La loi de finances complémentaire pour l'exercice 2012 a certes privilégié le remboursement de la dette extérieure au détriment du bien être social et économique des Tunisiens. Un choix néolibéral qui ne peut qu'empirer la précarité, augmenter le chômage et approfondir la pauvreté dans un pays post-révolution. Les dettes extérieures, objet de différentes campagnes nationales lancées par quelques partis politiques et des organisations de la société civile tunisienne -PCOT et RAID ATTAC / CADTM Tunisie- reprennent le débat quant à l'élimination de certaines dettes et le gel de paiement de ces dettes « odieuses » pendant 3 ans. Ces parties appellent également à la mise en place d'un comité d'audit pour faire l'état des lieux et faire ressortir la part de la dette. La dette qui a servi au développement de la Tunisie et celle utilisée à des fins personnelles. Cet audit, une fois réalisé, permettrait à la Tunisie d'annuler unilatéralement la part illégitime de la dette. Une décision qui peut susciter une solidarité internationale. La loi de finances complémentaire prévoit un déficit de 6,6% et un endettement de 47% par rapport aux prévisions de 2011. Cette dette a été alourdie de 28,7 en 2011 à 33 milliard de dinars en 2012. Elle représente 8 fois le budget des affaires sociales, 8 fois celui du développement régional, 3 fois celui de la santé et presque 6 fois celui de l'emploi. Elle est ainsi le 1er poste budgétaire de l'Etat, selon les estimations de la RAID ATTAC / CADTM Tunisie. Il est évident que les crédits publics extérieurs n'ont servi ni au développement de l'économie ni à la création d'emplois, ni à l'amélioration du niveau de vie des Tunisiens. Ces prêts ont certainement servi à financer la répression, la torture, la corruption et l'enrichissement personnel de la famille du président déchu et de ses gendres. Pourtant, et pour assurer la pérennité du paiement, le gouvernement de transition a sollicité de nouvelles dettes des institutions de Bretton Woods et des institutions financières européennes. Les capitalistes qui ont financé l'ancien régime doivent assumer une certaine responsabilité quant au maintien de la dictature. Ils n'ont pas à exiger le remboursement des dettes qui ont financé l'exécution de crimes, la corruption, la répression de la population alors même qu'ils connaissaient la nature du régime qu'ils finançaient. La Tunisie rembourse à ces institutions libérales plus qu'elle ne reçoit au titre de l'endettement extérieur. Elle est devenue exportatrice nette de capitaux d'emprunts. Ainsi, elle finance l'extérieur et non pas l'intérieur.