Des séances-débats interrégionales autour de la justice transitionnelle ont été organisées, samedi, par la commission technique de supervision du débat national autour de la justice transitionnelle, dans les gouvernorats du Kef, Sfax, Sousse, Kairouan, et Tozeur, sur le thème de «visions et conceptions». Des représentants des gouvernorats et de la société civile, des défenseurs de droits de l'Homme, des militants politiques, des syndicalistes et des experts en droit, ainsi que des victimes de la dictature, avant la révolution, ont présenté des témoignages sur leurs combats et souffrances. Le débat ouvert a tourné autour de cinq axes qui sont «la révélation de la vérité et la sauvegarde de la mémoire», «les dédommagements matériels et moraux et la réhabilitation des victimes», «la reddition des comptes», «la réconciliation» et «la réforme des institutions». Au cours de ces séances-débats, les participants ont présenté des propositions autour des moyens pour rompre avec les méthodes de l'ancien régime et qui étaient fondées sur la répression, la marginalisation et la diffamation des citoyens, des intellectuels et des militants. Ils ont, en outre, demandé d'appliquer l'amnistie législative générale, à travers la création d'une commission d'enquête sur les violations et les dépassements, depuis l'indépendance et jusqu'à ce jour. Ils ont, aussi, appelé à demander des comptes aux symboles de la corruption afin de réaliser la transition démocratique et les objectifs de la révolution, et de fixer des compensations pour le mal subi par les victimes et leurs familles. Par ailleurs, les participants ont souligné la nécessité d'accorder l'intérêt nécessaire au dossier des disparus et des militaires agressés et ayant subi la torture, sous les régimes précédents. Ils ont affirmé que «la disparition des dossiers de la corruption et des archives des infractions au sein de l'institution sécuritaires et dans les autres structures de l'Etat impliquées dans les affaires de répression et de corruption» est le principal facteur qui entrave le succès de la justice transitionnelle. Les participants ont appelé à «la restauration de la mémoire populaire et la réécriture de l'Histoire du pays», en dévoilant la réalité des violations, et en veillant à réhabiliter l'image du militant. A la fin des séances-débats, les participants se sont constitués en équipes de travail pour l'élaboration d'une série de propositions, en vue de les transmettre aux autorités centrales. Des appels ont été lancés pour que la composition de l'instance nationale de supervision de l'exécution de la justice transitoire soit indépendante, loin des tiraillements politiques et ayant le droit d'accès à toutes les données et informations.