Béji Caïd Essebsi a-t-il choisi le bon moment pour la création d'une force centriste ? L'appel lancé récemment par l'ancien Premier ministre, a créé la polémique. Entre ceux qui soutiennent cette initiative et ceux qui la contestent, les avis et les réactions se multiplient. Pour certains, cette initiative est venue au moment opportun. D'autres estiment qu'elle n'est en réalité qu'une tentative de mettre les bâtons dans les roues afin que le gouvernement Jebali, qui n'a pas encore 100 jours d'existence, ne parvienne pas à réaliser ses promesses ni son programme social et électoral. « On peut dire que les forces qui ont répondu favorablement à l'appel de M. Caïd Essebsi appartiennent à des mouvances différentes l'une de l'autre. Elles constituent des alliances contre nature, entre destouriens de l'ère Bourguiba et gauchistes qui n'ont jamais reconnu le régime bourguibien. Cependant, si cette initiative se concrétise c'est de bon augure. Je dirais aussi que c'est une ouverture souhaitable et souhaitée », a indiqué Nizar Ben Saâd, membre du comité directeur du Parti de la nation tunisienne (dirigé par Mohamed Jegham), au journal « La Presse ». Quant aux critiques que l'appel a suscitées, notamment auprès des partis formant la Troïka au pouvoir, il estime que ce sont des insinuations infondées, abusives et trompeuses de la part de cette alliance : « Nous n'attendons plus grand-chose de ce gouvernement dans la mesure où la politique qu'il mène actuellement n'est qu'une manière subtile d'endiguer et d'apaiser les tourments des uns et des autres ». Pour Pr Ajmi Lourimi, membre de la direction du mouvement Ennahdha : « Il est du droit absolu de M. Caïd Essebsi de lancer les appels qu'il veut ou de proposer les initiatives qui lui paraissent les plus indiquées pour unifier les forces qui partagent ces idées. Seulement, ce qui intrigue dans son dernier appel, ce sont bien le moment qu'il a choisi pour le dévoiler à l'opinion publique et son contenu. Ils sont venus perturber le paysage politique national et y introduire une fausse note au moment même où notre pays vient d'entamer, après les élections du 23 octobre 2011, une nouvelle étape de sa transition démocratique. Le fait de lancer cette initiative, le jour même où le Chef du gouvernement ainsi qu'une importante délégation ministérielle étaient au Forum de Davos, ne peut, sous aucune forme, être interprété comme une action de soutien à ce même gouvernement. C'est plutôt une action cherchant à réduire les opportunités de réussite du gouvernement à tirer profit de sa participation à une aussi importante rencontre d'investisseurs et de bailleurs de fonds que nous cherchons à motiver pour venir en aide à notre pays, en cette délicate phase par laquelle passe notre pays ».