Après 23 ans d'absence, Tariq Ramadan, intellectuel suisse d'origine égyptienne, islamologue et universitaire à l'Université d'Oxford, était en visite en Tunisie les 25 et 26 février 2012. Il effectue une tournée pour présenter son ouvrage intitulé « l'Islam et le réveil arabe », un ouvrage traitant des sujets d'actualité pour les sociétés arabes à la lumière du déclenchement des révolutions qui ont marqué l'année 2011. Lors de cette visite, organisée par la librairie Al Kitab, le professeur a eu 3 principales escales. La première était à la villa Didon à Carthage, samedi 25 février, pour une conférence réservée aux représentants des médias. « Je salue avec force le courage du peuple tunisien mais je ne parle pas de printemps arabe, je parle de soulèvements populaires » a-t-il déclaré, soulignant que la Tunisie est le pays arabe ayant réalisé le plus d'avancées, sur tous les plans. Pour lui, les soulèvements arabes, et particulièrement l'exemple tunisien, ont été planifiés depuis 2003 par les USA. « La France, elle, a été prise par surprise » a-t-il précisé. « Pour pouvoir avancer, il est primordial de gérer les régularités au lieu de rejeter les inégalités » a-t-il ajouté. Interrogé sur sa position du courant salafiste, Tariq Ramadan a souligné que toute personne qui refuse l'art et la créativité au nom de l'Islam, a un réel problème avec la compréhension de sa religion. Par ailleurs, l'islamologue égyptien, a signalé que certains Tunisiens essayent d'importer des idées typiquement françaises en Tunisie, sans être conscients que les contextes culturel, social et politique du pays ne peuvent pas s'y adapter : « Il faut décolonialiser les esprits tunisiens sans pour autant oublier de poser les bonnes questions (économiques, sociales, politiques…) ». Pour ce qui concerne la visite de Wajdi Ghounim en Tunisie, ayant suscité une grande polémique, Ramadhan a invité les Tunisiens à revoir la position des Egyptiens de l'idéologie de ce Cheikh, affirmant que « l'excision n'est ni islamique ni acceptable ». La seconde escale de Tariq Ramadan était à Beit El Hikma, où une table ronde a été organisée, en présence d'un nombre important d'intellectuels tunisiens et étrangers dont Hamadi Redissi, Youssef Sedik, Slah Jourchi, Jean Bauderot… En troisième et dernier lieu, l'islamologue égyptien a rencontré quelques étudiants tunisiens auxquels il a présenté son livre, lors d'une conférence modérée par le professeur Mohamed Talbi, tenue dimanche 26 février.