Plusieurs entreprises tunisiennes souffrent de pénurie de main-d'œuvre. Alors que prés de 700 mille Tunisiens sont aujourd'hui au chômage, les entreprises ont du mal à trouver de la main-d'œuvre. Leurs besoins se chiffrent à 120 mille travailleurs. C'est ce qu'a affirmé, vendredi 05 octobre, Jamel Boumediene, expert en économie, lors d'une table ronde organisée par le Centre tunisien de veille et d'intelligence économique, relevant de l'IACE, Institut arabe des Chefs d'entreprise, sur le thème « l'importation de la main d'œuvre : est-ce la solution ? ». En Tunisie, la main d'œuvre se fait de plus en plus rare et chère, malgré la disponibilité des offres d'emplois, ce qui provoque la paralysie de plusieurs secteurs. M. Boumediene a ajouté que cette année, notre pays se trouve confronté à une pénurie sans précédent. Une enquête sur l'évaluation des besoins en main-d'œuvre montre que 7 entreprises sur 10 déclarent avoir des difficultés à trouver des ouvriers qualifiés, alors qu'une entreprise sur 2 déclare avoir des difficultés de recrutement dans certaines spécialités. En plus du chômage frictionnel ou de mobilité, caractérisé par le changement permanent de poste et le chômage structurel qui découle de l'inadéquation qualitative entre l'offre et la demande d'emploi, M. Boumediene a parlé du chômage conjoncturel, provoqué par l'instabilité politique et la récession économique observées dans le pays depuis 2011. Il a expliqué le manque de main-d'œuvre par l'incapacité du système productif de générer un taux d'encadrement élevé et l'inadaptation du système éducatif aux besoins des entreprises : « Il existe actuellement 10% de formation professionnelle contre 90% de diplômes universitaires, alors que les besoins sont inversés ». L'expert a, également, pointé les bas salaires et les conditions de travail difficiles, en plus de l'éloignement du domicile du lieu de travail pour plusieurs travailleurs.