Tarik Ramadan, a sa conviction. Une conviction propre à lui certes mais elle est tout de même partagée souvent par ce que les nouveaux gouvernants qualifient comme adeptes de la théorie de complot. Pour Tarik Ramadan, il n'y a pas un printemps arabe. Il l'appelle un réveil arabe. Mais comment ? « Beaucoup de signes le prouvent », estime-t-il à l'occasion de sa dernière visite en Tunisie, sur invitation de la librairie Al Kitab. Pour ce petit-fils de Hassen El Banna, père fondateur de la doctrine des frères musulmans en Egypte, « il s'agit des soulèvements et pas des révolutions ». Il pense sérieusement que les Etats-Unis, ont beaucoup planifié pour un changement dans le monde. Cela a certainement coïncidé avec les soulèvements dans le monde arabe. Soyons moins émotionnel ! Mais, quoi qu'il en soit, ce professeur d'étude islamique contemporaine à l'Université d'Oxford, affirme lors de la présentation de son dernier livre « L'islam et le réveil arabe », que la montée en puissance des Islamistes a pouvoir, la Tunisie, le Maroc et récemment l'Egypte, est une conséquence de la continuité de l'Islam politique qui n'a jamais disparu, comme l'ont affirmé bon nombre des politiciens et même des spécialistes en littérature. Cet Islam politique est appelé aujourd'hui à ne pas tomber dans la polarisation et surtout à gérer les pluralités culturelles et à ne pas négliger les spécificités des minorités. La Tunisie étant le premier pays à connaître une révolution, ou un soulèvement comme le qualifie Tarik Ramadan, devrait être fière de son identité. Les tunisiens devraient néanmoins prendre en considération leur diversité culturelle, éviter de penser selon une manière « mes défaillances sont dues à l'existence de l'autre ». C'est dire « qu'il ne faut pas être tunisien dans le passeport et français dans l'esprit », tout en préservant cette diversité culturelle signe distinctif de la Tunisie. C'est difficile quand même ? Pour Tarik Ramadan, non plus. Bien au contraire, il pense que ce que la Tunisie va faire aurait des retombées sur la communauté musulmane en Europe « sur nous », estime-t-il. D'ailleurs, la Tunisie est le seul pays qui connait des avancées en matière de transition démocratique, contrairement à l'Egypte, à la Syrie et surtout à la Libye « qui est au bord d'une guerre civile » affirme-t-il. Mais, malgré ces avancées, rien n'est encore gagné. « La Tunisie est à la croisée des chemins » revitalise-t-il. Et pour mieux comprendre, il a posé une série de questions à Marzouki. Certes, les propos de Tarik Ramadan ne datent pas d'hier. Il fut le premier à rejeter pour ne pas dire dénoncer, ce que les plus émotionnels du monde arabe appellent le printemps arabe. Ses propos semblent gêner beaucoup de monde, à commencer par les Américains et par les nouveaux gouvernants des différents pays. « Les nouveaux gouvernements du pays, doivent comprendre que la démocratie ne signifie pas plaire aux grandes puissances. La démocratie est le respect des choix du peuple. Ils doivent ainsi engager tout les courants. Ces différents courants doivent être des partie prenantes », ajoute-t-il. Et de conclure, que « l'identité du peuple tunisien ne se compte pas par le nombre des foulards circulants dans les rues, mais par le nombre des postes d'emplois à créer, le nombre d'élèves à scolariser… ». Il faut se concentrer sur les vrais débats de la Tunisie l'économie et les problèmes sociaux en l'occurrence. Il faut éviter les faux débats. Lui, il a tout compris. Quand est-ce que nos gouvernants le comprendront ? Zied Dabbar
La Syrie, le vrai et le faux ! Le pays syrien se révolte encore. « Mais, il ne faut pas être très émotionnel ». Il faut ainsi comprendre la triple réalité et les enjeux économiques et géopolitiques. Il ne faut pas omettre ni oublier ce que les Américains, les Russes ou les Chinois veulent et programment.
Wajdi Gouneïm, l'excision ? La visite de Wajdi Gouneim a suscité une large polémique en Tunisie. L'affaire de l'excision a été largement contestée, bien que ce dernier ait essayé de rectifier le tir. Tarik Ramadan, pense aussi, comme l'ont déjà fait les Tunisiens. Il n'est pas question de parler d'excision. C'est anti-islam. C'est contre l'humanité.