Hamma Hammami, secrétaire général du PCOT (Parti communiste des ouvriers de Tunisie) sort de ses gonds : « Il est désormais clair que l'alliance entre Ennahdha, le Congrès pour la République et Ettakatol repose sur une logique de partage du gâteau ». Dans une interview accordée au quotidien « Le Temps », M. Hammami a précisé que ces partis tentent aussi de récompenser leurs militants par des postes ministériels sans se soucier de l'intérêt national : « La troïka sera confrontée à plusieurs difficultés d'autant plus qu'elle n'a pas été constituée sur la base d'un programme économique et social commun mais sur la base d'intérêts partisans ». Selon le secrétaire général du PCOT, la Tunisie aurait mieux fait par ces temps difficiles d'opter pour un gouvernement restreint pour réduire les dépenses publiques, mais aussi pour assurer l'efficience de l'action gouvernementale. Quant au programme économique du mouvement Ennahdha, H.Hammami a indiqué que ce mouvement a un programme économique ultra-libéral qui n'est pas différent de celui appliqué par le régime de Ben Ali : « L'application de ce programme dans le cadre d'une conjoncture économique mondiale très difficile, marquée par la contraction de la demande européenne sous l'effet d'une grave crise de la dette pourrait mener le pays à une seconde Révolution. La Tunisie a aujourd'hui besoin de rompre avec le libéralisme sauvage et de s'orienter vers une économie au service de la population ». En ce qui concerne l'appel de M. Moncef Marzouki, président de la République, à une trêve politique et sociale pendant six mois, Hammami juge cet appel « insensé » : « Le gouvernement doit d'abord reconnaître l'existence d'un grand malaise social. Le chômage endémique, la cherté de la vie et la détérioration des services sociaux sont autant de fléaux qui pèsent lourd sur de larges franges de la société tunisienne. Le gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi a fermé les yeux sur tous ces problèmes sociaux dont l'intensité a, par conséquent, augmenté au fil des mois. Au lieu d'appeler à une trêve sociale, le nouvel exécutif aurait dû s'atteler à prendre des mesures urgentes pour alléger la souffrance des classes ouvrières, des laissés pour compte et des oubliés du pseudo-miracle économique tunisien, qui avait longtemps servi de faux bouclier au régime de Ben Ali face aux attaques sur les atteintes aux libertés et aux droits de l'Homme ».