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Relents de racisme «ordinaire»…
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Publié dans Le Temps le 12 - 09 - 2010

D'entrée de jeu, une observation s'impose en vue de vous montrer patte blanche et calmer les esprits malveillants puisque, décidément, il est moins facile de noyer son chien que d'accuser son prochain. Le phénomène de « la bête immonde » que nous allons évoquer infra n'est ni propre, ni exclusif à notre pays (La Tunisie), ni à notre culture (arabo- méditerranéo-musulmane)… Il en existe aussi des pelletées de semblables ailleurs et qui se développent comme la chienlit d'une façon telle qu'elle vous électrifie votre système pileux… Imaginez votre tête ! Il n'y a pas photo entre vous et vous. Certains ramènent cet écart hideux au droit à la différence…
Dans les années 80, le mot d'ordre en l'air à cette époque là, en Europe et principalement en France comme ailleurs, était ce « droit à la différence » qui, à l'arrivée de Mitterrand au pouvoir quarante quatre ans après le Front populaire, a amené la légalisation de milliers de sans papiers dont une flopée d'Arabes qui n'y pipaient pas mot. Le droit à la différence, qui s'opposait à l'esprit de mai 68 (Faites l'amour, pas la guerre) voulait finalement dire, pour accéder au droit de cité : « je suis différent de ce que vous êtes et de ce que vous vouliez que je sois… ». Pour s'infiltrer dans les esprits et s'y installer dans le réel comme vérité vraie qui ne mérite plus conciliabule, ce droit à la différence s'était fondé sur une base intellectuelle bétonnée qui est « la spécificité ». Comme je suis différent de ce que vous êtes, je suis spécifique.
Si «le droit à la différence » a ouvert les esprits sur d'autres cultures et d'autres horizons cultuels dans un esprit du XVIIIe siècle tel que montré, entres autres, par Montesquieu (Les lettres persanes) ou par le Tunisien Ibn Abi Dhiaf (lors de son voyage en France en 1846) ou encore l'Egyptien Rifaa al-Tahtaoui (durant son séjour en France en 1830), celui de la spécificité et ses parangons ont condamné cette ouverture et bouclé tout dialogue. Et cette spécificité devint alors source d'exclusion quand la différence était source de dialogue… Montaigne (1533-1592) n'écrivait-il pas dans ses Essais à propos de Cannibales « Nous pouvons donc bien les appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous qui les surpassons en toute sorte de barbarie ». Et ce sur quoi, Montaigne se base pour taxer l'Europe de barbarie à cette époque de la Renaissance, c'est la conscience qu'on a de soi et de l'autre… conscience exprimée par Tahtaoui in « Takhliç al-Ibriz fi târikhi Bâriz » et rapporté par Ibn abi Dhiaf in « Ithaf ahl al-Zaman » …
Quoi en dire aujourd'hui en 2010?
Philippiques en Noir et Blanc
L'avant dernier jour du Ramadan dernier, tout juste après la rupture du jeûne, à la caisse d'une grande surface et bien qu'il n'y avait pas d'affluence, une altercation pour une raison bien bénigne s'est produite entre un Tunisien et une Africaine (du Sud du Sahara) qui séjourne sûrement dans notre pays et a probablement une relation avec une grande institution financière africaine installée chez nous…
L'histoire de la priorité d'un cady à la caisse aurait pu se terminer par des excuses mutuelles… Mais au vu et au su de tout le monde, les mots se sont échafaudés de part et d'autre et le Tunisien, dans un arabe de base, s'est relâché et proféra des insultes le moins qu'on puisse en dire, qu'elles relèvent du registre du racisme… J'avouerai n'avoir été choqué outre mesure par les philippiques de ce Tunisien basique… mais plus par le désintérêt de l'assistance qui gonfla comme pour un spectacle et nul ne s'est dérangé pour faire taire l'altercation et on n'a fait que séparer les deux coqs… C'était comme si personne n'avait rien entendu du chapelet d'insultes des fois en arabe et d'autres dans un français estropié auquel l'africaine répondait avec une vigueur tout aussi vigoureuse.
L'histoire s'est arrêtée par l'enfermement de chacun des protagonistes dans sa colère intérieure et sa voiture après y avoir déposé ses victuailles… Mais sont restées en moi comme une résonnance d'un cor du jugement dernier certaines paroles du Tunisien qui relèvent tout directement du laïus raciste. Pas ce racisme criard qu'on reconnaît chez certains d'ici et d'ailleurs et que pénalise la loi, mais un racisme soft qui ne paie pas de mine et que les oreilles prennent pour un glissement de langage non intentionné.
La première manifestation de ce racisme est la fusion de l'Autre dans l'ensemble du « Vous »… Vous occupez notre pays…Vous faites trop de bruit… Vous êtes sales dans la tête et le corps etc… de cette fusion qui ne prend nullement en compte l'adversaire dans son identité mais dans son appartenance…
La seconde, en langue arabe, utilise le démonstratif pour appuyer. «Ces» gens, « ces » africains, « ces » étrangers…
Vous allez me dire que nous ne sommes pas ce Tunisien là et vous avez mille fois raison. Le « Un » ne rassemble pas le « Tout », quoique...
Le gâchis permanent
Venons en à nous mêmes, à notre vie quotidienne, notre culture, notre vision du monde collective… Et soyons sincères. Quelle serait votre attitude si votre fille vous présentait votre futur beau fils qui se révèlerait être un Tunisien et arabe de plus, mais un Tunisien différent de vous ? Non qu'il soit du Nord Ouest alors que vous êtes « tunisois », non qu'il soit du Djérid, alors que vous êtes du Cap bon. Non Votre futur beau fils est Tunisien, arabe, tunisois mais Noir de peau ? Vous n'allez pas me dire que vous allez sauter au plafond…
Regardons autour de nous combien avons-nous d'acteurs ou actrices noirs, combien avons-nous de chanteurs ou chanteuses noirs, combien avons-nous de présentateurs ou présentatrices télé noirs. Hors « Barg Ellil » de Bachir Khraief et un personnage de « Promosport » de Hassen ben Othman, quels sont les héros de romans ou de nouvelles noirs de peau et qui ont pignon sur l'imaginaire collectif ?
Et ceci ne choque nullement. Depuis des siècles, la choses s'est installée dans les mentalités et nos institutions qui travaillent sur les mentalités n'ont pas pris à leur corps défendant cet aspect là, se suffisant de l'enclave universitaire où sûrement des recherches ont été menées mais sont restées sur les étagères des bibliothèques… Notre pays a emprunté son nom au continent mais il s'en est défait le plus vite… Quel gâchis !
Là, nous avons parlé du noir. Quelle boite de Pandore ouvrirons-nous si on mettait sur la table comment le quidam Tunisien arabe et musulman verrait-il l'autre quidam Tunisien de même, mais Juif ou Chrétien…
Là, je préfère mettre ma conscience sous le boisseau. Ils sont différents et nous sommes plus spécifiques qu'eux…


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