Un bonimenteur doublé d'un charlatan a traversé les déserts pour venir prêcher chez nous ce que lui et ses condisciples pensent être « la bonne parole ». M. Wajdi Ghenim, présenté comme le prédicateur religieux du siècle, érudit, omniscient, éclairé. Au courant des moindres qualités et travers de la nature humaine en général, musulmane en particulier, versé dans les arcanes de la science, de la religion, de la magie, dans les arcanes du pouvoir, dans celles du monde interlope et on en passe. Bref, le moralisateur idéal que l'on a mandé pour venir « corriger notre foi chancelante », « nous guider vers le salut de notre âme et nous préparer à un au-delà paradisiaque ». On ne vous le répètera jamais assez : ces gens sont soucieux de votre bonheur post mortem. Adonc, ce quidam qui arbore un nom d'acteur de cinéma est venu du pays du Nil parachever le bonheur que nous avons retrouvé au lendemain de notre fière Révolution. Après avoir, peut-être le pense-t-il, rempli cette mission auprès de ses compatriotes du Caire et d'Alexandrie. Car, selon le sieur Ghenim, la démocratie, toutes les libertés, la dignité et autres valeurs humaines demeurent incomplètes, voire sans valeur aucune si, par exemple, vous baillez mal, car Satan, qui n'a que ça à faire, n'attend que ce moment pour venir uriner dans votre bouche grande ouverte (sic!). Ceci n'est qu'un seul exemple, ô combien significatif, des énormités qu'il profère avec effronterie et sans vergogne devant un auditoire composé pour l'essentiel de gens simples et surtout disposés à gober ce que ce charlatan débite comme inanités. On ne parlera pas de cette honteuse opération de mutilation sexuelle dont cet individu se fait le chantre, ni l'apologie de pédophilie qu'il justifie benoitement. En se référant à la Charia, à la Sunna, au Coran même ! Hélas, ces immenses banalités, ces incommensurables âneries arrivent à trouver encore audience chez nous. Nous découvrons avec stupéfaction que notre système éducatif a raté tout ce pour lequel nous l'avons instauré : il a contribué à pétrifier certains esprits plutôt qu'à les libérer, les éclairer. Les extraordinaires progrès réalisés par la science ne réussissent pas, aujourd'hui, chez une partie de plus en plus grandissante de notre population, à évacuer ces stéréotypes d'un âge révolu et que certains, devenus nombreux, comme le quidam en question exploitent pour gruger les gens et pour davantage obscurcir leurs esprits. Et l'on apprend que MMM, notre cher président, verrait d'un œil favorable une « légalisation » du parti tunisien qui soutient de telles sornettes, qui jure par ces pseudo-savants qui prolifèrent dans les chaînes satellitaires d'un monde différent du nôtre et qui, aujourd'hui, nous les amènent jusque chez nous pour nous aveugler encore davantage, pour égarer nos esprits. Nous crions notre écœurement face à de telles pratiques et nous dénonçons la venue de tels personnages qui se remplissent les poches à notre détriment et qui se détournent des détresses du monde qui les entoure. Nos gouvernants, nos partis, et ces managers qui dépensent pour le séjour de tels charlatans, doivent comprendre qu'il est trop tard pour que nous succombions, ainsi que les nôtres, aux appels des sirènes de l'obscurantisme et de l'inculture.