La visite de Recep Tayyip Erdogan dans les pays du Maghreb n'est pas souvent vue d'un bon œil. Contesté dans son propre pays où de violentes manifestations le visent directement, le Premier ministre turc est également critiqué à l'étranger et sa venue dans les trois pays du Maghreb ne fait pas bonne presse. D'une manière générale, sa visite en Algérie, au Maroc et en Tunisie, sa dernière étape, a été « favorablement » accueillie, si l'on en croit la presse officielle. Mais l'on ne peut occulter de nombreuses réactions d'hostilité. En Tunisie, les forces d'opposition s'organisent prévoyant de manifester, dès aujourd'hui, devant l'ambassade de Turquie à Tunis. Les manifestants entendent protester non seulement contre la visite d'Erdogan mais surtout d'apporter un soutien sans réserve aux manifestants turcs et de condamner leur répression. Au Maroc, essentiellement, on parle d'un accueil mitigé du Chef de gouvernement turc de la part des Marocains, en mettant l'accent sur le rendez-vous manqué d'Erdogan avec le roi Mohamed VI. La presse marocaine rapporte l'annulation de l'entrevue prévue entre le Roi et le Premier ministre turc. Une annulation qui aurait « crispé » M. Erdogan, surtout que ses homologues espagnol et français avaient eu le privilège de rencontrer le Roi. Paradoxalement, le premier ministre turc suscite une animosité certaine alors que son pays est présenté comme un modèle où la coexistence de la politique et de la religion semblent faire bon ménage. Le gouvernement turc fait face, depuis plusieurs jours, à un vaste mouvement de révolte, sans doute le plus radical depuis l'accession au pouvoir de l'AKP. La situation en Turquie est dénoncée par l'Europe même qui juge l'intervention disproportionnée des forces de l'ordre et on va même jusqu'à évoquer la naissance d'un « printemps turc ». En outre, les maghrébins ne cachent nullement leur solidarité avec le peuple turc, qui s'insurge contre une politique qui tend à consacrer la dictature islamiste et qui exerce une véritable attirance sur les dirigeants islamistes au Maghreb.