L'Association de développement de la région de Bizerte, DERB, vient d'alerter le ministre de l'Intérieur, Ali Laarayedh, sur « le cauchemar de la ville », engendré par le pont mobile qualifié de « vestige des années 1980 ». Dans une lettre ouverte remise à la presse, cet organisme reprend les griefs nourris et accumulés par une population, des visiteurs et autres opérateurs économiques contre cet ouvrage construit en réalité pour faciliter le passage du canal et relier la ville à la partie est du pays. Conçu au début des années 1980, il prévoyait la traversée de 8000 voitures/jour. Quelque 30 ans plus tard, l'on y enregistre le passage de pas moins de 50 mille voitures/jour et le temps mis à attendre sa fermeture et à le traverser dépasse souvent une heure. Son ouverture au trafic étant organisée selon un horaire bien établi, il n'est pas rare de le voir fermé à toute heure du jour ou de la nuit, fait qui exaspère les usagers à l'extrême et qui provoque des tensions, voire de nombreux accrochages. « Sans que personne ne s'émeuve » font remarquer les auteurs de la lettre. La lettre rappelle l'arrêté municipal interdisant aux poids lourds excédant les 40 tonnes d'emprunter le pont et les obligeant à se détourner vers la voie rapide de Menzel Bourguiba. « Un arrêté demeuré lettre morte, car rejeté ostensiblement et insolemment par les camionneurs », précise la lettre. DERB attire l'attention du ministre de l'Intérieur sur « les effectifs anormalement bas des agents affectés à la circulation sur le grand Bizerte et Zarzouna» faisant remarquer que 17 agents sont incapables d'assurer un service efficace et d'appliquer l'arrêté municipal en question, lequel, s'il venait à l'être, pourrait « alléger un tant soit peu les souffrances endurées au quotidien par la population ». Tout en déplorant l'indifférence des autorités face à « un problème d'une grande acuité », la lettre dénonce « des pratiques similaires à ceux de l'ancien régime peu soucieux du bien-être de ses citoyens ». Les signataires de la lettre mettent en garde contre une éventuelle catastrophe et appellent à prendre des mesures urgentes en vue de mettre fin au calvaire de la ville, dans l'attente, d'une solution définitive et appropriée. M. BELLAKHAL