comprendre qu'est-ce qu'on veut dire par là. Est-ce une loi à usage unique comme l'a toujours fait l'ancien régime ? Cela n'est louable que si c'est durable. Nous sommes contre des lois qui ligotent des partis au point de se permettre de légiférer en dehors de la légitimité du pouvoir. La loi interdit les financements étrangers et stipule le fait de soumettre le compte des partis et l'état des financements au contrôle des cours des comptes, on est appelé à s'en tenir à ces dispositions. Si demain il faudrait légiférer pour mieux affiner ces principes nous pouvons le faire dans le cadre de la Constitution ou le parlement. On aura ainsi une loi impersonnelle et une loi qui dure.
Mais aujourd'hui des partis sont fragilisés de par le peu de financement qu'ils ont, alors que le PDP, Ennahdha et Afek Tounès en ont.
Ce n'est pas mon problème. Ce n'est pas mon problème non plus, si Afek Tounès a une base bourgeoise qui finance sa campagne, que le PDP impose le respect et que des hommes d'affaires mettent leur confiance dans son projet de société.

A vos débuts vous étiez nationaliste (Parti El Baath), puis vous êtes devenu un militant de gauche, ensuite de l'extrême gauche, puis vous avez fait un basculement à 180° en acceptant de faire partie du gouvernement Ghannouchi et enfin du jour au lendemain vous vous êtes reconverti en libéral. On a du mal à voir clair dans votre vie politique qui est à géométrie variable. Est-ce que chaque étape a sa politique ?

Ce que vous appelez du jour au lendemain est un parcours de 46 ans. J'ai été un nationaliste arabe de gauche. Je me suis radicalisé dans le sens de l'extrême gauche, par rapport à des événements survenus en Tunisie et dans le monde arabe. J'ai vécu 14 ans d'expérience extrêmement coûteuse puisque j'ai été condamné à 32 ans de prison. J'ai été incarcéré pendant deux ans, puis exilé pendant sept ans et j'ai passé quatre ans de lutte clandestine. Le tout versait dans le seul but de reconsidérer nos choix par rapport à l'expérience mondiale de la gauche. Je me suis toujours passionné pour un idéal de justice sociale irréalisable. Nous sommes devenus des sociaux démocrates et notre parti a été rebaptisé sur cette base, il est devenu le PDP jusqu'à ce jour. Dans le sillage le fruit de nos réflexions nous ont amenés à comprendre qu'à la lumière de l'expérience mondiale, l'économie de marché est le seul cadre propice à la production de richesse pour la mieux répartir. Dans les années 90 le monde a été frappé du sceau de la globalisation qui malgré les inégalités qu'elle a générées elle a apporté beaucoup de progrès à l'humanité. Nous ne pouvons progresser que dans un échange avec l'économie mondiale. C'est donc une évolution naturelle étalée sur plusieurs années avec une rupture en 1979 lorsque nous avons quitté l'idéologie de gauche et les méthodes d'action révolutionnaire pour choisir une action légale et la ‘'Social- Démocratie'' sur la base du progressif social démocrate. Cela n'a jamais été un effet de mode mais le fruit d'expériences pénibles qui nous ont servies d'enseignement. Le gouvernement Ghannouchi était une position dictée non pas par une idéologie mais par ce que nous croyons être l'intérêt national. Le choix était limité : refuser et lui dire ‘'débrouillez-vous'' serait irresponsable, ‘'remettez le pouvoir à l'armée'' serait compromettant pour l'avenir du pays, ‘'poussez-vous pour qu'on s'y mette'' serait relever du fantasme car les forces politiques et l'UGTT ne sont pas à l'origine de cette révolution et donc ne pouvant pas parler en son nom pour dire aux jeunes, continuez nous prenons l'Etat d'assaut pour arriver à un scénario libyen. Toutes ces éventualités étaient possibles. Nous avons choisi un compromis évolutif entre les technocrates de l'ancien régime et des représentants de la société civile pour réaliser le programme de la Tunisie démocratique en six mois dans le cadre des lois réformées sous l'égide d'une commission indépendante et en la présence d'observateurs étrangers. C'est ce qu'on a fait en 45 jours. Je ne vois pas en quoi cette démarche serait en opposition avec notre ligne démocratique. En résumé, l'action politique a été un sacrifice constant que j'ai toujours payé et dont je me suis toujours acquitté sous forme d'exil, de grèves de la faim, d'emprisonnement.

Entre-temps vous avez séjourné aux Etats-Unis sur une invitation des néoconservateurs qui ont influencé la politique des Bush père et fils pour mener des guerres injustes en Afghanistan et en Irak au nom de la démocratie. Selon vous est-ce que les révolutions arabes seraient une continuité de cette politique ?

Je suis un pragmatique en politique. Mon but c'est de pouvoir démocratiser mon pays et toutes mes relations sous-tendent cet objectif. Cela étant, défendre la cause de la démocratie ne devait pas se soumettre à aucun préalable idéologique. Dans ce Think-tank auquel j'ai participé le but était de se rencontrer sur une plate-forme démocratique mais je n'étais pas obligé de cautionner leurs stratégies guerrières. J'ai toujours exprimé mon opposition farouche et constante à la guerre contre l'Irak. Maintenant penser qu'il y a une main cachée qui actionne les révolutions c'est quitter la rationalité qui doit s'en tenir à la dynamique des faits. Les révolutions qui ont déferlé dans le monde arabe ont été menées par le peuple d'une manière indépendante de toutes formes d'encadrement. Cela n'a rien à voir avec la démocratie par la guerre.

Quel est votre livre de chevet. Qu'est-ce que vous lisez en ce moment ?

Les mémoires de Jean Monet. C'est lui l'artisan du rapprochement entre l'Allemagne et la France après les deux guerres et l'édificateur de l'Europe des années 50.


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