Dans une interview via webcam accordée au journal Le Parisien, Leïla Ben Ali, née Trabelsi, se dit «optimiste» pour la Tunisie. L'épouse du président déchu Ben Ali a décidé de rompre le silence, après avoir très longtemps hésité. Cette interview est la première depuis son départ précipité de Tunisie le 14 janvier 2011. Réfugiée avec son mari en Arabie Saoudite, Leila Trabelsi continue de suivre de près l'actualité tunisienne : «Je n'ai jamais voulu faire de mal à qui que ce soit. Je souhaite que la Tunisie retrouve le chemin de la prospérité ». Selon la même source, la femme la plus détestée du pays n'a refusé d'aborder aucun sujet, évoquant ses regrets tout en rejetant de nombreuses accusations portées contre elle. Prudente, elle s'est gardée de commenter les premiers pas du gouvernement de l'islamiste Hamadi Jebali, craignant de « sortir de son rôle ». L'ex-Première dame de Tunisie réfute que son mari a donné l'ordre de tirer sur la foule lors des manifestations, faisant 300 morts : « Jamais! Pour le prouver, l'avocat de mon mari a demandé que les enregistrements des communications entre le président et les ministres de l'Intérieur et de la Défense soient remis à la justice. Etonnamment, le gouvernement transitoire a refusé ». A la question «aurait-il fallu plus de libertés politiques», la femme la plus haïe du pays répond laconiquement «Oui, j'en conviens ». Leila Ben Ali a, également, parlé de ce qu'elle a pensé au moment des premières émeutes : « Je ne parle pas d'émeutes. Pour moi, il s'agit d'un coup d'Etat orchestré, téléguidé, préparé, mais dont j'ignore les commanditaires. Il y a eu une grande manifestation spontanée à Tunis, c'est vrai, comme il y en a parfois aussi en France. En revanche, dans les banlieues, ces manifestations étaient organisées pour déstabiliser le pays. Il y a eu des incendies, des pillages. La police était là et n'a pas bougé. Je ne crois pas du tout au scénario d'une Révolution spontanée née d'une contestation de la jeunesse ». Elle a donné également les détails de son départ et expliqué la nature de sa relation avec Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. A la fin de l'interview, Leila Trabelsi parle de son propre rôle dans toute cette affaire. Elle considère dans Ma vérité que son rôle sous le régime de Ben Ali a été «exagéré». Elle semble reconnaître son influence pendant la dictature, mais dit ne pas supporter d'être érigée en «bouc émissaire» de la Révolution. Pour lire toute l'interview, cliquer ici…