Le leader du mouvement Ennahdha, M. Rached Ghannouchi, a évoqué, dans une interview accordée au journal Le Temps, la polémique créée autour du journal Attounissia. Il a noté qu'il aurait fallu se limiter à sanctionner le support médiatique qui a publié cette photo et non le directeur du quotidien ou le journaliste : « Je suis contre les peines corporelles et les mesures privatives de liberté à l'endroit des journalistes. Nous ne voulons pas que les médias soient des outils de propagande et des flagorneurs zélés de notre parti. Nous demandons tout simplement aux médias d'appeler les choses par leurs noms et de respecter la déontologie journalistique. Nous souhaitons voir nos médias parler des aspects négatifs et sans exagération et évoquer les points positifs sans les gonfler. Il faudrait également faire la distinction entre l'information qui a un caractère sacré et le commentaire, lequel est libre. Bref, nos médias sont appelés à être le miroir de la société ». M. Ghannouchi a, par ailleurs, évalué le communiqué publié par l'ex-Premier ministre, M. Béji Caïd Essebsi, qui a brossé un tableau sombre de la situation actuelle dans pays et appelé au rassemblement des forces progressistes. Selon le leader d'Ennahdha, Caïd Essebsi « a manqué de sagesse en ce qui concerne le timing choisi pour la publication de son communiqué. Dans le monde entier, l'évaluation de l'action des gouvernements se fait après 100 jours de leur entrée en fonction. Caïd Essebsi, lui-même, a estimé dans une autre déclaration qu'il est encore très tôt pour faire le bilan ». Quant aux promesses électorales « irréalistes » du mouvement, qui avait promis la création de 400.000 emplois durant la campagne électorale, Rached Ghannouchi essaie d'être réaliste : « Ceux qui protestent n'ont pas donné l'occasion au gouvernement de concrétiser ses promesses. Dans une certaine limite, cela est compréhensible. Nous sommes dans l'an I de la démocratie. Dans les anciennes démocraties, on dresse le bilan de l'action du gouvernement à la fin de son mandat et non pas après quelques semaines de son entrée en fonction ».