« Il serait dommage de priver l'économie tunisienne d'une banque à si grand potentiel. La Banque Zitouna veut vivre pour l'économie du pays », a indiqué M. Slaheddine Kanoun, administrateur provisoire de la banque. Selon M. Kanoun, les premiers jours de l'après Ben Ali ont été difficiles. Anticipant sa fermeture, les clients ont clôturé leurs comptes : « Plus de 25 % des dépôts ont été retirés en un mois. Les Banques partenaires à l'étranger hésitent à travailler avec Zitouna. Une cellule de crise est mise en place pour reconquérir la confiance ». Dans une interview accordée au journal « La-croix.com », M. Kanoun a précisé que l'Etat doit récupérer de façon imminente les parts de capital détenues par Sakher El Materi (87% du capital de la banque). Pourquoi ? Car la banque Zitouna fait, depuis mars 2011, l'objet d'une procédure de confiscation : « La Banque Zitouna est soudain apparue comme un symbole de l'ancien régime !». Le responsable a, également, expliqué que l'inquiétude est tout aussi prégnante au sein du personnel. Des salariés souvent jeunes –moyenne d'âge 33 ans–, dont beaucoup avaient abandonné un poste pour rejoindre Zitouna, lors de son ouverture en mai 2010. En fait, l'offre bancaire islamique en Tunisie est encore timide. Les secteurs bancaires islamiques représentent seulement 1% des actifs totaux ! La Banque Zitouna assure le financement du développement de l'immobilier, des autocars pour touristes, des équipements et des stocks. D'une façon générale, la Tunisie compte un fonds islamique qui n'a financé aucun investissement à ce jour. L'introduction de la finance islamique en Tunisie aura pour avantages de compléter le paysage financier et bancaire existant, de contribuer à la relance de la croissance économique, d'encourager l'épargne et d'attirer les investisseurs islamiques étrangers. La finance islamique semble aujourd'hui être une excellente alternative à un système financier qui traverse une crise qualifiée de crise éthique. L'industrie bancaire islamique pèse près de 1 000 milliards de dollars et peut atteindre 1 800 milliards de dollars en 2016. Elle a donc des bonnes perspectives de développement en Afrique du Nord, au Maghreb et pourquoi pas en Tunisie avec un marché potentiel important.