Le débat régional sur la justice transitionnelle a été organisé, samedi 6 octobre, à Bizerte, à l'initiative de la commission du dialogue national sur la justice transitionnelle. Placé sous le signe « visions et approches », cette réunion a été boudée par les composantes de la société civile, par les représentants des partis, les défenseurs des droits de l'Homme, les militants politiques, les syndicalistes et particulièrement les experts en droit constitutionnel dont on était en droit d'attendre une participation active et efficiente. L'assistance était limitée à des victimes de la dictature et de la Révolution, représentants de martyrs ou de blessés venus davantage s'enquérir des moyens envisagés pour la réhabilitation et l'indemnisation des familles de ces derniers. Ce qui a donné lieu à des « débats » nullement transcendants et très terre à terre. Il n'empêche que certains intervenants ont essayé d'élever le niveau des débats en analysant objectivement la situation, et en insistant particulièrement sur certains axes dont « le révélation de la vérité et la sauvegarde de la mémoire », « les dédommagements matériels et moraux et la réhabilitation des victimes », « la reddition des comptes », « la réconciliation », « la réforme des institutions ». Les garanties constitutionnelles concernant les droits de l'Homme ainsi que la réactivation de la loi relative à l'amnistie générale ainsi que la création d'une commission chargée de l'encadrement des enfants des anciens prisonniers ont été évoqués par une assistance hétéroclite dont le seul souci était de demander que soient levées les entraves sur les indemnisations et dédommagements. Mais certaines voix ont appelé à se pencher sur différents dossiers pointus de torture subie sous les régimes précédents, sur les infractions commises en matière de répression et de corruption, sur la nécessité de faire de l'instance nationale de supervision de la justice transitionnelle une structure indépendante, éloignée des tiraillements politiques et partisans et possédant le droit d'accès aux données, informations et archives.