La Révolution a sans doute redonné de la Tunisie l'image resplendissante qu'elle aurait dû avoir depuis avant la Carthage antique et le passé glorieux d'Hannibal et consorts. Une histoire trois fois millénaire a consacré la Tunisie creuset d'une multitude de civilisations. C'est bel et bien la fenêtre de l'Afrique sur l'Europe. Le blason redoré après le 14 janvier 2011 garde-t-il son éclat ? D'aucuns en doutent, pour plusieurs raisons d'ailleurs. Chacun y va de ses explications et de ses interprétations. La régression du tissu économique, l'augmentation alarmante du chômage, la détérioration du pouvoir d'achat, le relâchement sécuritaire ; les dérapages de toutes sortes sont interprétés par certains comme les conséquences des événements post révolutionnaires. Les aspects positifs de la Révolution sont du coup escamotés. On est allé jusqu'à regretter les temps de la dictature sous l'ancien régime. Pour d'autres ; ceux-là mêmes qui sont arrivés au pouvoir grâce au Changement, ce sont les médias et les partis de l'opposition qui entravent le processus démocratique et donnent de surcroît une image réductrice de la Tunisie. Mais qu'a-t-on fait pour ancrer dans les faits les libertés et la dignité pour lesquelles les martyrs ont payé de leur sang et de leur vie ? C'est plutôt une somme de divisions que les observateurs ont relevée. Accusations et contre accusations fusent selon qu'on est membre de la troïka au pouvoir ou militant de l'opposition. Du coup, le vœu consensuel est parti en fumée. En atteste le tiraillement que vit au quotidien l'Assemblée nationale constituante. La logique de la majorité et de la minorité a prévalu. Le vote démocratique reflète moins les intérêts de la Nation que les visées partisanes. Ce qui est frappant est que ces gens parlent au nom du peuple et prétendent qu'ils le représentent. L'excessive mansuétude des pouvoirs en place à l'égard des errements salafistes n'a pas échappé aux observateurs tant tunisiens qu'étrangers. Les invitations qu'on lance à des prédicateurs douteux et les lieux publics qu'on met à leur disposition, non plus. De l'avis de certains membres du gouvernement, ce sont plutôt ces irresponsables des partis de l'opposition qui ternissent l'image de marque de la Tunisie. Les médias contribuent, selon ces mêmes personnes, à donner une image déformée, voire défigurée de la réalité tunisienne. L'emprisonnement d'un journaliste pour avoir publié une photo jugée osée est le comble du ridicule. Ennahdha et ses alliés n'oublieront pas de si tôt ce procès, le premier du genre depuis l'indépendance de la Tunisie ! On en est arrivé à ce stade après le 14 janvier 2011 !