[salafisme_tourisme.jpg]Couvre feu à durée indéterminée à Tunis, Monastir et Sousse. Trois villes avec trois aéroports internationaux : Carthage, Monastir et Enfidha. Les touristes et les hommes d'affaires sont désormais condamnés à atterrir en Tunisie avant 22H00 et après 05H00. Quelle logique ! Mauvaise décision et mauvais timing. La Tunisie abrite ces jours-ci le salon « Med Industrie », du 13 au 16 juin. Y participent150 exposants étrangers et des dizaines de délégations d'hommes d'affaires de l'Europe, des Pays Arabes, de l'Afrique et de l'Amérique. A Gammarth, un « Forum de Tunisie sur l'investissement », du 14 au 16 juin, en présence de 1400 participants de 35 pays. Ces investisseurs et visiteurs étrangers partagent le couvre feu avec les Tunisiens. Quelques centaines de salafistes ont condamné 11 millions d'habitants à garder leurs foyers à partir de 22h00 et les quelques milliers de touristes d'aller aux lits avant même le dîner. A peine deux jours de couvre feu, les tour-opérateurs commencent déjà à se plaindre de l'annulation des réservations. La Fédération tunisienne des agences de voyages ne cache pas sa crainte de l'échec de la saison touristique. Quelle image donne ce climat d'instabilité à ces investisseurs ? Qui parmi ces étrangers prendra l'initiative de s'implanter et d'investir dans un environnement pareil,« empoisonné », et dont la « conspiration » est devenue la grande titraille aux yeux de nos gouvernants. S'associe à tout cela une presse internationale qui n'a pas raté l'occasion de présenter les derniers évènements en tant qu'« invasion » des salafistes, grande congestion sociale et des actions de violences graves. Pire encore, des ambassades avertissent leurs citoyens en Tunisie d'être vigilants et d'éviter de partir vers telle ou telle autre. Dans de telles circonstances, attendons-nous à ce que tous les efforts, toutes les dépenses et les investissements publics de la FIPA, de l'APII, des chambres de commerces et de leurs partenaires partent en vain ? Les investisseurs auront-ils réellement confiance dans un système incapable de protéger les citoyens, les propriétés publiques et privées ainsi que les tribunaux même ? La grande question demeure : qu'attend le gouvernement pour prendre position, imposer la loi, garantir la paix sociale et créer un climat propice à l'investissement ? Yacine Ben Chikha