Quelle signification et quelle interprétation peut-on donner à la publication par le groupe parlementaire d'Ennahdha de deux documents en ce mardi 8 octobre, quelques jours seulement après le démarrage du dialogue national initié par le quartet. Il s'agit en l'occurrence d'une pétition signée par 113 députés (dépassant la majorité absolue) et qui énonce l'attachement des signataires au maintien de l'ANC et à la conservation de toutes ses prérogatives et attributions. Dans la même pétition, l'on réitère l'attachement des élus à l'Organisation provisoire des pouvoirs publics (OPPP) en tant que loi fondamentale conférant la légitimité de chaque pouvoir. L'on y relève que « nul ne pourrait y porter atteinte » Qu'y comprendre, sinon une manœuvre qui expose clairement la volonté d'Ennahdha et de ses alliés, CPR, Wafa, Al Mahabah…de tourner casaque et de s'inscrire contre l'esprit même de l'initiative du quartet. Celui d'entreprendre une médiation pour amener les récalcitrants à signer et à se mettre à la table des négociations. Il était en fait entendu que devra être révisée l'OPP afin de délimiter la tâche de l'ANC aux seuls travaux constitutionnels et de l'organisation des prochaines élections. Par ailleurs, le second document signé et déposé par 12 députés des mêmes partis concerne un projet de loi relatif au référendum qui prévoit la possibilité pour l'ANC de soumettre tout problème à référendum populaire. Outre le fait que l'organisation d'un tel référendum reviendrait à l'ANC au cas où l'ISIE ne viendrait pas à être installée, les résultats du référendum ne pourraient faire l'objet d'aucune plainte, ni attaqués devant aucune juridiction, selon le projet de loi. Qu'est-ce à dire ? Tout simplement qu'il y un dessein évident de vouloir modifier l'OPPP et les attributions de l'ISIE. Ce qui peut sembler contradictoire, puisque les mêmes signataires ont fait circuler une autre pétition rejetant l'amendement de l'OPP. N'est-ce pas là, à n'en point douter, une manière de saborder le dialogue national que par ailleurs Ennahdha dit soutenir de toutes ses forces pour l'intérêt supérieur du pays ? Après que l'opposition a été amenée à renoncer à l'une de leurs exigences de dissolution de l'ANC, voilà les députés montant au créneau pour insister sur la suprématie de cette dernière et de chercher à « mouiller » le peuple dans des différends entre partis politiques. C'est en fin de compte une tentative de semer le doute, c'est également pour Ennahdha et ses alliés une recherche désespérée pour s'arroger les pleins pouvoirs grâce à une majorité aussi courte soit-elle. Une autre manière non déclarée de faire avorter le dialogue national.